Un premier pas pour prévenir l'envasement du lac de Champex
Ralentir l’envasement du lac de Champex en déviant le bisse qui l’alimente. Ce pourrait être un premier pas de la commune d’Orsières pour répondre à ce problème. Sur le long terme, elle envisage d’évacuer les sédiments via une conduite. Différentes solutions sont actuellement à l’étude.

Alors qu’il comptait 15 mètres de profondeur il y a 15'000 ans, le lac de Champex ne compterait aujourd’hui plus que 5 mètres à son point le plus bas.
Contourner le marais
Le problème n’est pas nouveau : la situation préoccupe la commune d’Orsières depuis de nombreuses années.
Selon son président Joachim Rausis, le lac s’est ensablé d’un centimètre tous les 100 ans depuis sa création. Mais cela s’est accéléré avec la construction d’un bisse, qui déverse ses eaux dans le lac, en traversant un marais.
Ce bisse charrie au passage une quantité considérable de vase, de limon et de terres acides. Résultat : 20 centimètres se sont accumulés sur le fond du lac ces 100 dernières années. «Il a fallut étudier pendant une année les régimes hydriques du marais. La question scientifique à laquelle il fallait répondre était "si on dévie le bisse et contourne le marais, est-ce qu'on nuit à ce marais d'importance nationale ?"», explique Joachim Rausis.
«L'eau du bisse alimenterait toujours le lac, mais ne traverserait plus le marais.» Joachim Rausis, président d'Orsières
«Aujourd'hui nous avons la réponse, suite à une étude réalisée par un bureau d'hydrogéologie : dévier le bisse ne nuira pas au marais. Ce qui nous permet d'étudier maintenant concrètement la déviation du bisse», se réjouit Joachim Rausis. «L'eau du bisse alimenterait toujours le lac, mais qui ne traverserait plus le marais. On supprimerait ainsi le lessivage du marais, et donc les alluvions qui arriveraient dans le lac.»
Ôter les sédiments via une conduite
L’autre problématique concerne le désenvasement proprement dit du lac. La dernière opération d’envergure date de 1987 : cette année, 25'000 mètres cubes de sédiments avaient été retirés du lac par l’armée. «Aujourd'hui, d'après les expertises, il faudrait pouvoir enlever 100'000 mètres cubes pour gagner en moyenne un mètre de profondeur», avance Joachim Rausis. «Pour bien comprendre, 100'000 mètres cubes, cela représente 10'000 camions de 10 mètres cubes. Impossible d'imposer une telle charge de véhicules à travers Champex.»
«Nous travaillons à l'élaboration d'une conduite qui permettrait d'aspirer les boues du lac.» Joachim Rausis, président d'Orsières
«Nous travaillons à l'élaboration d'une conduite qui permettrait d'aspirer les boues du lac, et côté Orsières une conduite pour évacuer les matériaux dans la rivière, avec bien sûr l'accord de tous les services cantonaux concernés, et cela sur une période de plusieurs années.»
«L'eau du lac est d'une qualité exceptionnelle, mais son envasement a provoqué la prolifération d'algues.» Joachim Rausis, président d'Orsières
Pour évacuer ces boues, deux possibilité sont envisagées par la commune d'Orsières : utiliser l’Oléoduc du Rhône, qui transportait du pétrole brut d’Italie jusqu’à Collombey-Muraz, ou alors construire une conduite spéciale. Ici, la commune a un projet de dérivation des eaux potables du Val d’Arpette, côté Orsières. Dans ce cas, un tuyau pourrait servir à évacuer les boues du lac, sur plusieurs années.
Le dossier peine à avancer
Si des solutions se dessinent, le dossier peine à avancer, tant les partenaires impliqués sont nombreux. «Le lac a à la fois un aspect touristique, environnemental, et sert aussi de base pour le réseau d'irrigation. Enfin, le lac produit de l'électricité. Donc déjà rien qu'à ce niveau-là, il y a toute une série de partenaires», rappelle Joachim Rausis.
«Au final, cela fait beaucoup de monde autour de la table. On essaie d'avancer au mieux avec ce projet ambitieux.» Joachim Rausis, président d'Orsières
«Vous rajoutez les services cantonaux, les associations environnementales avec lesquelles on veut travailler. Au final, cela fait beaucoup de monde autour de la table. Comment est-ce qu'on gère un projet aussi ambitieux ? On pose des objectifs et on essaie d'avancer au mieux dans cette histoire du lac de Champex.»
«Le lac de Champex n'est pas en train de mourir. On n'en est pas là.» Joachim Rausis, président d'Orsières
Finalement, Joachim Rausis le rappelle : le lac de Champex n'est pas en train de mourir. «Il ne faut pas croire que si on ne fait rien, il n'y aura plus de lac dans cinq ans. On n'en est vraiment pas là. Nous voulons trouver une solution sur le long terme, il est donc normal de prendre le temps nécessaire pour le faire.»
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