Vincent Sierro: «Si on en est là, c’est qu’on le mérite»
Remis d’une déchirure musculaire qui l’a tenu éloigné des terrains durant deux bons mois, Vincent Sierro a connu sa première titularisation depuis début décembre samedi face à Vaduz. Une rencontre qu’il a même terminé avec le brassard de capitaine des Young Boys. Place désormais à un huitième de finale d’Europa League face à l’Ajax. Interview.

Vincent Sierro, comment est-ce que l’on se sent à quelques heures de défier l’Ajax Amsterdam en huitième de finale d’Europa League?
Enthousiaste. On se réjouit de ce match, d’affronter cette grande équipe. On va là-bas pour faire une grande prestation et ramener un bon résultat en vue du match retour.
Au vu de l’expérience européenne des deux clubs, on peut dire de votre équipe qu’elle sera l’outsider de cette confrontation?
Bien évidemment. Au vu de ce qu’il a produit ces dernières années, l’Ajax sera favori. C’est une équipe qui a beaucoup de qualités et qui a un bon mix entre jeunes talentueux et joueurs expérimentés. Maintenant, si on en est là, c’est aussi qu’on le mérite et on va tout faire pour le prouver.
«Face à Leverkusen, c’était déjà un petit exploit et maintenant, toute l’équipe est motivée à poursuivre l’aventure encore un peu…»
Vous avez, aussi, l’expérience du tour précédent face à Leverkusen. Vous n’étiez pas non plus favoris et pourtant, vous avez gagné les deux matches. De quoi placer YB sur la carte du football européen…
C’est vrai. On avait déjà fait une bonne campagne l’an dernier. On avait pris la porte de justesse lors de la dernière journée de la phase de poules, dans un groupe très compliqué (ndlr: avec Porto, les Rangers et Feyenoord). Cette saison, l’objectif était clairement de se hisser en seizièmes et, ensuite, d’aller le plus loin possible. Face à Leverkusen, c’était déjà un petit exploit et maintenant, toute l’équipe est motivée à poursuivre l’aventure encore un peu…
Quel statut est le plus facile à porter, celui de grandissime favori en Suisse ou celui d’outsider en Europe?
Ah c’est totalement différent! Là, on va devoir tout augmenter d’un cran au minimum si l’on veut avoir une chance contre l’Ajax. Il faudra être fort tactiquement, techniquement et surtout, au niveau de l’intensité. Cela va aller très vite. Mentalement, il faudra être prêt à ne pas avoir le ballon ou, en tout cas, à l’avoir moins qu’en championnat.
Justement, la clé pour YB face à un adversaire réputé pour son football offensif, ce sera d’être très solide défensivement?
Exactement. On connaît leur jeu, ils vont extrêmement vite vers l’avant, ils trouvent systématiquement les intervalles donc il faudra vraiment que l’on soit très compact. La solidarité défensive et même, la solidarité de toute l’équipe sera déterminante si l’on entend se qualifier.
Pour ce match aller, en tout cas, vous serez privés de votre gardien David von Ballmoos, victime d’une commotion ce week-end…
C’est un coup dur, je ne vous le cache pas. C’est un élément important de l’équipe, il fait vraiment une bonne saison et il nous apporte justement cette stabilité défensive. Son absence me fait surtout mal pour lui car il se réjouissait vraiment d’y être. Mais bon, on a un 2ème gardien (ndlr : Guillaume Faivre) qui a aussi beaucoup d’expérience et en qui on a une totale confiance.
«L’accueil que l’on a eu à notre retour de Leverkusen, le sourire des supporters et du staff, tout cela nous a fait prendre conscience de ce que l’on avait réalisé.»
C’est la première fois que Young Boys dispute un huitième de finale européen. Vous avez conscience d’être en train d’écrire l’histoire de ce club?
Disons qu’on l’a remarqué après notre qualification contre Leverkusen. L’accueil que l’on a eu à notre retour à Berne, le sourire des supporters et du staff, tout cela nous a fait prendre conscience de ce que l’on avait réalisé. On va vraiment tout faire pour continuer à écrire cette belle histoire.
Vous parlez des supporters, ça doit justement être le seul point noir de votre aventure: réaliser un tel parcours dans des stades vides…
Bien évidemment. Aller jouer dans un stade plein à Amsterdam aurait été quelque chose d’encore plus inoubliable. Mais la situation est telle qu’elle est et je peux vous assurer que je préfère mille fois jouer l’Ajax devant des tribunes vides que de ne pas pouvoir disputer cette compétition.
La belle épopée que réalise votre équipe fait d’autant plus plaisir que vous êtes l’unique représentant helvétique sur la scène européenne cette saison…
C’est clair. C’est positif pour nous et pour tout le football suisse. C’est une belle récompense pour tout le travail que l’on accomplit ici, que soit les joueurs ou le staff et c’est aussi une belle reconnaissance pour notre championnat de voir l’un de ses clubs gagner contre de grandes équipes.
«Rien que le fait d’être dans le groupe est déjà une sorte de victoire après avoir vécu des moments difficiles ces derniers mois…»
À titre personnel, vous êtes revenu de blessure récemment. Pile au bon moment pour prendre part à ce rendez-vous avec l’Ajax…
Effectivement et c’est magnifique d’être là pour cette confrontation. Après, c’est quelque chose d’encore assez frais donc j’espère, bien sûr, pouvoir être sur le terrain mais je n’ai encore aucune idée quant à savoir si je serais sur le banc ou non au coup d’envoi. Mais rien que le fait d’être dans le groupe est déjà une sorte de victoire après avoir vécu des moments difficiles ces derniers mois…
Un retour «assez frais» vous le dites. Aujourd’hui, on peut dire que vous êtes à nouveau à 100%?
Je me sens bien en tout cas. J’étais entré en fin de match contre Leverkusen, j’ai ensuite pu jouer deux fois avec les M21 pour enchaîner les minutes et samedi, j’ai pu jouer tout le match face à Vaduz. Ce n’est qu’en enchaînant comme ça que je retrouverai complètement le rythme et que je me sentirai de mieux en mieux à l’avenir. Et puis vous savez, même durant ma blessure, je crois avoir bien travaillé. Pendant les Fêtes par exemple, je n’ai pas arrêté car je savais qu’il y avait ce rendez-vous de Leverkusen qui se profilait et qu’il pouvait y avoir une suite après. Je récolte aujourd’hui les fruits de tous ces efforts donc, forcément, ça fait du bien.
Travailleur acharné, Vincent Sierro l’est aussi bien sur terrains qu’en dehors. C’est en tous cas l’avis de Serge, son père et ancien conseiller d’Etat valaisan.
Ce week-end face à Vaduz, vous avez donc fêté votre première titularisation depuis début décembre. Avec, en prime, le brassard de capitaine dès la sortie sur blessure de votre gardien…
J’y vois encore une fois une belle récompense pour mon travail. Cela montre aussi le rôle qui doit être le mien. Les dirigeants attendent que je me comporte comme un leader. J’ai de plus en plus d’expérience donc je m’efforce de montrer l’exemple, que ce soit aussi bien sur le terrain que dans le vestiaire. Après bon, le brassard, je l’ai aussi eu car plusieurs cadres avaient été laissés au repos… Mais, évidemment, cela reste un honneur pour moi.
Pour terminer, on a évoqué ce changement de statut entre le côté «outsider» en Europe et le côté «grandissime favori» en Suisse. Sur la scène nationale justement, on ne voit pas ce qui peut vous empêcher de signer un nouveau doublé…
C’est clair qu’avec dix-neuf points d’avance, on est sur une très bonne lancée en championnat. Après, je me répète, on n’est pas là par hasard. On le doit à notre travail au quotidien et à la saine concurrence qu’il y a dans l’effectif. En ce qui concerne la Coupe, on sait que c’est particulier, que cela se joue sur un seul match donc on n’est sûr de rien. Comme vous le dites, on est les favoris mais chaque match commence à 0-0 et à 11 contre 11 et il faut montrer que l’on est les meilleurs.
Épanoui au sein d’une équipe bernoise qui n’en finit pas de gagner, Vincent Sierro n’en oublie pas le FC Sion. Son club formateur dont il suit avec attention les performances.