Vous êtes témoin d'un cas de travail au noir ? Le canton du Valais a besoin de vous
Le Valais lance une application "anti-fraude". Vous pouvez, de manière anonyme, signaler tout soupçon de travail au noir. Devoir citoyen ou appel à la délation ? On fait le point.
Vous, honnête citoyen, constatez la mise sur pied d'un chantier illégal en Valais. Ou alors, vous avez un soupçon concernant un possible travail au noir ? Ce qui suit pourrait vous intéresser. Sur le site officiel du canton, l'appel se veut clair et net :
"Aidez-nous à lutter contre les abus en matière de travail au noir (...) Vous pouvez nous aider à limiter les abus en signalant ce type d’agissements. Il suffit d'un soupçon valable concernant une action délictueuse ou d'autres irrégularités. Vous n'avez pas besoin de preuves."
La marche à suivre est simple, elle est indiquée ICI.
Anonymat garanti !
Signaler les abus, ce n'est pas nouveau, une hotline existe déjà en Valais. Mais avec cette nouvelle plateforme, vous aurez la possibilité de tenir une conversation avec le Service de protection des travailleurs et des relations du travail. Vous pourrez également joindre des adresses, des photos, etc.
"L'anonymat est garanti", explique Sébastien Fanti, préposé cantonal à la protection des données et à la transparence. "Cette application est une nouvelle façon de protéger les lanceurs d'alerte de manière efficace."
"Cette application n'a pas pour but d'attirer tous les colériques de la Terre (...) Elle est destinée aux personnes qui seront vertueuses" Sébastien Fanti, préposé valaisan à la protection des données et à la transparence
Sébastien Fanti précise : "Cette application n'a pas pour but d'attirer tous les colériques de la Terre ! Elle donne une nouvelle possibilité d'agir à des personnes qui sont peut-être dans une situation inconfortable. Des personnes qui constatent une irrégularité dans une entreprise, qui veulent le signaler sans apparaitre officiellement. Cette plateforme est destinée aux personnes qui seront vertueuses dont le but est d'aider les partenaires sociaux à faire cesser ce travail au noir." Ci-dessous, l'interview de Sébastien Fanti :
Et les dénonciations calomnieuses ?
A priori le procédé est louable : qui remettrait en cause la démarche du citoyen honnête qui aide la société ? Mais reste un petiti problème : n'y aura-t-il pas également un risque d'abus ? On pense aux possibles dénonciations calomnieuses, des appels motivés par la jalousie entre voisins ou la concurrence entre entreprises. Après tout, tout est anonyme. "Il ne s'agit pas de dénonciations, il est question de signalements", nuance Mathias Reynard, le ministre valaisan en charge des affaires sociales.
"Nous voulons simplement être plus efficaces dans ces contrôles, pour le bien des employés et pour le bien des entreprises qui respectent les règles" Mathias Reynard, conseiller d'Etat
Dénonciation / Signalement... Le conseiller d'Etat joue-t-il sur les mots ? "Au moment où un signalement est fait, aucune procédure n'est ouverte, précise-t-il. Le signalement fait mention d'une situation pas claire, uniquement. On s'y rend, on vérifie."
L’Inspection valaisanne de l’emploi mène chaque année environ 800 contrôles. Au final, une centaine de cas font l'objet d'une dénonciation à la justice pénale.
On rappellera enfin que si le Valais met le paquet concernant la traque du travail au noir, c'est que le jeu en vaut la chandelle. Selon les données du canton, plus d’1,5 milliards de chiffre d’affaires échapperaient chaque année en Valais aux impôts et aux assurances sociales.