Il y a 40 ans, 10'000 Valaisans manifestaient pour le tunnel du Rawyl
Le 19 septembre 1981, la population valaisanne vient apporter son soutien au projet de route nationale entre Sion et Berne. Un projet qui ne verra finalement pas le jour.
« Le Rawyl renforce l’unité nationale ». C’est l’un des slogans qui résonnent ce 19 septembre 1981 à Sierre. 10'000 Valaisans se sont rassemblés dans la Cité du Soleil en soutien au projet de tunnel routier du Rawyl. Le projet naît en 1960, lorsqu’un arrêté fédéral prévoit la construction d’une route nationale entre le Sion et Berne. Quelques années plus tard, le Conseil fédéral approuve un projet de tunnel entre les gorges de la Lienne et la région bernoise du Simmental.
Cependant, en 1978, des fissures sont découvertes sur le mur du barrage de Tseuzier. Elles auraient été causées par le percement d’une galerie de sondage du Rawyl, quelques centaines de mètres en aval. Ces dégâts conjugués à l’opposition de la population bernoise, qui craignait une augmentation de la pollution et la concurrence des stations de ski valaisannes, coulent le projet, qui sera définitivement enterré en 1986 par le Conseil national.
Une dernière tentative
En 1981, le conseiller national Pierre de Chastonay est le président de l’association Pro Rawyl, qui avait pour but d’informer la population sur les bénéfices du tunnel pour le Valais. Le jour de la manifestation, il prend la parole sur la plaine Bellevue devant les milliers de participants. « Nous avons voulu tenter un dernier essai de reconquérir la bonne volonté de la population. Nous étions surpris par le nombre de personnes présentes. Le comité a fait un excellent travail pour amener du monde. La manifestation était importante, parce qu’il fallait que le Valais montre publiquement son intérêt à la réalisation de cet ouvrage », raconte Pierre de Chastonay.
L’ancien président de la Ville de Sierre ajoute que le tunnel du Rawyl, s’il avait vu le jour, jouerait aujourd’hui encore un rôle essentiel en complément du tunnel ferroviaire du Lötschberg, qui transportait déjà les véhicules par le rail à travers les Alpes bernoises.
Des avantages pour le Valais…même aujourd’hui
Bernard Bornet est en 1981 le conseiller d’Etat valaisan en charge du département des travaux publics. Il partage cet avis de Pierre de Chastonay. Pour lui, le tunnel du Rawyl n’aurait pas été en contradiction avec la volonté ultérieure de faire passer le transport de la route au rail. « À cette époque, ce concept n’était pas aussi élaboré. Le tunnel du Lötschberg existait déjà mais ne répondait pas aux attentes. Il faut se souvenir des bouchons qu’on pouvait observer à Goppenstein. Et cette liaison n’était pas à l’avantage des habitants du Valais central. Mais depuis la construction du tunnel de base, la donne a changé. D’ailleurs, l’abandon du Rawyl a été un argument fort pour défendre le tunnel de base du Lötschberg. Il reste maintenant à équiper le deuxième tube pour desservir efficacement le Valais romand », explique Bernard Bornet.
L’ancien conseiller d’Etat rappelle que tunnel du Rawyl aurait permis de désenclaver plus rapidement le Valais, puisque l’autoroute n’avait pas encore été construite. L’ouverture finale du tronçon Aigle-Sion n’a lieu qu’en 1991, alors que le tronçon Sion-Sierre est achevé en 1996.