Distribution contrôlée de cannabis: Vaud encadrera les communes
Le Canton de Vaud encadrera les communes souhaitant, à l'instar de Lausanne, participer à des tests de vente régulée de cannabis récréatif. Après d'ultimes et vives discussions, c'est toutefois un Grand Conseil divisé qui a approuvé mardi en deuxième débat le projet de décret du gouvernement prévu jusqu'en 2031.

Le Conseil d'Etat répondait à une motion socialiste demandant que le Canton participe à ce type de tests ainsi qu'à la consultation de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) sur le projet "Cann-L" de la Ville de Lausanne. Son projet a passé la rampe par 69 oui, surtout à gauche de l'hémicycle, mais aussi avec quelques voix très éparses à droite (PLR et Vert'libéraux), contre 52 non, dont le bloc UDC complet.
L'élu Guy Gaudard (PLR) s'est, une nouvelle fois, fait le porte-voix de ceux qui ont refusé le projet. Il s'est dit "fâché et choqué" que le plénum puisse accepter un tel projet d'encadrement. "C'est une mise en danger de notre jeunesse (...) C'est quoi la prochaine étape? La distribution contrôlée de cocaïne?", a-t-il dit.
La députée vert'libérale Graziella Schaller s'est aussi dite inquiète. Le message ainsi délivré auprès des jeunes est "grave et catastrophique". Elle a plaidé pour plus de prévention et d'information.
L'UDC défend une ligne dure
A gauche, plusieurs parlementaires ont rappelé que la vente régulée de cannabis s'adressait uniquement aux adultes et à ceux qui consommaient déjà du cannabis. D'autres ont souligné qu'"encadrer la distribution contrôlée ne veut pas dire promouvoir" le cannabis.
Du côté de l'UDC, c'est le mot "répression" qui était sur presque toutes les lèvres. "Il faut arrêter les dealers et expulser ceux qui viennent de l'étranger", a notamment dit Romain Belotti. "Le cannabis est une drogue qui fait de gros ravages", a insisté pour sa part Yvan Pahud.
A gauche, on a, au contraire, insisté pour dire que la "pénalisation était un échec" et que "la répression ne fonctionnait pas". "Cela n'empêche ni le marché noir, ni le deal, ni la consommation", a relevé la socialiste Jessica Jaccoud.
"Accumuler des connaissances scientifiques"
Face à des discussions "dérapant" vers le pour ou contre le projet-pilote de Lausanne voire le pour ou contre le cannabis, c'est même la députée et présidente du PLR Vaud Florence Bettschart-Narbel qui a tenu à recadrer le débat. "Le vrai sujet, c'est comment mettre en oeuvre l'encadrement de la distribution contrôlée de cannabis" par le Canton auprès des communes intéressées, a-t-elle rappelé.
La ministre de la santé Rebecca Ruiz a, elle, aussi rebondi. "Avec ces tests de vente régulée, il s'agit d'accumuler des connaissances scientifiques pour mieux comprendre les consommateurs de cannabis. C'est un projet clairement orienté vers la protection de la santé", a-t-elle affirmé.
Pour rappel, l'Etat de Vaud se dit ouvert au principe d'une expérimentation, mais ne compte pas lui-même organiser un essai-pilote. Il souhaite plutôt intervenir en tant qu'autorité de contrôle et de surveillance en collaboration avec les autorités fédérales, dès lors que plusieurs essais pourraient être organisés par des communes dans le canton.
Les regards étaient surtout tournés vers Lausanne, où l'essai de vente régulée de cannabis "récréatif" entre dans une phase concrète. Un point de vente doit en effet ouvrir d'ici la fin de l'année au centre-ville. Quelque 200 personnes se sont déjà inscrites pour participer au projet baptisé Cann-L.