Quentin Maceiras: «Je ne pensais pas être encore à YB ce printemps»
Après un début de saison très délicat dans les rangs des Young Boys, Quentin Maceiras est sur la bonne voie. Si son temps de jeu reste restreint, il a au moins retrouvé une place dans le contingent de la 1ère équipe. Samedi, il défiera au Wankdorf (18h00) le FC Sion, son club formateur.

Il y a environ deux mois et demi, juste avant Noël, Quentin Maceiras était encore dans le flou. Le latéral valaisan sortait d'une première partie de saison très compliquée avec les Young Boys. Blessé en début de préparation, rayé du contingent de la première équipe, il sortait d’un 1er tour marqué par deux petites apparitions en Coupe de Suisse et cinq avec la réserve bernoise en Promotion League. À l’époque, il reconnaissait sur Rhône FM que son avenir était incertain. Finalement resté dans la capitale, il retrouvera samedi (18h00) le FC Sion au Wankdorf. Interview.
Quentin Maceiras, comment allez-vous aujourd’hui?
Mieux que lors de notre dernière interview. Ma blessure appartient désormais au passé. J’ai pu faire toute la préparation, enchaîner lors des matches amicaux et j’ai joué trois fois en Super League. Il s’est passé beaucoup de choses ces derniers mois mais aujourd’hui, ça va vraiment mieux.
Il s’est passé beaucoup de choses vous le dites. Ce choix de rester à Berne, il était évident?
Bon, c’est clair que la priorité d’un footballeur est toujours d’avoir un maximum de temps de jeu. Donc non, je n’étais pas sûr de rester. J’ai eu des opportunités mais ça ne s’est pas fait. Au final, après la préparation, j’ai dit que je me sentais bien et le club m’a fait savoir qu’il comptait à nouveau sur moi pour ce 2ème tour.
«Si un projet intéressant s’était présenté à moi, les dirigeants ne m’auraient pas mis de bâtons dans les roues.» Quentin Maceiras
Sans trahir de secret, quel a été le discours des dirigeants et de l’entraîneur lorsque vous les avez rencontrés?
Ils ont commencé par me dire que mon attitude avait été très bonne ces derniers mois. Si un projet intéressant s’était présenté à moi, ils ne m’auraient pas mis de bâtons dans les roues. Ils savent très bien que je suis un compétiteur, que je ne suis pas content lorsque je ne joue pas donc ils étaient prêts à me laisser partir si je le souhaitais. Ma bonne préparation couplée à la blessure de Kevin Rüegg (ndlr: qui évolue au même poste) ont finalement fait que je suis toujours là.
Mais le compétiteur que vous êtes ne peut pas se satisfaire de trois apparitions en sept matches dont une seule titularisation ce printemps…
C’est clair. Surtout après avoir pu beaucoup jouer la saison dernière (ndlr: 34 matches toutes compétitions confondues). À l’époque, j’avais pu enchaîner, il y avait en plus les matches de Coupe d’Europe à jouer, tout était réuni. Mais dans le football, rien n’est figé. Il faut rester positif, regarder vers l’avant et tout peut aller très vite.
Vous avez la sensation de payer encore aujourd’hui votre blessure survenue au début de la préparation estivale, au moment où Raphaël Wicky reprenait l’équipe?
Disons qu’elle ne m’a pas aidé. Après, une blessure arrive toujours au mauvais moment. Mais comme je l’ai dit, les choses peuvent changer très vite dans ce milieu. Je ne pensais déjà pas être toujours là ce printemps. Aujourd’hui, tout ce qui m’importe, c’est de prendre des minutes de jeu et de tout donner pour qu’on finisse champions.
«Faisons tout pour être champions le plus vite possible et on se focalisera sur la Coupe ensuite.» Quentin Maceiras
Avec treize points d’avance en championnat et une place en demi-finale de la Coupe, YB semble même lancé vers un doublé…
Ouf (il rigole)… Évidemment que c’est notre objectif mais on sort quand même de trois matches nuls de suite en championnat, ce n’est pas top. En Coupe, on doit encore éliminer Bâle avant de penser à une potentielle finale. Si on veut réaliser ce doublé, il faut déjà qu’on concentre nos efforts sur la Super League. Faisons tout pour être champions le plus vite possible et on se focalisera sur la Coupe ensuite.
Affronter Bâle au Parc Saint-Jacques, c’était le pire tirage possible en demi-finale?
Pas forcément puisque Servette est mieux classé que Bâle en Super League. Et puis bon, si tu veux aller au bout en Coupe, tu n’as de toute façon pas le choix: il faut battre tout le monde.
Vous avez évoqué ces trois nuls de suite en championnat. Au vu de votre confortable avance au classement, existe-t-il une forme de relâchement au sein du vestiaire bernois?
Non, je ne pense pas. Le contenu de ce qu’on produit actuellement est simplement moins bon qu’au premier tour. C’est une histoire de détails, de finition, de petites choses. Nous avons bien analysé nos dernières performances, on en a parlé et je crois qu’on est prêts pour enclencher une nouvelle série positive.
Avec ce prochain rendez-vous samedi face au FC Sion. Trois ans après votre passage du Valais à Berne, ça reste un match spécial pour vous?
Bien sûr et ce sera le cas tout au long de ma carrière. J’ai toujours des amis qui évoluent dans ce club. Mais à partir du coup d’envoi, on oublie ça et on se donne à fond.
«Quand ça ne va pas comme c’est le cas à Sion, c’est souvent le coach qui paie mais ce n’est pas quelque chose de facile à vivre pour les joueurs non plus.» Quentin Maceiras
Quel regard est-ce que vous portez sur la situation du FC Sion qui est à nouveau en crise et qui a encore changé d’entraîneur?
C’est quelque chose que je connais. Je n’ai pas le chiffre exact mais je pense avoir eu dix entraîneurs en quatre ans avec la première équipe (ndlr: il a connu douze changements d’entraîneur, intérims compris). Quand ça ne va pas, c’est souvent le coach qui paie mais ce n’est pas quelque chose de facile à vivre pour les joueurs non plus. Tu crées des automatismes avec un entraîneur et lorsqu’il y a un changement, tu repars à chaque fois de zéro. Après, c’est clair que ça peut être bénéfique pour certains. Ça permet à ceux qui ne jouent pas régulièrement de se montrer et de bousculer la hiérarchie en place.
Vous avez échangé avec certains de vos anciens coéquipiers ces derniers jours?
J’ai eu Kevin Fickentscher au téléphone oui. Nous sommes toujours restés très proches et nous ne parlons pas que de football ensemble. Évidemment qu’il me dit que la situation n’est pas facile à vivre actuellement. Jouer le bas du classement te pèse mentalement, tu as l’avenir de tout un club qui repose sur tes épaules. Mais Kevin me l’a aussi affirmé: il est convaincu qu’ils finiront par se sauver.
Pour y parvenir, le FC Sion a fait appel à David Bettoni, un entraîneur méconnu en Suisse. Ça change quelque chose pour YB au niveau de la préparation de ce match?
Disons que ça a forcément un impact sur notre analyse de leur jeu. On ne sait pas avec quelle composition ils vont se présenter face à nous. Après, comme on le dit toujours, il faut qu’on se concentre sur nous-mêmes. On a les qualités pour s’adapter en cours de match, peu importe qu’ils alignent une défense à 3, à 4 ou à 5, qu’ils jouent haut ou qu’ils jouent bas. Ces dernières années, Sion a joué de plusieurs manières avec différents entraîneurs et on a toujours su nous adapter.
«J’espère cette fois ne pas être le chat noir de Young Boys et que la série face à Sion se poursuive.» Quentin Maceiras
Ce qui nous ramène à cette statistique qu’on vous répétait déjà lorsque vous portiez le maillot du FC Sion. La dernière victoire valaisanne à Berne en championnat remonte à août 1996…
C’est vrai que je l’ai entendue à chaque fois qu’on venait jouer au Wankdorf. Je me rappelle d’ailleurs qu’une fois, on menait 2-0 à la pause. Je m’étais alors dit «cette fois, c’est la bonne». Résultat: on a perdu 3-2. J’espère cette fois ne pas être le chat noir dans le camp bernois et que cette série se poursuive.
Une série forcément plus facile à vivre avec un maillot jaune et noir sur les épaules…
Vous savez, je ne suis même pas sûr que tous mes coéquipiers sont au courant de ça. Moi, je le sais car je suis Valaisan mais si vous en parlez à des joueurs qui viennent de l’étranger, je ne suis vraiment pas convaincu qu’ils savent que nous n’avons plus perdu contre Sion à Berne depuis près de 26 ans.
Si Quentin Maceiras est finalement rester à Berne après avoir envisagé un départ pour obtenir davantage de temps de jeu, le défenseur valaisan a perdu son camarade le plus proche au sein du vestiaire de la capitale. Son pote Vincent Sierro, aux côtés duquel il a été formé et a joué en première équipe à Sion avant de le retrouver à Berne, s’est en effet engagé à Toulouse cet hiver.