Premières Neiges (1/10): Eva Battolla nage dans la Pow et rêve de Freeride World Tour
Un épais manteau blanc a recouvert les sommets. Les flocons agacent parfois les usagers de la route mais ils font surtout rêver petits et grands. C’est le cas des athlètes valaisans à qui nous consacrons notre série « Premières Neiges ». Épisode 1 avec Eva Battolla.

On inaugure ce mercredi matin notre série « Premières Neiges », consacrée au rapport que différents athlètes entretiennent avec l’or blanc. Des souvenirs aux inquiétudes climatiques, en passant par les préférences des uns et des autres, voilà les thèmes de cette séquence hivernale qui nous occupera pendant ces deux prochaines semaines. En guise d’amuse-bouche, Patrice Morisod a livré toute sa science de la neige. Les prochains épisodes seront consacrés à des sportives et des sportifs de différents horizons. Eva Battolla est la première de la liste.
Retour en enfance
« J’ai de nouveau cinq ans quand je vois la neige tomber », raconte Eva Battolla, tout en se plongeant dans ses souvenirs. Née dans le canton de Vaud, cette amoureuse du ski s’épanouit depuis longtemps en Valais où elle habite et où sa passion pour la neige et la montagne s’est vraiment développée. « Mes parents ont toujours skié à Verbier. On y allait quand on était gamin pour les week-ends et les vacances. Je me suis installée là au fur et à mesure. »
« Lors de ma première grosse chute, je devais avoir neuf ans. J’ai tenté un backflip. » Eva Battolla
Poussée par son frère, la sportive a rapidement pris goût à la liberté et aux sensations fortes que lui procuraient les sports de glisse. Un souvenir marquant ? « Ma première chute, répond-elle. Je devais avoir neuf ans. Mon frère a construit un saut et m’a encouragée à faire un backflip. Selon lui, je n’avais pas assez poussé en arrière au moment d’exécuter la figure. Il m’avait alors traitée d’imbécile (rires). C’est la première grosse chute de laquelle je me souviens bien. »
Peuf et Pow
Si les chutes sont courantes dans les sports de neige, les termes pour nommer l’or blanc sont aussi très variés. Dans le freeride, il y a par exemple tout un jargon pour évoquer les différentes conditions d’enneigement. « Il y a le carton, la peuf, la Pow, énumère-t-elle. La Pow correspond à cette neige légère fraîchement tombée. On a l’impression de faire de la plongée sous-marine. » Pour les non-initiés, certaines expressions demandent une explication. Eva Battolla reprend. « Le gros sel ou le sucre par exemple c’est quand il y a des flocons très gelés. Le carton correspond à une qualité de neige souvent balayée par le vent. Il y a une couche dure qui se forme sur le dessus. Et parfois les skis passent dessous. Ce sont des conditions compliquées mais qui ont leur charme. »
« J’adore quand le fond est bien fait et qu’il y a 30 à 40cm de poudreuse par-dessus. On peut sauter gros et atterrir sur un coussin. » Eva Battolla
Comme toutes les rideuses, Eva Battolla est extrêmement attentive aux conditions dans lesquelles elle pratique son sport, avec une préférence. « J’adore quand le fond est bien fait et qu’il y a 30 à 40cm de poudreuse par-dessus. On peut sauter gros et atterrir sur un coussin. Evidemment on doit faire attention aux risques d’avalanche mais ce sont pour moi les meilleures conditions. »
Inquiétudes pour l’avenir
Quand on parle de neige, impossible de passer à côté du thème chaud – et c’est le cas de le dire – le réchauffement climatique. Situation logique et paradoxale, les athlètes profitent énormément des sommets enneigés mais ils sont également très sensibles au sujet de la cause écologique.
« On devra peut-être revoir la manière de pratiquer notre sport, voire changer d’endroit pour le faire. » Eva Battolla
« Ça me fait un peu peur, concède Eva Battolla. Je me dis que si un jour j’ai des enfants, ils pourraient ne jamais connaître ça. On devra peut-être revoir la manière de pratiquer notre sport, voire changer d’endroit pour le faire. C’est quelque-chose qui m’interpelle, pas seulement pour la neige mais pour la situation globale. Je pourrais en parler pendant des heures. »
En ce début d’hiver la neige est au rendez-vous, de quoi éloigner momentanément le coup de cafard de la freerideuse. Celle qui pratique aussi le VTT de descente en compétition, espère poursuivre sa route dans les deux disciplines. Cet hiver, Eva Battolla sera engagée sur les épreuves du « Qualifier », avec l’espoir d’atteindre un jour le Freeride World Tour.
Celle qui a remporté plusieurs épreuves sur les circuits annexes du FWT espère un jour accéder au cercle fermé de l’élite pour disputer l’épreuve phare sur le Bec des Rosses.