Les médailles dans le viseur d'Alexis Bayard et Lucas Malcotti aux Européens d'escrime à Bâle
Quelques mois après être montés ensemble sur le podium en Coupe du Monde à Berne, Alexis Bayard et Lucas Malcotti s'attaquent à un nouveau rendez-vous d'envergure à domicile. Les deux Valaisans abordent les Européens de Bâle avec ambition.

Les championnats d'Europe d'escrime font à nouveau halte en Suisse cette année. Après Montreux en 2015, c'est au tour de Bâle d'accueillir la compétition durant toute la semaine. Après la médaille de bronze décrochée par Angeline Favre mardi, deux autres Valaisans s'apprêtent à entrer en lice. Lucas Malcotti et Alexis Bayard seront engagés jeudi en individuel avant de participer à l'épreuve par équipes samedi à la halle Saint-Jacques.
Aucune pression supplémentaire
"Vivre un tel événement à domicile nous donne l'occasion de partager ça avec les amis et la famille. Cela renforce la motivation d'aller chercher un résultat", affirme Alexis Bayard, lequel refuse de parler de pression supplémentaire de concourir à la maison. "Je partage entièrement son avis", enchaîne Lucas Malcotti. "À titre personnel, les compétitions en Suisse m'ont plutôt réussi dans le passé."
Retour en arrière. Il y a un peu plus de sept mois. Début novembre à Berne où Lucas Malcotti décroche la toute première victoire de sa carrière en Coupe du Monde. Il s'impose en finale devant…Alexis Bayard. "Un moment totalement inattendu. Tout est allé très vite entre la demi-finale et la finale. Je n'ai pas eu le temps de réaliser ce que nous étions en train de vivre. Deux membres du club de Sion face à face pour un succès en Coupe du Monde, c'est quand même quelque chose de fort. Je m'en suis rendu compte après coup." Pour le vaincu, la déception d'avoir été battu par son coéquipier appartient au passé. Désormais, il ne reste que la fierté d'avoir offert ce moment historique à l'escrime suisse, au Valais et au club qui leur a permis d'en arriver au plus haut niveau. "Je signe immédiatement pour que l'on reproduise un tel exploit cette semaine à Bâle!"
Après la désillusion…la surprise
Après la joie de ce podium partagé à Berne, Alexis Bayard et Lucas Malcotti ont connu ensemble l'immense désillusion de la qualification olympique manquée fin mars en Géorgie. Tout juste rentré de Tbilissi, le premier nommé nous avait fait part de son amertume. Mais alors qu'il commençait tout juste à digérer cet échec, Alexis Bayard a soudain appris qu'il avait été repêché et qu'il pourrait bien s'aligner dans deux mois à Paris.
S'il va donc pouvoir prolonger sa saison au-delà de cette semaine de championnats d'Europe à Bâle, Alexis Bayard assure que la perspective de disputer les JO ne change en rien son approche du rendez-vous rhénan. "La seule chose qui est différente est que je ne me dis plus que j'ai envie de performer pour ma dernière compétition de la saison. Je me dis désormais que j'ai envie de performer pour avoir de bonnes indications sur mon niveau avant les Jeux. Je vous garantis que je vais y aller à fond."
Lucas Malcotti partage la même faim de résultat que son coéquipier. Il espère clore sur une note positive une saison qui l'a fait passer par toutes les émotions. "Je n'ai jamais présenté un niveau aussi élevé que cette année", estime-t-il. "Jamais je n'avais eu un tel feeling, des sensations aussi bonnes en compétition que ces derniers mois. Ma victoire en Coupe du Monde ainsi que celle obtenue en Coupe d'Europe des clubs en sont la preuve. Je pense également avoir été le leader de l'équipe de Suisse dans sa quête d'une qualification olympique. Malheureusement, le fait de l'avoir manquée pour si peu amène une grosse dose d'amertume."
Une médaille pour la der' de Max Heinzer?
Une amertume que le Saviésan compte chasser en frappant un nouveau joli coup à domicile lors de ces Européens. Il ne cache pas se présenter à Bâle avec des objectifs élevés en tête.
Les rêves de médaille de Lucas Malcotti sont évidemment partagés par Alexis Bayard. Pour l'épéiste de Grimisuat, les chances de podium sont un brin plus grandes collectivement qu'individuellement. "Je ne vais pas pour autant me focaliser davantage sur l'équipe que sur l'individuel. Simplement, je sais que la concurrence est telle lors des épreuves en solo que le résultat est parfois un peu plus aléatoire", relève le médaillé de bronze des Européens d'Antalya en 2022. "Avec l'équipe de Suisse, nous sommes un groupe vraiment fort. Nous faisons davantage figure de favoris tous ensemble que chacun séparément." Conscient que l'escrime suisse va au-devant de la fin d'une époque avec la retraite programmée de Max Heinzer, le Valaisan refuse de trop y penser avant d'entrer en lice. "À part à nous faire perdre de l'énergie, cela ne servirait à rien. Tout le monde sait ce que Max représente pour notre sport, mais nous devons faire comme si c'était une compétition normale. Nous aurons le temps de faire le bilan et de le remercier pour tout ce qu'il nous a apporté une fois ces Européens finis, autour d'une bière."
Max Heinzer nouveau président de Swiss Fencing : "Il connaît la réalité du terrain et pourra faire avancer les choses"
Figure emblématique de l'escrime suisse et parmi les meilleurs épéistes du Monde depuis une quinzaine d'années, Max Heinzer mettra un terme à sa carrière à l'issue des championnats d'Europe à Bâle. Le Lucernois de 36 ans, 19 médailles (Mondiaux et Européens compris) au compteur, restera toutefois très actif dans le milieu. Il a récemment été nommé à la présidence de Swiss Fencing, la fédération nationale avec laquelle les athlètes ont entretenu une relation conflictuelle ces dernières années. "Les remous portaient essentiellement sur des questions financières", rappelle Alexis Bayard qui précise que "la situation s'est améliorée, les dirigeants ayant décidé de rectifier le tir." Le Valaisan se réjouit toutefois des futures nouvelles fonctions de son coéquipier. "Il est très proche du terrain. Il connaît notre réalité et notre problématique. En tant qu'athlète, il a toujours su trouver les bons sponsors. Il pourra faire avancer les choses et trouver les solutions nécessaires." Le mandat de Max Heinzer à la tête de Swiss Fencing débutera à l'issue des Jeux Olympiques de Paris.