Iman Beney, cinq mois après sa grave blessure: "Je ne brûlerai aucune étape"
Cinq mois après la grave blessure qui l'a privée d'une participation à la Coupe du Monde, Iman Beney poursuit sa convalescence. La jeune Valaisanne fait partie des nominés au titre d'espoir de l'année lors de la cérémonie des Sports Awards prévue dimanche.

Cinq mois plus tard, elle n'a rien oublié mais elle ne pense désormais qu'à aller de l'avant. Tourner la page de ce terrible coup du sort et prendre sa revanche sur le destin. Début juillet dernier, Iman Beney était passée par toutes les émotions en l'espace de quelques heures. Le lundi, elle apprenait qu'elle allait devenir la première Valaisanne à disputer une phase finale de Coupe du Monde avec l'équipe de Suisse. Le mardi, son rêve prenait fin. Victime d'une grave blessure au genou lors d'un entraînement, elle était contrainte de renoncer au voyage en Nouvelle-Zélande.
Pas le temps de prendre conscience de sa sélection
"Je n'ai même pas eu le temps de réaliser que j'allais participer au Mondial que je m'en suis retrouvée privée", soupire-t-elle. "J'ai passé la nuit suivant mon accident à pleurer et à me poser tout un tas de question. Heureusement, j'ai immédiatement été très bien entourée. Une fois l'opération passée, je me suis dit qu'une nouvelle aventure commençait pour moi. Il fallait aller de l'avant. Les derniers retours des médecins sont positifs, c'est encourageant pour la suite."
Plutôt que de s'envoler pour l'autre bout du bout, la jeune Valaisanne a donc dû passer par la phase de l'acceptation: "Le plus dur a été de comprendre que je ne jouerai pas de toute la saison." Aussi douloureuse soit-elle, cette expérience a au moins permis à Iman Beney d'en apprendre un peu plus sur elle-même. "J'ai compris qu'il fallait que je me mette à écouter mon corps. Rien ne sert de tirer sur la corde lorsque tu es fatiguée. Je me suis souvent demandée pourquoi cette blessure était survenue? Pourquoi je n'ai pas laissé sortir ce ballon plutôt que de subir ce choc? Je ne trouverai certainement jamais la réponse à ces interrogations."
Très vite intégrée au sein de l'équipe
Très mature du haut de ses 17 ans, la Saviésanne insiste sur l'importance de regarder vers l'avant plutôt que de resasser le passé. Indépendamment de la déception d'avoir été privée de cette Coupe du Monde, elle veut surtout retenir le mois de rassemblement qui a précédé.
Durant l'automne, c'est depuis son canapé qu'Iman Beney a donc suivi les prestations décevantes de l'équipe nationale qui ont fini par coûter sa place à la sélectionneuse Inka Grings. "J'ai été touchée de voir la Suisse peiner à ce point à obtenir des résultats. La qualité est indéniable dans ce groupe. Plusieurs joueuses évoluent dans des grands clubs. Il faut que l'on reparte sur de bonnes bases." Même à distance, la Valaisanne assure s'être toujours sentie partie intégrante de la Nati. "Mes coéquipières et de nombreuses personnes du staff continuent de m'écrire et de prendre de mes nouvelles. Ça fait du bien au moral."

Depuis deux mois, le quotidien de la jeune footballeuse a peu à peu recommencé à se remplir. "Jusqu'en octobre, je ne pouvais rien faire jusqu'à 17h00 et ma séance de physio. Depuis, j'ai pu reprendre mes études et mon apprentissage au sein du club à YB." Le programme hebdomadaire de la Saviésanne se décline donc à nouveau en partie dans la capitale fédérale. "Je reste en Valais le lundi et le mardi pour être suivie par Nicolas Mathieu (ndlr: physio de l'équipe de Suisse masculine). Du mardi soir au samedi, je retourne à Berne où j'ai récemment pu reprendre à petites doses l'entraînement sur le terrain de manière individuelle. J'ai ressenti la même émotion en retouchant mon premier ballon que si j'avais marqué un but ou été convoquée pour le Mondial. Aucune crainte n'habitait mon esprit à ce moment-là. La peur ne fait pas partie de mon vocabulaire de base."
Une année de reconstruction
Si elle se contente pour l'heure de quelques passes et de travailler avec le physiothérapeute du club, Iman Beney espère rapidement pouvoir reprendre les entraînements sous la conduite du préparateur physique. Elle assure toutefois ne pas se projeter sur un éventuel retour à la compétition durant le printemps. "Je préfère revenir après l'été en ayant fait toute la préparation avec l'équipe et en étant prête à apporter le meilleur de moi-même. Je suis prête à prendre une année complète pour me reconstruire entièrement. Je serais évidemment ravie si l'on me donnait le feu vert pour recommencer avant mais si je suis certaine d'une chose, c'est que je ne brûlerai aucune étape."
Ce dimanche, la Valaisanne sera en lice lors de la cérémonie des Sports Awards récompensant les meilleurs athlètes du pays. Elle sera en concurrence avec le patineur zurichois Naoki Rossi et la skieuse appenzelloise Stefanie Grob pour le titre d'espoir de l'année. "Faire partie des trois nominés est une grande fierté. Je ne m'y attendais absolument pas étant donné que je suis un peu "hors circuit" depuis quelques mois. Voir qu'on pense encore à moi malgré tout est très gratifiant." Si elle affirme n'avoir personnellement jamais eu de modèle, Iman Beney sait qu'à son échelle, elle a un rôle d'ambassadrice à jouer pour le football féminin en Valais. "Cela ne pèse aucunement sur mes épaules. J'apprends peu à peu à vivre avec ma notoriété naissante. Être reconnue par certaines personnes dans la rue et faire des photos avec les plus jeunes me fait plaisir." Lorsqu'on lui demande ce qui la fait aujourd'hui rêver, la jeune joueuse offensive sourit: "Mon rêve immédiat est de me remettre pleinement de ma blessure afin d'être prête pour l'Euro 2025. Vivre un tel événement en Suisse serait vraiment spécial."