Opposante bélarusse en visite en Pologne
Tikhanovskaïa compare la situation à celle du mouvement Solidarnosc
Svetlana Tikhanovskaïa a espéré mercredi que le chemin du Bélarus vers la démocratie sera "beaucoup plus court" qu'il ne l'a été pour la Pologne sous domination soviétique. La figure de proue de l'opposition bélarusse était en visite à Varsovie.
Mme Tikhanovskaïa a comparé les manifestations dans son pays à celles organisées par le syndicat polonais Solidarité, qui avait contribué à renverser le communisme en 1989. "Ce fut un long chemin pour Solidarité, mais j'espère que pour nous ce sera beaucoup plus court", a-t-elle déclaré aux étudiants de l'université de Varsovie.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, l'opposante a averti que le Bélarus se trouvait au "seuil d'un abîme économique".
Le gouvernement polonais a lancé mercredi un programme de soutien aux entreprises de technologie bélarusses souhaitant s'installer en Pologne, tandis que Mme Morawiecki a offert à Mme Tikhanovskaïa les clés d'un bâtiment à Varsovie destiné à l'opposition biélorusse.
Mme Tikhanovskaïa s'est également entretenue avec l'actuel dirigeant de Solidarité, Piotr Duda, qui s'est rendu à Minsk cette semaine pour rencontrer des syndicalistes bélarusses et qui a assuré mercredi que le syndicat était aux côtés "de tous ceux qui luttent pour un Bélarus libre et démocratique et pour des élections libres".
La Pologne a célébré la semaine dernière le 40e anniversaire de l'accord historique ayant donné une reconnaissance officielle à Solidarité, premier syndicat indépendant du bloc soviétique et qui a précipité la chute du communisme 10 ans plus tard. L'opposante bélarusse s'est également entretenue avec ses compatriotes en Pologne.
Mme Tikhanovskaïa a fui le Bélarus vers la Lituanie voisine après l'élection présidentielle contestée du 9 août, lors de laquelle elle s'est présentée contre le président Alexandre Loukachenko.
Depuis le scrutin, des manifestations massives sans précédent se tiennent régulièrement au Bélarus pour réclamer le départ du président, au pouvoir depuis 26 ans.
Le voyage en Pologne est son premier déplacement depuis sa fuite.
S'exprimant après que des hommes masqués ont arrêté mercredi à Minsk Maxime Znak, une des dernières figures de l'opposition à ne pas avoir été arrêtée ou exilée, elle a déclaré que la situation dans son pays était "terrifiante".
Le juriste de 39 ans est un des sept membres de la direction du Conseil de coordination, formé pour obtenir une transition de pouvoir au Bélarus et négocier le départ du président Alexandre Loukachenko.
Le mari de Mme Tikhanovskaïa, Sergueï, a également été emprisonné avant les élections, poussant la novice politique de 37 ans à déclarer sa candidature. "Je ne suis devenue une dirigeante que pour mon mari", a-t-elle déclaré dans son discours à l'université de Varsovie, dans lequel elle a souligné le rôle de premier plan joué par les femmes dans le mouvement de protestation au Bélarus.
Le Bélarus "n'a jamais vu une telle implication des femmes à tous les niveaux", a-t-elle déclaré. "Les femmes ont réalisé que notre rôle dans la vie est bien plus important que ce que nous pensions auparavant."