Détruire une destination à cause du nombre de touristes? Possible, même en Valais.
Tuer totalement une destination parce qu'il y a trop de monde: ce sont les risques du surtourisme. Une situation que pourrait vivre certaines régions, spécifiquement dans les Alpes. Le risque guette également le Valais.

Des chercheurs pointent du doigt le risque en Suisse de basculer dans une forme de surtourisme. Une thèse à l'institut de hautes études à Glion défend cette idée. Le tourisme en régions isolées dans les Alpes pourrait d'ailleurs être particulièrement touché. D'autant que des situations qui font penser à un trop-plein ont déjà été vécues, notamment durant cet été où les visiteurs locaux et les transports individuels ont été privilégiés: des fils de voitures garées au bord de la route, des parkings bondés, des touristes qui affluent de manière surprenante sur des sites jusque-là modestement fréquentés.
Rejet des habitants ou gestion des déchets compliquées
Ce sont des cas de figure qui peuvent s'apparenter à une phase de "pré-surtourisme" selon Francesco Screti. Il est chercheur à l'université de Fribourg et a accompagné cette thèse sur la notion de surtourisme dans les Alpes suisses. "En général, une destination entre en surtourisme lorsqu'il y a une réponse négative de la population face aux visiteuses et visiteurs, explique-t-il, lorsque l'on commence à vouloir réduire les flux touristiques ou encore quand on voit que la gestion des déchets devient compliquée."
Au vu pourtant de l'évolution de l'affluence touristique au niveau global, difficile pour Nicolas Délétroz de l'Observatoire valaisan du tourisme, de parler de surtourisme. " Si on se fie aux chiffres du tourisme international, nous ne sommes pas encore dans cette situation, explique le professeur à la HES-SO Valais-Wallis. Historiquement, bien sûr, l'Europe est le continent à recevoir le plus de visiteuses et visiteurs, mais cette prédominance tend à se réduire. A voir également ce qui se passera après cette période de pandémie. Dans tous les cas, les flux augmentent surtout dans les pays émergents, moins chez nous."
Face à une situation de surtourisme, difficile de faire marche arrière
Pas de surtourisme pour demain, donc. Pourtant le chercheur Francesco Screti met en garde: "Souvent on ne voit pas que l'on est dans une situation critique avant de l'être totalement." Et lorsque les dégâts sont trop importants, revenir en arrière est extrêmement difficile. "Nous savons qu'en Suisse, une situation de surtourisme a déjà été déclarée. Je fais référence à cette auberge en Appenzell (NDLR: qui avait fait l'objet d'un article dans le National Geographic) qui a dû fermer ses portes parce qu'elle n'arrivait plus à gérer l'affluence, illustre Francesco Screti. L'idée c'est que même en Suisse, même dans des lieux de montagne, même dans des lieux relativement isolés, il peut y avoir des situations problématique. Il faut donc que tous les acteurs du tourisme en soit conscients."