Certificat Covid et pièce d'identité : deux coups durs pour les salons de prostitution valaisans
La fréquentation des salons de prostitution est en chute libre. Après les fermetures imposées l'an passé, les bars à hôtesses doivent désormais contrôler le certificat Covid et les pièces d'identité des clients. De quoi mettre à mal le leitmotiv de ces lieux : la discrétion.

Le milieu valaisan de la prostitution peine à sortir de la crise du coronavirus. Déjà impactés au début de la pandémie par plusieurs fermetures imposées et par des restrictions d'horaires, les bars à hôtesses s'efforcent à retrouver leur clientèle. A Martigny, le Lux enregistre une baisse de fréquentation de 30 à 40%, selon son gérant : "La prostitution est un divertissement, cela passe donc dans les dépenses secondaires pour les clients". Le Lux dispose en outre d'un service d'escortes, notamment dans les stations de ski comme Verbier. "On est presque les seuls à proposer ce type de service. Financièrement, cela nous rapporte peu mais c'est un service qu'on offre à nos filles", indique encore le gérant du Lux à Martigny.
"La fréquentation du Pink lady a chuté de 60-70%."
Pierre Jacquod, gérant du bar à hôtesses "Pink lady", Vétroz
Autre établissement contacté : le "Pink lady" à Vétroz. Le salon de prostitution a enregistré une baisse de fréquentation de l'ordre de 60 à 70%, indique Pierre Jacquod, gérant du "Pink lady". L'établissement vétrozain a même décidé de fermer deux jours par semaine pour limiter les pertes financières : une première en 40 ans d'activité.
Parmi les raisons évoquées pour expliquer cette baisse de fréquentation : l'instauration du certificat Covid et la présentation d'une pièce d'identité avec le pass sanitaire. "La base de notre travail est la discrétion. Certains clients ne veulent pas se faire tracer", indique Manuela, travailleuse du sexe au "Pink lady" de Vétroz. Seul secteur de la prostitution à tirer son épingle du jeu : les filles qui exercent hors des salons érotiques. " Les salons de prostitution avec un bar à contacts sont soumis aux mêmes règles que la restauration et l'obligation du certificat Covid. Les filles qui exercent seules dans un studio sont assimilées davantage à une onglerie ou une esthéticienne qui travaille chez elle", précise Johanne Guex, responsable du programme de Promotion Santé Valais "BellaDonna" – organisme qui vient en aide aux travailleuses du sexe.
"La base de notre travail est la discrétion. Certains clients ne veulent pas se faire tracer."
Manuela, travailleuse du sexe au "Pink lady", Vétroz
La situation valaisanne n'est pas un cas isolé. En contact avec d'autres prostituées, Manuela du "Pink lady" de Vétroz constate les mêmes difficultés ailleurs en Europe : "En Espagne, certaines filles ont travaillé toute une semaine sans même arriver à payer leur chambre. Elles préfèrent donc regagner leur pays d'origine."
La précarité augmente
Si les salons de prostitution ont donc tous connu une chute de fréquentation, ce n'est pas le cas de BellaDonna. L'organisme de Promotion Santé Valais a vu sa permanence téléphonique exploser pendant le Covid. " De nombreuses filles se sont retrouvées sans logement et sans nourriture", indique Johanne Guex. BellaDonna a distribué pendant plus d'une année des paniers alimentaires pour aider les prostituées impactées par une perte de revenus. " Plusieurs travailleuses se sont endettées pendant le Covid. Le renouvellement de leur permis de séjour est rendu plus compliqué en raison de leur endettement ou de leur recours à l'aide sociale", précise Johanne Guex.
Le coronavirus a également changé les habitudes des consommateurs de sexe. Ils sont nombreux à vouloir des prestations plus rapides et moins protégées. "Les habitués des lieux de prostitution passent moins de temps à boire des verres avant de partir avec une fille. Ils veulent davantage consommer uniquement du sexe", constate Johanne Guex, qui craint une hausse des prises de risque en matière de maladies sexuellement transmissibles.
47 salons érotiques (10 dans le Haut-Valais, 24 dans le Valais central et 13 dans le Bas-Valais) sont exploités en Valais, selon les chiffres de la Police cantonale. Les forces de l'ordre qui précisent qu'en moyenne chaque salon est contrôlé une fois par mois. Ces inspections sont ponctuées de deux à trois contrôles d'envergure supplémentaires par année. Précisons encore que depuis janvier 2020, 47 travailleurs/travailleuses du sexe ont été dénoncés pour une infraction contre la législation cantonale, notamment en lien avec l'article 6 sur la prostitution, qui stipule que pour exercer la prostitution dans le canton du Valais, il faut s'être préalablement annoncé à la Police cantonale pour être enregistré dans le fichier y relatif.
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