En Valais, un seul homme purge une peine de prison à vie
Pourra-t-il sortir un jour de prison ? Le cas du sadique de Romont, condamné à la prison à vie il y a plus de 30 ans, est réexaminé chaque année en Valais. Le débat sur la "perpétuité réelle" est toujours d'actualité en Suisse.
C'est une question qui secoue la société suisse depuis de nombreuses années et qui revient fréquemment : peut-on libérer un prisonnier condamné à la prison à vie ? Dans le canton de Vaud, la justice s'apprête à examiner le cas de François Légeret, reconnu coupable en 2005 d'un double meurtre à Vevey. Il pourrait être libéré prochainement.
Tout condamné à vie est libérable au bout de 15 ans
En Suisse, la prison à vie, ça existe. Le code pénal le dit clairement. Mais dans les faits, une personne condamnée à perpétuité verra son dossier réexaminé au bout de 15 ans. C’est automatique. "Une peine incompressible à vie est contraire à la Convention européenne des droits de l'homme", précise Christian Roten, juge et doyen au Tribunal de l’application des peines et mesures du canton du Valais (TAPEM)". Pour être clair, si la perpétuité existe en Suisse, "elle est édulcorée par la possibilité d'obtenir la libération conditionnelle après 15 ans. Le juge peut l'imposer au condamné même si celui-ci ne veut pas sortir de prison", poursuit Christian Roten.
Le cas emblématique du tueur en série Michel Peiry
En Valais, un seul homme purge actuellement une peine de réclusion à perpétuité. Il s'agit de Michel Peiry, le sadique de Romont. Condamné en 1989 par le Tribunal de Sembrancher, coupable d'avoir enlevé et tué deux enfants sur le territoire cantonal (au total, dix meurtres lui sont attribués, commis dans de nombreux pays, dont les Etas-Unis, la France, l'Europe de l'Est). Comme le veut la loi, le cas Michel Peiry est analysé chaque année depuis près de 15 ans. Analysé pour savoir s'il est en mesure de sortir de prison. Et jusqu’à présent, son état n’a jamais permis une quelconque libération.
"Cette personne présente des éléments de dangerosité certains" Olivier Derivaz, président de la commission de dangerosité
Michel Peiry a aujourd’hui 62 ans, il est en prison depuis plus de trente ans. Et malgré les années, malgré l’âge, l'état du sadique de Romont ne s'améliore pas. "Cette personne présente des éléments de dangerosité certains", nous explique Olivier Derivaz, président de la commission valaisanne pour l’examen de la dangerosité (cf. encadré), qui poursuit : "Jusqu'à présent, aucune décision de libération n'a été ordonnée. On peut penser qu'il est probable qu'il n'y en aura jamais". Ci-dessous, écoutez notre reportage :
Mais au fait, comment savoir si une personne est en mesure de sortir, si elle ne représente pas un danger pour la société ? C’est à ce moment précis qu’intervient la commission valaisanne pour l’examen de la dangerosité. Elle est composée de spécialistes du monde judiciaire et du monde psychiatrique. Cette commission intervient chaque fois qu'il s'agit de donner des allégements dans l'exécution d'une peine. Il donne un préavis au juge, qui en définitif, est seul responsable de la décision à rendre. L’avocat Olivier Derivaz est le président de la commission : "Nous traitons une quarantaine de dossiers par année en Valais. Il s'agit de condamnés qui présentent un caractère de dangerosité". Est considérée comme dangereuse, toute personne ayant commis l'un des crimes prévus par le code pénal à l'article 64. Assassinat, meurtre, viol, brigandage, prise d'otages, incendie… Autant d'infractions qui, de facto, placent l'auteur dans la catégorie des personnes dangereuses.