Sierre-Zinal et ses héros (1/5): Wyatt et Pichtrova, dépossédés de leur record

Durant tout l’été, Rhône FM vous propose une série hebdomadaire dédiée au sport. Cette semaine, focus sur les performances notables de la course Sierre-Zinal.
Notre série hebdomadaire nous emmène dans le Val d’Anniviers, théâtre de la course Sierre-Zinal. Avec comme décor ces cinq sommets de plus 4000 mètres, elle est devenue incontournable. Outre le magnifique panorama, certaines performances réalisées sur le tracé ont également participé au mythe. Comme celles de Jonathan Wyatt en 2003 et Anna Pichtrova en 2008, détenteurs des records masculin et féminin jusqu’à l’an dernier.
Sierre-Zinal. 31 km, 2200 mètres de montée, 1100 de descente. La course des cinq 4000 s’est construite au fil des ans pour devenir aujourd’hui mythique. Philippe Theytaz, 75 ans, était bénévole lors de la première édition en 1974. Il se rappelle: «A l’époque, il y avait relativement peu voire pas de course de montagne, en tout cas pas dans la région. Et tout à coup arrive le projet de Sierre-Zinal, qui représentait des caractéristiques de course à pied qu’on n’avait jamais vues auparavant.» Pour l’Anniviard, qui faisait partie de l’élite romande de l’athlétisme en ce temps-là, «l’organisation de cette course représentait vraiment quelque chose d’extraordinaire. D’autant que les fédérations d’athlétisme valaisanne et suisse ne voyaient pas cela d’un très bon œil».
Un cavalier seul sous un soleil de plomb
Philippe Theytaz a ensuite participé à une trentaine d’éditions de Sierre-Zinal. Il était notamment présent sur le parcours en 2003, lorsque le Néo-Zélandais Jonathan Wyatt signait l’une des plus grandes performances de l’histoire de la course. Philippe Theytaz «Wyatt était champion du monde des courses de montagne, mais avait également de performances remarquable sur piste», décrit Philippe Theytaz. «Un coureur avec de telles compétences et qui dans le même temps a le pied montagnard, donc qui gère bien l’altitude et le terrain sinueux et varié de Sierre-Zinal, c’était admirable. Je pensais qu’il allait faire un temps exceptionnel.»
«L’année précédente, Wyatt avait gagné, mais la course s’était arrêtée à Chandolin en raison de la neige. Donc en 2003, il arrivait avec la volonté de battre le record.»
Philippe Theytaz a le nez, car Wyatt relie Sierre à Zinal en 2h29 et 12 secondes, record du parcours. Même la chaleur de plomb de cette journée ensoleillée du 10 août 2003 n’a pas freiné le Néo-Zélandais. «Il a fait cavalier seul pratiquement du début à la fin. L’année précédente, il avait gagné, mais la course s’était arrêtée à Chandolin en raison de la neige. Donc en 2003, il arrivait avec la volonté de battre le record. C’était quelque chose d’important pour lui.» Il y parvient et son record tiendra 17 ans.
L’Anniviard Philippe Theytaz, aujourd’hui âgé de 75 ans, a participé à une trentaine d’éditions de Sierre-Zinal
Autre édition, autre catégorie, mais toujours la course de cinq 4000. En 2008, la Tchèque Anna Pichtrova participe à son 3e Sierre-Zinal. Avec déjà deux victoires et un record – établi l’année précédente – en poche, elle se présente comme la grande favorite. Et bat sa propre marque en 2h54 et 26 secondes. Une performance sportive bluffante pour Philippe Theytaz. «Dès sa première participation, sans connaître le parcours, elle gagne. C’est impressionnant. Elle court quatre fois Sierre-Zinal pour quatre victoires.»
Pichtrova et la cause des femmes
Au-delà de l’aspect sportif, l’ancien athlète est convaincu que la Tchèque a également joué un rôle important dans la reconnaissance des femmes dans le milieu de la course de montagne. «Au début, elles ne participaient pas. Et dans ce sens-là, Sierre-Zinal a ouvert des portes. Elle a incité les femmes à prendre part à ces compétitions, malgré le fait qu’elles n’étaient pas très bien vues sur certaines classiques comme le marathon de Boston ou Morat-Fribourg.»
Sierre-Zinal et les performances d’Anna Pichtrova qui participent à l’écriture de la grande histoire de la course de montagne, dixit Philippe Theytaz. A n’en pas douter, et même s’ils ne sont aujourd’hui plus détenteurs des meilleurs temps du tracé, la Tchèque et Jonathan Wyatt ont marqué celle de la course des Cinq 4000.