Nouvelle loi sur la chasse : le canton s'inquiète de l'abandon des alpages et de ses conséquences
Nouvelle loi sur la chasse: l'Etat du Valais est pour et veut le faire savoir. Il a convié ce vendredi devant la presse plusieurs éleveurs de moutons. Des hommes qui ont témoigné de la difficulté d'exercer leur métier en raison des attaques du loup. Résultat: abandon des alpages.
L'Etat du Valais est pour la nouvelle loi sur la chasse et veut le faire savoir. Ce vendredi matin devant la presse Christophe Darbellay, chef du Département de l'économie et de la formation l'affirme: l’agriculture de montagne est menacée en Valais.
Depuis 20 ans, le Valais n’a cessé de s’organiser pour protéger les troupeaux des attaques du loup. Les éleveurs ont pris de nombreuses mesures, dans des conditions souvent difficiles, d'après le canton. "On peut être inquiet sur l'avenir de l'agriculture de montagne et du pastoralisme, quand on voit ce qui est en train de se passer", souligne Christophe Darbellay. Sur les cent-cinquante alpages que compte le Valais, trente ont été abandonnés ces dernières années. "C'est un réel enjeu en termes de biodiversité, de tourisme et de paysage, qui dépasse aussi la question économique. On ne peut pas se passer de cette discussion-là." Pour Christophe Darbellay, le peuple valaisan doit se demander s'il peut tolérer cet abandon massif des alpages, qui affecte aussi la biodiversité. "Est-ce qu'on veut sacrifier notre faune, notre flore, au profit d'une seule espèce: le loup ?"
"C'est l'avenir du pastoralisme, de l'élevage, qui se joue aujourd'hui." Christophe Darbellay
Aujourd’hui, l’augmentation du nombre de loups engendre une pression toujours plus difficile à supporter pour les paysans. Sans possibilité de pouvoir réguler le grand prédateur, l’avenir du pastoralisme et de l’agriculture de montagne est remis en question en Valais.
Trois éleveurs ont témoigné ce vendredi des difficultés qu'ils rencontrent sur le terrain en raison des attaques du loup. Pour Olivier Sarrasin, éleveur de moutons à Orsières, "les mesures de protection arrivent à saturation, le loup se sent "hyperprotégé": il n'a plus le comportement d'un animal sauvage". Selon lui, ne pas réguler le loup revient à mépriser les éleveurs. "La santé des éleveurs est en jeu. Certains vivent beaucoup d'angoisse et d'anxiété. Les attaques de loups ont des conséquences. Est-ce qu'on doit vraiment travailler jour et nuit pour protéger nos troupeaux ?"
"Nos alpages sont un terrain de jeu pour le loup." Olivier Sarrasin, éleveur à Orsières
Egalement présent ce vendredi, Daniel Lattion est éleveur à Liddes. Après un été difficile, il a décidé d'abandonner l'élevage de moutons. "La vie de moutonnier n'est plus quelque chose de vivable pour nous en tout cas. Les difficultés liées à la protection sont trop grandes." L'été qu'il vient de vivre sur l'alpage et les bêtes qu'il a perdues suite aux attaques du loup ont motivé sa décision. "Quand on voit que le loup peut faire ce qu'il veut sur les alpages, c'est intolérable. Il doit absolument être régulé pour que tout le monde puisse vivre en harmonie dans la montagne."
"Je ne comprends pas qu'on déifie un animal, que je respecte, mais qui n'est pas plus protégeable qu'un autre." Daniel Lattion, éleveur à Liddes
La possibilité de réguler la population de loups en Valais est aujourd’hui nécessaire, selon le canton et les éleveurs. L’Etat du Valais soutient la révision de la loi sur la chasse, qui sera soumise en votation populaire le 27 septembre 2020.