Légende du FC Sion (3/5): "Ouh ah, Ouattara"
Dans la deuxième partie des années (1990), le FC Sion rafle trois coupes de Suisse (1995-1996-1997) et un titre de champion (1997). Parmi les joueurs emblématiques de cette faste époque, un attaquant ressort largement du lot: l'ivoirien Ahmed Ouattara.

5 juin 1995. Finale de la coupe de Suisse entre le FC Sion et GC. Comme lors de leurs six finales précédentes, les Valaisans sortent vainqueurs sur un score sans appel: 4-2. Une rencontre marquée du sceau d’un homme: Ahmed Ouattara. Il inscrit deux buts (5e et 84e) et provoque un pénalty transformé par Roberto Assis (40e). L’attaquant ivoirien entre alors dans la légende du FC Sion imbattable en finale de coupe, comme avant lui Pierrot Georgy, Alain Balet, David Orlando ou Alexandre Rey.
«Le FC Sion était un club chaleureux et qui me voulait vraiment, donc un endroit idéal pour faire mes débuts en tant que professionnel.»
Mais rembobinons. Janvier 1995. Ahmed Ouattara débarque à Tourbillon, en provenance de l’Africa Sports d’Abidjan. «A cette époque, j’avais des contacts avec YB, Le Havre et le FC Toulouse», se souvient l’homme aujourd’hui âgé de 50 ans. «Mais j’ai préféré venir à Sion. C’était un club chaleureux et qui me voulait vraiment, donc un endroit idéal pour faire mes débuts en tant que professionnel.»
Ahmed Ouattara a porté le maillot sédunois à 59 reprises
Et si le FC Sion désirait recruter Ahmed Ouattara, c’était notamment car Charly Rosseli l’avait chaudement recommandé à Christian Constantin. Alors entraineur de l’ASEC Mimosa, le Valaisan l’a affronté à plusieurs reprises. «Il m’a approché car il voulait tenter sa chance en Europe. Je lui ai dit que je n’étais pas agent, mais que je pouvais bien lui donner un coup de main», explique Charly Rosseli.
Une arrivée sous la neige
Une fois de retour en Valais, il en parle au président. «Christian l’avait déjà remarqué durant la CAN 94 en Tunisie, où la Côte d’Ivoire termine 3e.» Ahmed Ouattara, qui n’est pas encore un titulaire indiscutable avec les Eléphants, avait notamment scoré lors de la petite finale.
Le transfert se fait et Charly Rosseli accueille l’international ivoirien à l’aéroport de Genève. «Ce jour-là, il y avait un mètre de neige», se souvient le technicien. «C’était la première fois que j’en voyais!», renchérit Ouattara.
«En arrivant à Sion, mon but était de vivre une finale de coupe et d’être l’homme du match pour entrer dans le cœur des Valaisans.»
Ce dernier s’acclimate rapidement au Valais, malgré les températures hivernales. «En arrivant dans ce club, les gens me parlaient de la finale de 1991, d’Alexandre Rey et de David Orlando, de la grande fête qui a suivi. J’avais envie de vivre cela, d’être l’homme du match de la finale pour entrer dans le cœur des Valaisans.»
Un objectif clair pour lequel Ahmed Ouattara a dû faire un choix, celui du cœur : «J’étais appelé avec l’équipe nationale à la même période. Mais je voulais absolument joué cette finale. J’avais donc la pression, mais pas dû au match à proprement parlé, car en Afrique, j’avais l’habitude de jouer devant 50 ou 60'000 spectateurs. Non, là, ce qui était difficile, c'était de dire non à la patrie pour mon club de cœur, le FC Sion.»
Un retour pour un doublé en 1997
Bien lui en a pris car, selon ses désirs, il est devenu une légende en Valais. «Les supporters de tout âge en quête d’un autographe se succédaient à longueur de journée à son appartement», glisse Charly Roessli. Autre preuve de ce statut d’icône: son retour à Tourbillon en mars 2019. Le Gradin Nord lui a rendu un hommage marqué, scandant des «Ouh Ah Ouattara» durant de longues minutes.
Mais il serait faux de dire que la trace indélébile qu’Ahmed Ouattara a laissée dans la mémoire des fans sédunois n’est due qu’à cette finale 1995. Car s’il rejoint le Sporting club du Portugal quelques semaines après le sacre, l’Ivoirien revient à Tourbillon un an et demi plus tard, à l’hiver 97. Il est donc de la partie pour la saison du doublé coupe-championnat. «J’ai inscrit le but du titre contre Lausanne», rappelle-t-il sourire aux lèvres.
«Saviez-vous que je suis Valaisan ? Je suis d’Epinassey !»
Durant toute son idylle valaisanne, il a scoré à 29 reprises, en 59 apparitions. Mais Ahmed Ouattara a marqué le Vieux Pays au-delà des statistiques. Il est surtout question de sa bonhommie, son d’état d’esprit et de sa jovialité. Et l’ancien attaquant de conclure, en référence à sa famille d’accueil lorsqu’il est arrivé en Suisse: «Saviez-vous que je suis Valaisan ? Je suis d’Epinassey !»
Retrouvez ci-dessous, les deux premiers épisodes de notre série de la semaine:
Episode 1 : Otto Luttrop
Episode 2 : Gabriel Calderón