Il y a 50 ans, Ecône se séparait de Rome ; retour sur l'histoire du mouvement intégriste
Il y a cinquante ans, Ecône se séparait de l’Église catholique. Un schisme qui avait fait grand bruit. Retour sur l'histoire de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, étroitement liée au canton du Valais.

Il y a cinquante ans, Ecône quittait le giron de l'église de Rome. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, plus communément appelée en Valais Ecône, se voyait retirer le 6 mai 1975 sa reconnaissance canonique, acquise cinq ans plus tôt. Le mouvement intégriste n'a eu de cesse de provoquer Rome dans les années suivantes. L'ordination en 1976 de treize prêtres sans autorisation pontificale accentue encore les dissensions.
En 1988, le fondateur d'Ecône, Monseigneur Marcel Lefebvre, est excommunié avec quatre autres évêques qu'il vient de consacrer sans l'autorisation du pape Jean-Paul II. Il faudra attendre 2009 pour voir un premier geste d'apaisement de Rome envers la Fraternité. Le pape Benoît XVI lève les excommunications. Son successeur, François, ira même plus loin en autorisant en 2015 les prêtres du mouvement intégriste à confesser et en 2017 à marier les fidèles. En Suisse, deux évêchés autorisent désormais la pratique. Le diocèse de Sion n'en fait pas partie.
Le Concile Vatican II met le feu aux poudres
Dans les années 60, le mouvement lefebvriste refuse l'évolution de l’Église catholique issue des conclusions du Concile Vatican II. Un demi-siècle après le divorce avec Rome, la Fraternité regrette toujours la scission. "Quand on ne cherche qu'à faire le bien, selon les normes qui ont toujours existé dans l’Église et qui sont encore les normes de la foi, on se dit pourquoi", se questionne l'abbé Philippe Lovey, assistant du Supérieur du District Suisse.
L'homme d’Église n'est pas tendre avec les virages progressistes pris par Rome dans le deuxième concile œcuménique. "On juge les arbres par ses fruits", cite l’Évangile Philippe Lovey. "Le pape Jean XXIII parlait à l'époque d'un futur printemps de l’Église, je pense que le constat n'est pas au printemps", assène l'abbé. Et le prêtre valaisan de citer la baisse du nombre de baptisés, des jeunes pratiquants, la mort de nombreuses congrégations religieuses et plus globalement la fréquentation des églises. "Il y a un problème", souligne Philippe Lovey.
Les lefebvristes dénoncent aussi "l'entrée du monde dans l’Église". "Il y a des questions sociales, environnementales qui sont abordées, mais les questions fondamentales qui font l’Église, ne sont plus suffisamment abordées", constate Philippe Lovey. Il met en exergue aussi le manque de cohésion au sein de l’Église catholique. "Le monde ecclésial actuel est plus divisé qu'il n'a jamais été", estime l'abbé. Il cite comme divergences, la communion aux divorcés remariés, la question des couples homosexuels ou encore l'éventuelle ouverture d'un sacerdoce des femmes.
Qu'attendre du nouveau pape ?
Hasard du calendrier, l'anniversaire du schisme d'Ecône intervient la veille de l'entrée en conclave des cardinaux pour désigner le futur pape. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X assure ne demander qu'à être réintégrée à l’Église catholique. "On attend un acte de justice que de reconnaître qu'on n'a jamais rien fait d'autre que ce que fait l’Église", appuie Philippe Lovey. À la condition sine qua non que l’Église revienne sur les nouveautés du Concile Vatican II.
Cinquante ans après le schisme, la Fraternité souffre toujours de son image, celle du mouton noir de l’Église catholique. "Pour le public et beaucoup d'hommes d’Église, nous sommes des schismatiques", résume l'abbé. "Pour d'autres, qui voient le travail qu'on fait, nous sommes à la périphérie, pas en communion parfaite", ajoute-t-il. "Qu'on nous dise ce que nous ne faisons pas juste au point de vue de la foi", lance Philippe Lovey.
La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X est présente sur l'ensemble de la planète. En Valais, elle dispose de six lieux de culte et d'un séminaire. Elle se targue d'avoir près de 600 fidèles chaque dimanche à Ecône, essentiellement des jeunes et des familles.
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