Il est la star de la falaise de Chamoson : à la recherche du légendaire Hibou grand-duc
C'est le plus grand rapace nocturne du monde. Il n'a aucun prédateur naturel, en dehors de l'homme et de son activité. Une quinzaine de couple de Grands-ducs vivent en Valais, dont un dans la falaise du Haut-de-Cry à Chamoson. Rhône FM est allée sur place avec un spécialiste.
Il est la grande star de la falaise du Haut-de-Cry à Chamoson.
On parle ici du légendaire Hibou grand-duc. Sa particularité ? Il se distingue par sa grosse tête ornée de deux aigrettes rétractiles, ces touffes de plumes caractéristiques des hiboux, ses grands yeux orange et ses sourcils, qui lui donnent un air sévère. Le plumage est brun-roux tacheté.
Même la falaise est une star en Suisse
L’imposante paroi calcaire du Haut-de-Cry s’étend entre 600 et 3 000 mètres d’altitude. Ça fait longtemps que le Grand-duc d'Europe occupe cette falaise. Un couple est présent ici toute l'année, selon Jean-Nicolas Pradervand. Il travaille à l'antenne valaisanne de la Station ornithologique suisse.
"La falaise en elle-même est déjà une star en Suisse. Puisqu'en venant ici, on peut vraiment voir toutes les espèces des milieux rupestres."
Et, forcément, le Grand-duc fait partie des points forts de cette falaise. "La plupart des sites dans lesquels il niche sont tenus secrets, car il est très sensible au dérangement", précise Jean-Nicolas Pradervand. "Et ici, l'avantage est qu'on peut l'observer sans le déranger."
Et, pour observer le hibou Grand-duc, il faut forcément avoir du matériel optique : jumelles et télescope. "La falaise est énorme, donc les oiseaux sont loin. Le Grand-duc a besoin d'une vire rocheuse assez large, pour qu'il puisse faire son nid. Pendant la journée, il se cache dans les infractuosités du rocher", explique Jean-Nicolas Pradervand.
"C'est un prédateur qui est au sommet de la chaîne alimentaire. S'il se montre, il va tout de suite se faire attaquer par les corneilles et les grands corbeaux, qui le craignent. Il est donc assez difficile à observer."
L'emplacement du nid restera secret
Jean-Nicolas Pradervand a tout de même pointé son télescope en direction du nid, dont nous garderons l'endroit secret : le Grand-duc est en effet très sensible au dérangement. Sur le rocher, quelques fientes attestent de sa présence.
"Les Hiboux grands-ducs vont commencer à chanter entre décembre et janvier : c'est là que les couples se forment et qu'ils définissent leur territoire. Plus tard, ils vont pondre les œufs et nicher. Les jeunes sortiront du nid seulement au mois de juin, et ils resteront dans la falaise jusqu'en juillet. Donc, on voit qu'ils utilisent le site quasiment toute l'année de façon intensive", précise le scientifique.
Le Hibou grand-duc de Chamoson restera caché ce matin-là. Mais, on se déplace de toute la Suisse pour venir le voir.
Les amateurs d'oiseaux connaissent bien cette gigantesque falaise du Haut-de-Cry : on retrouve ici tous les oiseaux qui vivent dans les rochers, dont certaines espèces rares, comme le merle bleu.
Projet collaboratif avec les grimpeurs
Pour prévenir le dérangement des Hiboux grands-ducs et des autres oiseaux dans les falaises, une solution a été développée dans notre canton. " Nous avons un super projet en Valais avec la collaboration du Club Alpin, des associations locales d'escalade et de toutes les personnes qui équipent les voies d'escalade", explique Jean-Nicolas Pradervand.
"Grâce à eux, on a pu, avec la Station ornithologique suisse, sécuriser toute une série de zones où l'on a des Grands-ducs et des faucons pèlerins qui nichent, et des voies d'escalades qui sont soit directement sur les sites, soit à proximité."
Grâce à cette collaboration, des solutions qui conviennent à la fois aux grimpeurs et aux oiseaux ont pu être trouvées. Le but : garder ces sites attractifs pour les oiseaux, tout en permettant de pratiquer l'escalade.