Fin d'une époque ; une boulangerie de Leytron ferme après cent ans d'existence
Fin en queue de poisson pour une boulangerie familiale de Leytron. Après cent ans d'existence, elle s'apprête à fermer boutique, faute de relève et d'avenir.
La boulangerie "Les Fils de René Crettenand" vit ses dernières heures. Après cent ans d'existence, elle s'apprête à mettre la clé sous le paillasson. A Produit, dans leur laboratoire leytronain, les deux frères associés vivent leurs derniers enfournages. Le 30 novembre 2023, Jean-Pierre et Dominique Crettenand remettront leur tablier. "Ça fait drôle de se dire que l'on ne va plus fabriquer notre pain, s'émeut Jean-Pierre Crettenand. Dès l'âge de deux ans, j'étais dans la boulangerie avec mon père", comprend-il.
La boulangerie a été créée en 1920. Elle s'est transmise sur trois générations. A l'âge de la retraite, les deux frères n'ont pas trouvé de successeur. Leurs enfants ne sont pas intéressés par l'entreprise familiale. "C'est le moment d'arrêter. C'est dommage, mais c'est comme ça", dit lucidement Jean-Pierre Crettenand. Ils ne sont pas intéressés à travailler la nuit et les week-ends", explique-t-il.
Des raisons multiples
Le manque de relève, la concurrence avec les stations-service et les grandes enseignes ont peu à peu pesé sur la marche des affaires de l'entreprise familiale. Ces dernières années, la boulangerie avait diminué son nombre de magasins, pour conserver un seul point de vente à Ovronnaz, et licencié un employé de production. Le changement d'habitude des consommateurs a aussi joué un rôle dans le déclin de l'entreprise. "Les jeunes mangent moins de pain que les anciens", constate Jean-Pierre Crettenand. Le cas leytronain n'est pas unique. En quarante ans, le nombre de boulangeries est passé de 250 à 50 en Valais.
Installé à Produit, le laboratoire a vu se dérouler sous ses yeux l'histoire de ce hameau de Leytron. En 1962, le village a été le théâtre de deux incendies de grande ampleur. La boulangerie n'avait pas échappé aux flammes. "J'avais quatre ans, mais je m'en souviens, se remémore Dominique Crettenand. "Mon père venait de changer le four, et puis tout est partie en fumée", ajoute-t-il.