Entre veto des ONG et oppositions des citoyens: l'éolien a-t-il son avenir en Valais?
En Valais comme en Suisse, les parcs éoliens peinent à sortir de terre.

En Valais comme en Suisse, les parcs éoliens peinent à sortir de terre. Pour cause : ONG et citoyens jouent souvent de leur droit de veto. Préservation des biotopes VS promotion des énergies propres, où se situe le juste équilibre ? Notre enquête ci-dessous.
Dénaturation des paysages, mise en danger de l’avifaune. Alors que le débat autour du projet de parc éolien du Grand-Saint Bernard se poursuit, ce constat : en Valais, comme dans le reste du pays, les turbines peinent à sortir de terre.
Entre les associations environnementales d’un côté et les groupes de citoyens de l’autre, les freins sont nombreux pour les promoteurs de l’éolien. Dernière actu en date : le recours des ONG au tribunal cantonal concernant le projet de parc aux abords du col du Grand Saint-Bernard.
Du côté des autorités de Bourg-Saint Pierre, porteurs du projet, le président Gilbert Tornare ne mâche pas ses mots. Pour lui, il est difficile d’instaurer le dialogue. «Les seuls séances de conciliations que nous avons ces dernières années étaient des séances où leur message était relativement ferme: nous ne voulons pas d’éoliennes. Ils n’ont aucun intérêt à discuter avec les gens de notre vallée.» Gilbert Tornare pointe même du doigt une certaine autocontradiction des ONG. «C’est totalement contraire à leur idéologie et leur engagement, affirme-t-il, brandissant un article stipulant la promesse du WWF de promouvoir l’énergie éolienne en Suisse. J’appelle ça des écologistes de ville.»
L’éolien, oui, mais à certaines conditions
Concernant le Grand Saint-Bernard, le WWF craint pour la survie de certaines espèces. Gypaètes barbu et lagopède alpin notamment. Mais Marie-Thérèse Sangra, secrétaire régional pour le WWF Valais romand l’affirme. L’ONG ne rejette pas totalement l’énergie éolienne. «Bien au contraire, le WWF est un ardent supportaire de la transition énergétique. Nous soutenons le développement de l’éolien, à la condition qu’il n’y ait pas d’impact sur la biodiversité indigène. Ici, c’est un problème d’emplacement. Dans la plaine du Rhône, le WWF n’a posé aucun véto pour les trois machines implantées entre Collonges et Saxon. La collaboration s’est déroulée sans accros.»
Quel avenir pour l’éolien?
Quoi qu’il en soit, le projet de Bourg Saint-Pierre n’est pas le seul à traîner le pied. Pour l’heure, un seul parc est achevé dans le Canton. Au Nufenen. Ailleurs, sept autres sont freinés, ou abandonnés. En cause: des associations, mais aussi des groupes de citoyens soucieux de l’impact sur le paysage. C’est le cas, dans la plaine du Rhône, où SEIC Teledis travaille depuis des années pour promouvoir ces turbines. «Il faut avoir de la patience, reconnait Paul Alain Clivaz, responsable éolien dans les bureaux de Vernayaz. Heureusement, nous avons trois machines qui tournent et permettent une certaine rentabilité. Certains promoteurs ont eu moins de chance que nous, contraints de dépenser des centaines de milliers de francs dans des études sans pouvoir construire.» Si aujourd’hui 3 éoliennes sont en activité, SEIC Teledis projette de planter six autres machines sur le territoire...encore une musique d’avenir.
Quant à savoir quel sont les chances de l’éolien de s’étendre, Paul-Alain Clivaz ne se veut pas pessimiste. «J’espère que les tribunaux se montreront moins frileux à l’avenir pour laisser une chance aux projets de parcs. Ceux qui existent actuellement sont bien intégrés dans le paysage et les habitants commencent à s’y habituer.»
Dans tous les cas, la Suisse a émis son souhait de développer cette nouvelle énergie renouvelable. Alors que l’éolien ne représente aujourd’hui que 0,2% de notre consommation d’électricité, la Confédération entend atteindre 7% d’ici 2050.