Portrait du mois : Bastien Sauthier, pour l’amour des traditions
À bientôt 14 ans, il les fêtera le mois prochain, Bastien Sauthier est un véritable amoureux des traditions. Le jeune valaisan partage son emploi du temps entre deux passions: la lutte suisse et les vaches. Portrait.

Des prés tout autour du chalet, une vue imprenable sur Isérables et un plateau valaisan sur la table: le décor est planté dès notre arrivée chez les Sauthier. C’est là, sur les hauteurs de Auddes, petit hameau de la commune de Riddes, que nous accueillent Bastien et sa mère Anaïs. À bientôt 14 ans, le garçon est l’un des plus sérieux espoirs romands de la lutte suisse, un sport découvert il y a près de cinq ans. «Tout a commencé grâce à mon cousin, Grégory Mariéthoz, qui m’a donné des prospectus pour initier les jeunes à la lutte. Je me suis prêté au jeu et j’ai tout de suite croché», témoigne-t-il.
La lutte comme défouloir
Le jeune valaisan a donc rapidement abandonné les terrains de foot (il évoluait dans les rangs des juniors du FC Printse-Nendaz) pour les ronds de sciure. Une décision validée par la maman. «Il faut dire que je l’avais puni et que je lui avais interdit de continuer le foot car il devenait bagarreur à l’école», se souvient Anaïs Sauthier. Laquelle ne craignait pas que la lutte renforce ce côté agressif de son fils: «Pas du tout même. Beaucoup de gens de mon entourage m’ont dit que j’étais inconsciente de le laisser faire ça mais au final, grâce à la lutte, il s’est défoulé et tout s’est calmé à l’école.»
«Il y a un grand fair-play entre tous les lutteurs que l’on ne retrouve pas dans les autres sports.»Bastien Sauthier, jeune lutteur
Il faut aussi dire, et c’est l’une des raisons qui explique cette passion de Bastien, que la lutte suisse est un sport réputé pour les valeurs qu’il véhicule. «Il y a un grand fair-play entre tous les lutteurs», explique-t-il. «Au début, on se sert la main et à la fin, le vainqueur essuie le dos du perdant. Je ne crois pas que ce respect existe dans beaucoup d’autres disciplines.» Reste que la lutte est loin d’être en vogue, notamment auprès des jeunes. «Certains de mes amis sont étonnés quand je leur parle de ma passion. Je leur réponds donc qu’ils devraient venir essayer et parfois ça marche», sourit-il.
Un röstigraben en terme de popularité
Très populaire en Suisse alémanique, la lutte suisse l’est beaucoup moins de ce côté-ci de la Sarine. Une sorte de röstigraben que Bastien Sauthier explique très simplement: «Au départ, ce sport vient de là-bas. Et puis tous les meilleurs lutteurs sont suisses-allemands. En Romandie, personne n’arrive pour l’heure à avoir le même niveau.» Le jeune valaisan lance donc un appel pour que sa discipline gagne en reconnaissance: «Plusieurs journées d’initiation ont lieu durant l’année. Ce serait bien que les gens y participent pour découvrir vraiment ce sport. La lutte, c’est beaucoup de technique mais surtout, un bon moyen de s’amuser entre copains.»
«Au début, j’étais trop démonstrative et Bastien m’a vite fait comprendre que je devais être là sans faire trop de bruit.»Anaïs Sauthier, mère de Bastien
La convivialité n’est d’ailleurs pas seulement présente sur le rond de sciure, elle l’est également au bord de celui-ci. «Avec les années, on tisse des liens entre parents», avoue la maman. «Qu’on soit valaisans, fribourgeois, vaudois ou neuchâtelois, on se retrouve et on partage le verre de l’amitié. C’est des moments vraiment sympathiques à vivre.» Suivre son fils aux quatre coins de la Suisse romande ne pose pas de problèmes à Anaïs Sauthier, même si celle-ci reconnaît avoir du faire un petit travail sur elle-même au fil des ans: «Au début, j’étais trop démonstrative et Bastien m’a vite fait comprendre que je devais être là sans faire trop de bruit. J’ai donc maintenant bien compris la place que je devais tenir à ses côtés…»
Champion romand
En cinq ans, Bastien Sauthier s’est donc affirmé comme l’un des meilleurs lutteurs de Suisse romande dans sa catégorie. Preuve en est la palme de champion romand décrochée en 2019 à Granges-Marnand: «Une grande fierté car c’était mon objectif de la saison et je l’ai atteint», apprécie celui qui, pour l’occasion, avait remporté un…lapin! Également vainqueur d’une fête régionale du côté de Törbel, le Valaisan se veut ambitieux à l’heure d’évoquer ses ambitions pour le futur. «La première chose qui m’intéresse, c’est d’être de la partie lors de la Fête Fédérale des jeunes qui aura lieu «chez nous» à Sion en 2024. Ensuite, mon rêve, c’est évidemment de prendre part à une telle fête chez les actifs.» De là à devenir le nouveau Christian Stücki ou Mathias Glarner, les deux derniers rois de la lutte suisse? «Ce sera compliqué mais pas impossible si je continue sur ma lancée.»
Un emploi du temps très chargé
À côté de la lutte, Bastien nourrit une autre passion qu’il partage avec sa famille: les vaches. «Nous avons des Highlands et des bêtes de la race d’Hérens. L’une d’entre elles est d’ailleurs devenue reine de l’alpage de Novelli l’an dernier», explique-t-il plein de fierté. Lutter, s’occuper du bétail et étudier: l’emploi du temps de celui qui souhaite devenir bûcheron à l’avenir est donc passablement chargé. «Heureusement, il y a les samedis et les dimanches pour avoir un peu plus de temps pour souffler.»
«Je suis fier d’être bedjuis!»Bastien Sauthier, jeune lutteur
Très attaché aux traditions et à ses racines, le garçon tonne clairement: «Je suis fier d’être bedjuis!» Il explique aussi que sa deuxième passion représente un plus dans son parcours de lutteur: «Gouverner (ndlr: s’occuper des vaches) me permet de garder la forme. Porter des sacs d'aliments ou des sacs de foin, cela aide à faire le physique.» De quoi être affuté à l’heure d’aborder les prochains rendez-vous qui l’attendent. Après une année de pause en raison de la pandémie («j’ai continué à m’entraîner en prenant des culottes à la maison et en luttant avec mon frère»), Bastien Sauthier a une date en ligne de mire: le dimanche 18 juillet prochain. Son club de Bramois organisera alors la Fête cantonale des jeunes lutteurs: «Ma mission pour celle-ci est claire: je veux gagner!» De quoi ramener une palme et, pourquoi pas, une cloche supplémentaires qui viendront à leur tour décorer le chalet familial, là-haut, sur les hauteurs de Auddes.