Le Rugby Club Sierre déménage à Leytron: «On est les bédouins de ce sport»
Le Rugby Club Sierre n’existe plus. Du moins sous cette appellation-là. Depuis cet été et un troisième déménagement en quinze ans, le pensionnaire de Ligue D devient le Rugby Club Leytron.
Nouvelle saison, nouvel horizon et nouvelle appellation. L’été a été chargé pour le Rugby Club Sierre. Ou plutôt «feu» le Rugby Club Sierre. Place désormais au Rugby Club Leytron, où les ballons ovales et les poteaux investissent peu à peu le Stade Saint-Martin.
Des horaires qui posaient problèmes à Sierre
Mais qu’est-ce qui a donc poussé le pensionnaire de Ligue D à délaisser la cité du Soleil pour s’établir à une trentaine de kilomètres de là? «La Ville de Sierre a décidé de remanier les terrains en rapatriant le foot du Stade des Condémines au Centre Sportif d’Ecossia. On s’est alors retrouvés avec des plages horaires réduites pour l’utilisation des grands terrains», explique le président du club Alain Marmillod. «En plus, nos matches devaient être décalés au dimanche. Ça pose des problèmes lorsque l’on accueille des équipes qui viennent de Suisse allemande. Prendre tout la journée pour effectuer le trajet, préparer le match, le jouer et vivre la 3ème mi-temps, c’est compliqué quand tu bosses le lendemain.»
«On n’a pas été chassés de Sierre. C’est nous qui avons choisi de partir.» Alain Marmillod
Au moment où les autorités sierroises ont fait le choix de regrouper la plupart des disciplines sur le même site, le rugby aurait-il donc été poussé vers la sortie? «Je ne le dirais pas comme ça», répond Alain Marmillod. «En revanche, on voit bien que les petits sports, plus marginaux, comme le nôtre peinent à s’implanter. Mais on n’a pas été chassés de Sierre. On était le club le plus «jeune» donc c’est nous qui avons choisi de partir. On a entrepris des démarches avec plusieurs communes et au final, ça s’est fait à Leytron.»
Le rugby accueilli à bras ouverts par la commune et le FC Leytron
Alain Marmillod se dit d’ailleurs très reconnaissant de l’accueil reçu par son club sur ses nouvelles terres. Les échanges ont rapidement abouti et ont tout de suite été positif, tant avec les autorités communales qu’avec le FC Leytron, l’autre pensionnaire du Stade Saint-Martin. «Cassons les clichés du rugby qui n’aime pas les footeux», se marre le président-joueur. «Je remercie l’ensemble du comité du FC Leytron. Le feeling est tout de suite passé. Il y a une vraie entraide qui s’est mise en place entre les deux clubs. Et puis bon, on a fait une réunion autour d’un souper et d’un bon verre, ça aide à tisser des liens!»
«Je suis convaincu que la mentalité des Valaisans colle parfaitement à la pratique du rugby.» Alain Marmillod
Le Rugby Club a donc bien géré son déménagement de Sierre à Leytron. Il faut dire qu’en la matière, il est presque un expert. Fondé en 2007 par une bande de copains sur les hauteurs de Chermignon, il avait ensuite évolué durant cinq ans à Chamoson avant de mettre le cap sur la cité du Soleil. Pratiquement là depuis le début, Alain Marmillod se marre lorsqu’on le lance sur l’âme nomade de sa formation. «On est les bédouins du rugby! On espère maintenant pouvoir s’installer définitivement quelque part. Notre but est clair: on veut développer ce sport dans notre canton. Je suis d’ailleurs convaincu que la mentalité des Valaisans colle parfaitement à la pratique du rugby.»
Un déménagement bénéfique pour les juniors
En redescendant le Rhône, Alain Marmillod croit en la possibilité d’attirer davantage de joueurs, notamment au niveau des juniors. «Je tiens déjà à dire que tous nos membres nous ont suivi dans ce déménagement. Et puis là, on reçoit de plus en plus de mails de parents qui habitent en périphérie de Leytron, à Saillon ou à Fully, et qui sont intéressés à ce que leur enfant débute le rugby. À ce niveau, la décision prise cet été semble déjà bénéfique. La preuve : 25 jeunes étaient présents au premier entraînement. Pour l’instant, le rêve est donc bien réel.»
«On doit encore discuter d’un éventuel soutien financier de la part de la commune mais on ne veut pas débarquer à Leytron en mendiant de l’argent.» Alain Marmillod
De Sierre à Leytron, les joueurs de la première équipe ont donc suivi. Les juniors aussi. Mais quid des sponsors? «Et bien, la bonne nouvelle, c’est qu’on n’en avait pas beaucoup qui venaient de Sierre. La plupart sont basés à Sion et dans la région. Ils n’ont donc pas hésité à renouveler leur soutien. Il faut dire qu’avec tous, on a une excellente relation. C’est du gagnant-gagnant.» Ces bons contacts avec les partenaires permettent au pensionnaire de 4ème division de tabler sur un budget compris entre 20 et 25'000 francs. «On doit encore discuter d’un éventuel soutien financier de la part de la commune mais on ne veut pas débarquer à Leytron en mendiant de l’argent. On sait que cette année sera peut-être un peu plus coûteuse pour nous car on doit racheter du matériel ou changer nos équipements mais on peut se le permettre. Nos finances sont assez saines.»
S’il est à la tête du Rugby Club Leytron, Alain Marmillod le dit et le répète, sa priorité est de développer la pratique de ce sport en Valais. Un son de cloche partagé par l’autre formation du canton, l’Ovalie Chablaisienne. Un pensionnaire de Ligue B avec lequel la collaboration prend de l’ampleur.