Antonio Maregrande, nouvel entraîneur du FC Sion féminin: «L'herbe n'est pas plus verte ailleurs»
Antonio Maregrande est le nouvel entraîneur du FC Sion féminin. À quelques jours de la reprise officielle de la préparation, nous l’avons rencontré pour faire le point.

Antonio Maregrande, vous voilà à la tête du FC Sion féminin. Racontez-nous d'abord votre parcours pour en arriver jusque là...
Il a pris deux voies différentes. La première était une voie professionnelle au travers de mon travail et de la formation, car je suis doyen dans une école professionnelle. La seconde était footballistique. Après mes classes au FC Monthey, j'ai grandi et je me suis développé dans le sport au travers de différentes tâches. J’ai entre autres été entraîneur de la première équipe montheysanne mais ça, c’est très loin, c’est le passé. Depuis 2014, je me suis essentiellement orienté vers le football féminin, la façon de le développer et surtout, j'ai mis l'accent sur l'intégration des filles dans le monde du football masculin. Puisqu’il faut le rappeler, jusqu’à un certain âge, ils sont ensemble. Et le défi est de savoir comment on arrive en tant que formateur, éducateur, à travailler avec les deux genres.
«Miser sur la formation est très important si on espère arriver à des résultats, tout en ayant des ressources financières qui soient gérables et maîtrisées» Antonio Maregrande
Depuis quelques années, il y a de plus en plus de formations pour les filles, à l’image des M13, M15, M17 et bientôt les M19. C'est vraiment important de construire depuis la base pour ensuite amener du monde au plus haut niveau?
Bien sûr. Je pense que le football masculin et le football féminin ont la même problématique. Soit on a les moyens de faire avec des ressources externes, soit on engage ces moyens dans la jeunesse. Il faut juste être patient, former en interne pour avoir ces ressources plus tard. Savoir aussi et surtout que ces ressources, ces jeunes éléments, on pourra compter dessus, parce qu’ils auront une identification totale au club et aux structures qui ont été mises en place. Pour moi, c’est vraiment très important de prendre ce chemin si on espère arriver à des résultats tout en ayant des ressources financières qui soient gérables et maîtrisées.
Maintenant, parlons un peu du FC Sion féminin. L’équipe première est en reconstruction. Cette saison sera différente au niveau des étrangères et des Valaisannes. Quel est votre avis là-dessus ?
Moi, je ne parlerais pas d'étrangères, ni de Valaisannes, je parlerais de football. L'an dernier, les ambitions du club étaient différentes et il fallait les respecter. Des choix ont été faits dans ce sens et ceux qui étaient là ont fait de l'excellent travail même si la promotion n'a finalement pas été acquise.
«Il faut prouver que l’on peut trouver son bonheur sur place, sans avoir besoin de s'expatrier vers d'autres pays ou même vers d'autres cantons» Antonio Maregrande
Ça, c'était le passé. Aujourd'hui, c'est un FC Sion féminin un peu plus local qui semble se dessiner. Est-ce que c’est important pour créer un noyau dur, fédérateur?
Bien sûr, on peut penser qu'on crée un noyau fédérateur, mais moi, j'irai plus loin. C'est-à-dire que l’on donne l'exemple. Et l'exemplarité, c'est de montrer à la jeunesse qui grandit en Valais, que finalement, même les filles peuvent pratiquer du sport sur place. Montrer que l’on a des infrastructures adéquates, avec des entraîneurs qui ont de la formation. Il faut prouver que l’on peut trouver son bonheur sur place, sans avoir besoin de s'expatrier vers d'autres pays ou même vers d'autres cantons, en pensant que l'herbe est plus verte ailleurs. Mais moi, je me contente de ce que j'ai, et surtout, j'ai envie que ça fleurisse chez nous.
«Si je porte les couleurs du FC Sion sur mon cœur, je dois les honorer» Antonio Maregrande
Par le passé, des différences ont existé au niveau de la rémunération des joueuses. Loger tout le monde à la même enseigne est l’occasion que tout le monde tire à la même corde avec une vision commune...
Je ne ferai pas une fixation sur ça. Je pense que l’important pour moi, lorsque je fédère en tant qu'entraîneur, c’est de s'occuper du moment présent. Que l’on soit Valaisans, Valaisannes ou d'ailleurs ne change rien. Si je porte les couleurs du FC Sion sur mon cœur, je dois les honorer.
Cap sur la prochaine saison. Après une très bonne année, quels sont les objectifs pour cet exercice 2023-2024?
Il n’y a pas d'objectif très précis. Allons, travaillons, découvrons et faisons toujours en sorte d'être dans les meilleurs du championnat. De cette manière, on ne se met pas de pression inutile et on ne se retrouve pas devant une montagne infranchissable. Je pense qu’avec de la sérénité, on peut affronter n'importe quelle tourmente.
«J'ai envie de travailler pour créer un très beau football, agréable à voir, voué à l'offensive avec du rythme et de la vitesse» Antonio Maregrande
L'année dernière, la promotion n’était pas si loin. Aujourd’hui, quel est le projet?
Les personnes avec qui je travaille ne m’ont pas fixé des objectifs de promotion et ils me laissent travailler. Ils connaissent mon parcours. Je suis un formateur dans l'âme et j'ai envie de travailler pour créer un très beau football, agréable à voir, voué à l'offensive avec du rythme et de la vitesse. Et je pense que j'ai les arguments et les connaissances pour transmettre ça à mon groupe. Un groupe qui se construit gentiment.
Et qui va lancer sa préparation prochainement, c'est juste?
C'est exact. La préparation va démarrer très fort le 17 juillet, avec cinq entraînements par semaine. Quatre obligatoires et un facultatif pour celles qui ont un besoin particulier. Ensuite, il y aura quatre matches de préparation lors desquels on va commencer à mettre en place les systèmes et les principes que je demande au groupe. Ça nous laissera quand même le temps de se jauger. On va affronter des équipes de première ligue et Servette, qui joue en Super League, le 29 juillet. L’occasion de nous évaluer face à ce qui se fait de mieux en Suisse.
«Nous devons essentiellement nous concentrer sur la partie sportive, le jeu et surtout, sur l'envie de gagner match après match» Antonio Maregrande
On a évoqué le terrain mais il y a aussi tout ce qui se passe dans le vestiaire, l'intégration, la cohésion d'équipe. En tant que nouvel entraîneur, quelles sont les valeurs que vous souhaitez donner à ce groupe?
Je veux que l'équipe fasse abstraction des problématiques personnelles qui seront traitées séparément. Là, nous devons essentiellement nous concentrer sur la partie sportive, le jeu et surtout, sur l'envie de gagner match après match.
Ce n’est pas votre première à la tête d’une équipe, mais comment est-ce que l’on s'intègre quand on arrive dans un groupe qui se connaît déjà?
J'ai ma potion magique pour le faire mais je ne compte pas la dévoiler. Chacun d'entre nous a la sienne. Il n'y a pas de vérité. Pour moi, si tu as le cœur, si tu es honnête, responsable et que tu donnes de manière totale et engagée de ta personne, les gens face à toi réagiront forcément de la même manière.
Encore un mot sur l'Euro 2025. On parle du développement du football féminin en Suisse. Est-ce que cet événement XXL sera lui aussi important pour continuer en ce sens?
Oui, je pense que ça permettra aux jeunes filles de s'identifier et de montrer que la Suisse fait du bon job sur la scène nationale et internationale, tant chez les hommes que chez les femmes.