Accompagner jusqu’à la fin : rencontre avec un accompagnateur Exit en Valais
En Valais, une soixantaine de personnes ont choisi, en 2024, de recourir au suicide assisté avec Exit. Derrière chaque décision, se trouve un.e accompagnateur.trice, formé.e pour être présent·e lors de ce moment crucial. Rencontre avec Marc-Henri Grobety, accompagnateur Exit depuis 10 ans
" La mort, pour moi, fait partie intégrante de la vie. C’est une grande roue : on monte, on descend, et un jour, on s’éteint. Cela m’a toujours paru clair. " C’est avec ces mots que Marc-Henri Grobety explique son approche face à la mort. Déjà membre d’Exit, il a franchi une étape supplémentaire en devenant accompagnateur après avoir assisté à une conférence organisée par l'association.
Son déclic ? Une volonté d’être utile et de contribuer à une organisation qu’il juge " essentielle et crédible ". Pendant une année, il a observé des accompagnements réalisés par des bénévoles expérimentés avant de mener sa première intervention en solo. "Je me suis rendu compte qu'effectivement, je n'étais pas perturbé. Et que ça se déroulait plutôt harmonieusement."
Un rôle humain et délicat
Être accompagnateur pour Exit ne se résume pas à un rôle logistique. Marc-Henri insiste sur l’importance de l’écoute et de la gestion des émotions, non seulement pour le recourant, mais aussi pour ses proches. " Certains veulent rester dans la chambre jusqu’au dernier moment, d’autres préfèrent attendre à l’écart. Mon rôle est d’apaiser les tensions, d’encourager les proches à être présents s’ils le souhaitent, car tenir la main de leur parent ou ami dans ses derniers instants est une image qu’ils chériront toute leur vie. "
Marc-Henri confie également que le travail de préparation en amont est crucial : " Je m’efforce d’expliquer le processus de manière claire et de rassurer sur le déroulement de l’accompagnement. "
Des convictions renforcées par une décennie d’expérience
En dix ans, Marc-Henri a accompagné des dizaines de personnes. Cette expérience a non seulement conforté ses convictions sur le droit de chacun à choisir sa fin de vie, mais l’a aussi transformé personnellement. " Ce rôle m’a appris à me recentrer sur l’essentiel et à relativiser. Je fais plus attention à moi-même et à mes proches. "
Il note par ailleurs l’acceptation grandissante du suicide assisté en Valais : " Je n’ai jamais ressenti d’hostilité envers mon rôle. Les gens comprennent qu’il s’agit avant tout de respecter la volonté de chacun. "
Accompagnateur Exit : candidatures en hausse
En Valais, une soixantaine de personnes ont fait appel à Exit en 2024 pour recourir au suicide assisté. Un chiffre qui est resté stable ces trois dernières années et qui n’a pas connu de boom avec la révision de la loi sur la santé, qui laisse la liberté individuelle aux résidents d’EMS.
En revanche, le nombre de membres est en constante hausse (avec 4000 inscriptions supplémentaires par année). Tout comme le nombre de candidatures pour devenir accompagnateur. " L’association compte 30 accompagnateurs en Romandie et reçoit chaque semaine une à deux candidatures ", révèle ainsi Gabriela Jaunin, vice-présidente d'Exit Suisse romande et accompagnatrice.
" Très souvent, ce sont aussi des personnes qui ont assisté à un accompagnement ou qui ont vécu un décès et qui se disent, "c'est quelque chose qui me parle". Et c'est comme ça que les gens s'y intéressent."
Gabriela Jaunin précise toutefois que ne devient pas accompagnateur qui veut. "Outre une formation dans le domaine médical, nous veillons aussi au profil de la personne : il faut avoir une certaine expérience de la vie et surtout avoir du temps à disposition, puisque nous sommes tenus d'être disponible en tout temps pour les recourants et leur famille."
Interview de Marc-Henri Grobety à écouter ci-dessous