Réfugié, retraité, et de retour sur les bancs d'école pour apprendre le français
Apprendre le français à plus de 60 ans, en partant de zéro. La guerre en Ukraine a poussé des familles entières à s’exiler. Un phénomène qui a motivé l’office de l’asile à étoffer son offre, avec des cours de français spécial seniors, pour leur éviter un isolement social. Et la demande afflue.

Ils s'appellent Olenna, Petro, Nathalia, ou Manvel. Ils ont entre 55 et 70 ans. Ils partagent un statut de réfugié. Un passeport ukrainien. Et ils se retrouvent désormais chaque semaine sur les bancs d’école pour apprendre le français, à partir de zéro.
Les défis de la guerre en Ukraine
L'initiative a été lancée par l'office valaisan de l'asile en automne 2023, sous la forme d'un projet pilote. "C'est la guerre en Ukraine a fait émerger de nouveaux besoins", confesse Marie-Christine Roh, responsable du domaine "Scolarisation et formation linguistique" au Service de l’asile. "Jusque-là, les efforts se concentraient sur le processus d’insertion professionnelle pour les jeunes réfugiés et adultes et leur émancipation financière. Mais ce conflit a poussé des familles entières à fuir, grands-parents compris. Et ces derniers risquant davantage l'isolement social, il nous apparait important de ne pas les laisser de côté."
Intégration à but social
Ici, le cursus ne vise donc pas forcément à trouver un travail. Mais plutôt à obtenir des outils pour s’intégrer et évoluer en société. Commander son pain en boulangerie, demander un renseignement, un article en magasin, ou expliquer un problème à son médecin. "Ne serait-ce que pour leur permettre d'intégrer des sociétés ou associations locales, ce genre de projet peut être aussi très utiles pour la cohésion sociale", défend Marie-Christine Roh.
Elèves assidus
La classe de Geneviève Bador, professeure de français langue étrangère, compte 11 élèves, qu'elle suit depuis l'automne 2023. "C'est une classe assez homogène et extraordinaire dans sa motivation." Pour preuve, alors que nous avons rendez-vous à 13h avec l'enseignante, pour préparer le cours fixé à 13h30, la classe est déjà au complet à 13h10.
Première étape du cours : la correction des devoirs. "Les premiers cours consistaient principalement à leur faire prononcer des syllabes ou des phrases simples, correctement. Ensuite, nous avons procédé par thèmes." Se présenter, présenter sa famille, sa maison. Se rendre au magasin. Se rendre chez le médecin. Décrire un vêtement. Parler météo. "Le but est qu'ils abordent toutes les choses du quotidien."
Entre demandes et liste d'attentes
Notons qu’actuellement, quatre classes de ce type ont pu être ouvertes. Puisque les subventions fédérales de l’agenda intégration suisse, versées pour ce type de cours, restent avant tout pour l'insersion professionnelle.
A voir donc si le projet pourra se développer davantage. En attendant une liste d’attente est en place, précise Marie-Christine Roh, qui mentionne aussi les autres limites de ce projet. "Une année de cours est rarement suffisante pour se débrouiller. L'idéal est donc de prolonger la formation dans la durée."