Paolo Tramezzani: «S’il y a bien une chose qui ne me fait pas peur, c’est d’être licencié»

Christophe Moreillon
Journaliste sportif RP

Après avoir concédé trois défaites en autant de sorties, le FC Sion se doit de montrer une réaction dimanche à Lugano. Avant ce déplacement périlleux, l’entraîneur Paolo Tramezzani adopte la même ligne qu’après la défaite contre Saint-Gall. Il assume ses responsabilités.

À huit matches du terme de la saison de Super League, le FC Sion pointe au 7ème rang du classement avec sept points d’avance sur le barragiste Lucerne. Une marge à priori confortable mais qui pourrait se réduire si les Valaisans poursuivent sur la lancée de leurs dernières sorties. Battus trois fois de suite, ils se doivent de montrer une réaction dimanche à Lugano. Avant de se rendre au Tessin, le technicien sédunois Paolo Tramezzani évoque la situation actuelle de son équipe et ne fuit pas ses responsabilités. Interview.

Paolo Tramezzani, vous nous disiez après le match contre Saint-Gall qu’il serait difficile de trouver le sommeil. Quelques jours plus tard, cette défaite face aux Brodeurs, elle est digérée?
Oui. Bien sûr, je suis toujours déçu par le résultat. Mais après avoir bien analysé ce match, après en avoir parlé avec les joueurs, on s'est concentrés sur notre déplacement à Lugano. Cette défaite contre Saint-Gall nous a fait mal, c’est vrai, mais je crois qu’il faut aussi être conscient que le championnat ne s’est pas terminé le week-end dernier. Il nous reste huit matches très importants à jouer. Ce qui compte désormais, c’est que les joueurs aient compris ce qui n’a pas fonctionné samedi passé. Qu’ils aient appris de leurs erreurs pour ne pas les reproduire.

«Maintenant, c’est le terrain qui doit parler. Je l’ai assez fait. Les joueurs ont meilleur temps de ne pas le faire.»Paolo Tramezzani

Et au vu des échanges que vous avez eu avec eux, vous avez l’impression qu’ils ont compris?
Disons qu’on a fait une analyse individuelle de ce match contre Saint-Gall. Je l’ai revu avec chacun de mes joueurs personnellement. Le but n’était pas d’accuser l’un ou l’autre mais de travailler sur les erreurs qui ont été commises pour éviter de les reproduire à l’avenir. Et ce qui en ressort, c’est que oui, ils avaient tous conscience de ce qu'ils ont fait de faux. Aujourd’hui, je sens une envie commune de relever la tête, de retrouver notre jeu. On sait tous que les matches qui nous attendent sont importants. Maintenant, c’est le terrain qui doit parler. Je l’ai assez fait. Les joueurs ont meilleur temps de ne pas le faire. Notre énergie, on doit la réserver pour le terrain. Pour donner notre maximum durant nonante minutes.

Depuis plusieurs semaines, on entend constamment que les joueurs travaillent bien à l’entraînement. Des paroles qui ne se confirment pas lorsqu’arrive le match…
C’est vrai, je dois vous donner raison. Pourtant, je vous assure que l’investissement, le sérieux, la concentration, tout cela est bien présent durant la semaine. Mais le week-end, l’aspect mental, l’aspect psychologique, la confiance en soi sont des choses fondamentales qu’il faut prendre en compte. Des choses qui ne se travaillent pas forcément à l’entraînement et qui, malheureusement, nous font défaut ces derniers temps. On n’arrive plus à reproduire ce que l’on a fait de bien plus tôt dans la saison.

«Dans le foot, nous sommes jugés sur les résultats. S’ils ne sont pas au rendez-vous, le responsable doit s’en aller.»Paolo Tramezzani

Le week-end dernier, vous vous êtes vous-même désigné comme le principal responsable de la situation actuelle. La crainte de perdre votre poste, elle existe?
Écoutez, je vous confirme ce que je vous ai dit. Je suis le responsable et je ne vois pas comment je pourrais ne pas me considérer comme tel. Les choix tactiques m’appartiennent, notre style de jeu aussi, la préparation du match également. Idem pour l’analyse de l’adversaire et tout ce qui est de la motivation des gars. Quand tout cela ne se ressent pas durant les rencontres, je ne vois pas qui d’autre que l’entraîneur peut être le responsable. Mais pour en revenir à votre question et comme je l’ai déjà dit, s’il y a bien une chose qui ne me fait pas peur, c’est d’être licencié. Que ce soit aussi bien à Sion qu’ailleurs. Cela fait partie de la vie. Cela fait partie de mon job. Dans le foot, nous sommes jugés sur les résultats. S’ils ne sont pas au rendez-vous, le responsable doit s’en aller. Dans ma carrière, que ce soit en tant que joueur ou en tant qu’entraîneur, j’ai vécu de bons moments et d’autres plus compliqués. Mais cela arrive à tout le monde. Même aux meilleurs techniciens du monde. Donc non, je ne pense pas à ce risque de perdre ma place. Tout ce qui m’importe aujourd’hui, c’est de donner mon maximum et de faire en sorte que mes joueurs le fassent aussi.

Christian Constantin a quitté le stade dès la 30ème minute face à Saint-Gall. Avez-vous eu une discussion avec durant la semaine?
Non, je ne lui ai pas parlé.

Maintenant, une réaction est attendue à Lugano. Un adversaire toujours difficile à manœuvrer…
C’est vrai. C’est une équipe qui nous a posé des problèmes les deux fois qu’on les a affrontés depuis que je suis là. Ils font un très bon championnat, ils ont un style de jeu efficace, des joueurs performants qui sont là depuis plusieurs années. On ne s’attend vraiment pas à un match facile dimanche. Mais on sait aussi que l’on a livré de bonnes prestations face à des équipes du haut de classement cette saison. Qu’on a su faire jeu égal avec elles. Et vous savez, ma vision du foot est toujours la même: l’important, c’est de se concentrer sur nous-mêmes et non sur l’adversaire.

«Notre prestation lors des deux derniers matches contre Lugano me reste en travers de la gorge.»Paolo Tramezzani

Vous avez évoqué les deux derniers affrontements face à Lugano (ndlr: défaites 2-0 et 3-0). Si l’on vous dit que ce sont les deux moins bonnes prestations du FC Sion sous vos ordres…
(Il coupe) Je suis totalement d’accord. Plus que le résultat de ces rencontres, la prestation que l’on a livrée me reste en travers de la gorge.

Qu’est-ce qu’il faudra changer pour éviter de revivre ça dimanche?
Il faudra être plus organisés, limiter leur champ d’action et prendre le jeu à notre compte.

Avec les suspensions de Filip Stojilkovic et Giovanni Sio, il vous faudra repenser votre attaque…
Vous pouvez rajouter Itaitinga (ndlr: blessé) à la liste. On n’a vraiment pas été épargnés ces derniers temps dans le secteur offensif. Depuis le début de la semaine, on a testé plusieurs solutions différentes et on continuera de le faire jusqu’à ce que je fasse mon choix final.

Vous n’êtes donc pas encore au clair sur qui sera titulaire en pointe?
Non. Mais c’est la même chose chaque semaine. Je teste d’abord toutes les idées que j’ai en tête et plus le match approche, plus je suis convaincu de quelle est la meilleure solution.

La solution dimanche, elle peut s’appeler Guillaume Hoarau?
C’est une option. Comme le sont tous les joueurs offensifs à disposition.

CM
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