Un vent de fraîcheur a soufflé sur le Freeride World Tour cet hiver. La saison 2021-2022 s’est terminée en apothéose samedi à Verbier, lors de l’Xtreme, traditionnel rendez-vous de clôture. Principaux exemples du renouveau, les victoires des rookies helvétiques, Maxime Chabloz et Sybille Blanjean. Des rideurs qui effectuaient pourtant leurs premières apparitions au plus haut niveau. Ce qui ne les a pas empêchés de briller.
« Le freeride est une discipline saine, avec un grand vivier de compétiteurs. » Nicolas Hale-Woods
Est-ce à dire que le niveau global de l’élite n’est pas si élevé ? Ou alors que les jeunes, qui doivent franchir de très nombreux paliers pour arriver au sommet, sont déjà mûrs quand ils débarquent sur le circuit principal ? Le boss du Freeride World Tour, Nicolas Hale-Woods, penche plutôt vers la deuxième option. « Une athlète comme Sybille Blanjean a effectué toutes ses classes en juniors puis sur le Qualifier. Elle cumule, après ses débuts en ski alpin, près de sept ans de compétition. Cela prouve que le freeride est une discipline saine, avec un grand vivier de compétiteurs. Cette progression est notre principale satisfaction. »
Le freeride, sport de niche, est en constante évolution. Autre aspect surprenant, les athlètes sont de plus en plus polyvalents, à l’image de Maxime Chabloz qui pratique aussi le kite-surf à haut niveau. « La polyvalence amène une certaine balance, constate Nicolas Hale-Woods. Cela permet à des athlètes comme Maxime de trouver un équilibre et de ne pas penser qu’au ski douze mois sur douze. » Cet équilibre se traduit par une dose supplémentaire de créativité.
« La polyvalence amène une certaine balance. Cela permet aux athlètes de trouver un équilibre. » Nicolas Hale-Woods
Le boss du FWT complète. « Ce qu’il a appris en kite l’aide pour le ski. D’autres font du VTT ou du surf. Cela prouve aussi qu’on a un magnifique terrain de jeu en Valais. » Ce n’est donc pas un hasard si une nouvelle fois les finalistes du Tour se sont affrontés amicalement jeudi soir passé sur la vague artificielle de Sion. La complémentarité est toute trouvée.
Admiratif de ces sportifs aux multiples talents, Nicolas Hale-Woods voit d’un bon œil cet apport de créativité. Il dresse aussi, en plusieurs points, un bilan très positif de cette saison 2021/2022 marquée par quelques nouveautés. « Il y a plein d’aspects réjouissants, note-t-il. Le premier, c’est la capacité d’adaptation des rideurs aux conditions difficiles. Ils arrivent à démontrer leur technique et leur préparation en toutes circonstances. »
« Je retiens surtout l’apport de cette New Generation, de ces jeunes qui bousculent les anciens et qui les motivent aussi. » Nicolas Hale-Woods
Sur le Bec des Rosses, comme sur d’autres étapes, le manque de neige s’est fait sentir. Les concurrents, conscients du problème, s’en sont rarement plaints. « Le nouveau format à Fieberbrunn a également été très apprécié, poursuit Nicolas Hale-Woods. Avec ces deux runs, il y a la possibilité de faire des essais. Cela permet au sport de progresser. Enfin, je retiens surtout l’apport de cette New Generation, ces jeunes qui bousculent les anciens et qui les motivent aussi. »
Cette nouvelle génération, qui frappe à la porte, bouscule aussi les codes. Revendications écologiques, égalité homme-femme (soit au niveau des primes, soit au niveau de la difficulté des épreuves), de nombreux thèmes sont régulièrement mis sur la table par ces athlètes qui veulent faire changer les mentalités et leur sport de l’intérieur. Avec çà et là, quelques polémiques à la clé. Parfois pointé du doigt, ou en tout cas chatouillé sur certaines de ses décisions, Nicolas Hale Woods se défend, en assurant que ces questions sensibles ne représentent pas un problème. « Cela ne nous agace pas du tout, affirme-t-il. Depuis le début de l’Xtreme on parle avec les athlètes. Ce sont eux qui dirigent, ou du moins qui donnent la voie à suivre. Car ce sont eux qui connaissent le mieux leur sport. »
« Nous avons une commission d’égalité des genres. Le but à terme c’est de faire éclore encore plus de talents féminins. » Nicolas Hale-Woods
Le dialogue existe donc, à en croire le patron du FWT. Reste à concrétiser certaines actions. « Nous avons une commission d’égalité des genres. Le travail est productif. Le but à terme c’est de faire éclore encore plus de talents féminins. De ce point de vue, la victoire de Sybille Blanjean est un excellent exemple pour toutes les jeunes filles qui rêvent de faire cette discipline. » En ce qui concerne les aspects écologiques, la grande machine du Freeride World Tour est en pleine réflexion. Les voyages sont déjà compensés. Une analyse fine de l’impact carbone des diverses manifestations est sur le point d’être réalisée. Ces éléments, une fois chiffrés, serviront peut-être à implanter de nouvelles mesures.