Jean-Albert Ferrez: «Il y a un vrai engouement pour le rallye en Valais»

La semaine dernière, Cédric Borboën a annoncé son retrait de la direction du rallye du Valais. Un comité de sept personnes s’est constitué pour lui succéder, dont Jean-Albert Ferrez. Pilote amateur, l’ancien président du Grand Conseil assumera le rôle de coordinateur. Interview.

Jean-Albert Ferrez, vous êtes le nouveau coordinateur du Rallye du Valais. Comment vous êtes-vous retrouvé à ce poste ?
Je précise tout d’abord que nous sommes une équipe de sept personnes dans le comité, sans hiérarchie. Comme les six autres sont beaucoup plus expérimentées que moi dans l’organisation de manifestation automobile, il est vrai que mon rôle sera d’assurer le lien avec les autorités cantonales, communales et les partenaires institutionnels. 

Avec quelles motivations personnelles pour vous investir ?
Je suis passionné de voiture depuis toujours, passionné aussi de compétition automobile. Je roule sur circuit depuis plus de quinze ans. Et j’ai découvert le rallye l’année passée, en participant aux manches du Chablais et du Valais. Ça m’a beaucoup plu. Quand j’ai été contacté pour faire partie de l’équipe qui allait succéder à Cédric Borboën, j’ai été d’accord de leur donner un coup de main.

«L'édition 2022 sera prête à temps. Ça aurait été mission impossible si on repartait de zéro, ce qui n'est pas le cas.» Jean-Albert Ferrez, coordinateur du rallye du Valais

L’édition 2022 a lieu dans six mois déjà. Tout sera prêt à temps ?
Oui. Ça aurait été mission impossible si on repartait de zéro et avec des personnes qui n’avaient aucune expérience dans la compétition automobile en général et le rallye du Valais en particulier. Je le redis, ce n’est pas le cas avec l’équipe actuelle. On est sur une reprise dans la continuité et non sur une rupture.

L’ancien directeur général Cédric Borboën le répétait souvent: l’argent est compliqué à trouver pour organiser cette manifestation. Il y a deux éditions, le budget s’élevait à 1,2 million de francs; l’an dernier à 700'000 francs. Quid de 2022 ?
L’argent est le nerf de la guerre de toute activité, y compris sportive. Ce n’est pas nouveau, et j’imagine que Cédric Borboën le savait au moment de reprendre l’organisation. Les chiffres que vous articulez, qui sont corrects, font notamment référence à la 60e édition, en 2019, avec la présence de stars internationales et un contexte d’avant COVID. Aujourd’hui, les choses ont évolué et nous avons une ambition plus limitée pour cet automne, avec un rallye qui sera d’abord et avant tout une manifestation sportive, conçue et faite pour les équipages et les bénévoles. Il y aura probablement beaucoup moins d’évènementiel et d’activités autour de la compétition sportive. Ce qui réduit forcément le budget.

L’évènementiel représente pourtant près du 50% des rentrées financières du budget 2021. Vous allez faire une croix là-dessus ?
Si vous avez un rallye qui coûte deux fois moins et que vous enlevez la partie évènementielle, vous retombez sur vos bases.

Donc le budget 2022 s’élèvera à 350'000 francs ?
Non, ce ne serait pas suffisant considérant l’ensemble des contraintes techniques, humaines et logistiques. Un budget de l’ordre de 600'000 francs devrait nous permettre de boucler cette édition.

«Le format exact du prochain rallye du Valais n’est pas encore défini. Je ne peux pas garantir qu’il y aura des spéciales le jeudi.» Jean-Albert Ferrez, coordinateur du rallye du Valais

Une édition agendée les 13-14-15 octobre. La compétition s’étendra sur trois jours ?
Les dates que vous citez ont été communiquées depuis longtemps. Maintenant, le format exact du rallye n’est pas encore défini. Dans un rallye, il y a bien sûr les épreuves spéciales, mais il y a également beaucoup d’activités annexes (contrôle technique, rassemblement des équipages, etc.). Donc il y aura de l’activité dès le jeudi. Mais je ne peux pas garantir qu’il y aura des spéciales le jeudi. 

On pourrait donc voir le rallye se réduire sur deux jours?
Je n’aime pas le mot «réduire», qui donne l’impression qu’on fait un rallye au rabais. Le rallye du Valais est le plus beau rallye de Suisse, voire du monde. Et ce sera un vrai rallye, même s’il devait se tenir sur deux jours. 

Et sans le championnat d’Europe des véhicules historiques. Cela signifie le retour de la mythique spéciale du col des Planches ?
En effet, le rallye du Valais ne figure pas au calendrier du championnat européen des véhicules historiques. Par contre, il n’y a pas de lien avec le choix des épreuves spéciales, qui est l’affaire du directeur de course.

L’an dernier, la spéciale du col des Planches a été amputée de ses portions de terre car ce championnat ne se dispute que sur l’asphalte…
Oui, le lien existe dans ce sens. Mais cela ne veut pas dire que si on n’a pas ce championnat, on va forcément passer par le col des Planches. Le détail des spéciales sera communiqué en temps utile.

«L’impact écologique d’une compétition comme le rallye du Valais est moins important que si les pilotes qui y prennent part devaient aller faire des courses ailleurs.» Jean-Albert Ferrez, coordinateur du rallye du Valais

Le rallye ne jouit pas toujours d’une image positive dans la société. Êtes-vous confiant pour l’avenir de la manifestation dans ce trend actuel, notamment écologique ?
Si je ne l’étais pas, je n’aurais pas accepté le poste. Il est certain que si on fait une opposition frontale entre une voiture de compétition qui passe et un champ de fleurs avec des abeilles qui butinent, on est sur deux conceptions totalement différentes. Mais l’impact écologique d’une compétition comme le rallye du Valais est moins important que si les pilotes qui y prennent part devaient aller faire des courses ailleurs. Surtout, la technologie évolue énormément. Les voitures actuelles n’ont plus rien à voir avec les véhicules de l’époque. Les progrès en matière de consommation et d’émission faits grâce à la compétition servent à améliorer l’impact écologique de l’ensemble de la circulation automobile.

A moyen terme, quelle est votre vision pour le rallye du Valais ?
Si on arrive à faire en sorte qu’il perdure, on aura déjà franchi un premier cap, car la période n’est pas facile. Ensuite, il faudra pérenniser l’épreuve qui conclut chaque année le championnat suisse. Enfin, ce rallye offre aux jeunes pilotes et co-pilotes – et dieu sait s’il y en a des talentueux en Valais – une première opportunité de se confronter au milieu et de rencontrer des pilotes plus expérimentés.

«La question d’un rapprochement avec le rallye du Chablais est pertinente. Elle est dans l’air, mais pas d’actualité.» Jean-Albert Ferrez, coordinateur du rallye du Valais

Quelle est votre position sur le potentiel rapprochement, voire plus, avec le rallye du Chablais ?
J’ai appris au cours de ma carrière professionnelle à régler les problèmes les uns après les autres. On a déjà suffisamment de travail pour l’édition de cette année. Laissez-nous réaliser cette transition. Mais la question d’un rapprochement est pertinente. Elle est dans l’air, mais pas d’actualité. On se la reposera en temps utile. Après, sur le terrain, les collaborations opérationnelles existent depuis bien longtemps. 

On en revient à l’argent. Les deux épreuves vont souvent frapper aux mêmes portes, sur un secteur économique restreint…
Ce n’est pas faux. Mais il y a un tel engouement pour le sport automobile en Valais que le potentiel de soutenir deux manifestations qui ont lieu à six mois d’écart existe.

JG
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