Fabio Celestini: «Transformer de potentiels sifflets en applaudissements ne dépend que de nous»
L’ère Fabio Celestini est lancée au FC Sion. Après avoir rencontré ses joueurs ce lundi matin, le technicien vaudois s’est présenté à la presse dans son nouveau costume en début d’après-midi au Stade de Tourbillon. L'occasion de rappeler ses idées de jeu et d'affirmer ses ambitions en Valais.

L'heure de la rentrée des classes a sonné pour le FC Sion. En vacances depuis un mois et leur défaite historique devant Saint-Gall (2-7), les Valaisans se sont retrouvés ce lundi matin pour effectuer une batterie de tests physiques. Ils prendront mardi la direction de la vallée de Joux pour un stage d'oxygénation de trois jours. À leur tête: un nouveau visage en la personne de Fabio Celestini. Nommé en remplacement de Paolo Tramezzani, le technicien vaudois s’est présenté devant la presse en début d’après-midi dans sa nouvelle maison: le Stade de Tourbillon.
Fabio Celestini, pourquoi avoir accepté de reprendre les rênes de ce FC Sion?
Parce que le challenge qui m’est proposé est merveilleux. Parce que j’ai toujours dit que je me devais de travailler un jour avec la famille Constantin. Parce qu’on a toujours tourné autour du pot sans trouver le bon moment pour unir nos destins. Je ne pensais pas forcément que ce moment arriverait maintenant car jusqu’au dernier match avant la pause, l’équipe pouvait encore prétendre à la 4ème place. Lorsque le président m’a appelé, j’ai analysé la situation et je me suis dit ça y est, c’est cette fois. C’est cette fois car aujourd’hui, 24 ou 25 joueurs composent le contingent de la première équipe alors qu’ils étaient 30 ou 40 il y a quelques temps. C’est beaucoup plus facile de travailler dans ces conditions. Je sais que le FC Sion se trouve à la 8ème place du classement mais je sais aussi que seulement cinq points nous séparent du 2ème rang. Il y a un quart de finale de Coupe à jouer, un staff compétent qui est en place donc tout était réuni pour que ça se fasse. J’ai toujours voulu entraîner ici en Valais avec la passion que l’on connaît. Tout ça fait donc que cette fois, c’était le bon moment.
«Je suis excité à l’idée de vivre de l’intérieur la ferveur qui règne ici et qui n’existe pas à Lausanne.» Fabio Celestini
Donc aucun mot n’a été nécessaire pour convaincre le Vaudois que vous êtes de vous engager ici?
(Rires) J’ai entraîné Lausanne, j’ai entraîné Lugano et j’ai entraîné Lucerne. Je suis donc un entraîneur suisse. J’ai la chance de me sentir à la maison dans toutes les régions du pays. Même s’il y a eu beaucoup de tensions lors de derbys entre Lausanne et Sion, je crois qu’à la fin, on s’aime bien. On sait tous que l’un sans l’autre, ce ne serait pas rigolo. Aujourd’hui, je le répète mais je suis excité à l’idée de vivre de l’intérieur la ferveur qui règne ici et qui n’existe pas à Lausanne. Et puis bon, je vis à Chamoson, je suis immatriculé VS, j’aime le fendant et la raclette, c’est pas mal pour un Vaudois, non?
La présence au FC Sion de Pablo Iglesias que vous avez côtoyé à Lausanne, ça facilite aussi votre adaptation?
C’est un avantage dans la mesure où Pablo me connaît. Il me connaît extrêmement bien que ce soit en tant qu’entraîneur ou en tant qu’homme. Mais je le précise: ce n’est pas lui qui m’a fait venir ici. La seule personne que j’ai eu au téléphone avant de m’engager, c’est le président. Après, évidemment que savoir que j’ai quelqu’un au sein du club en qui je peux avoir confiance à 150% et qui fera toujours tout pour me mettre dans les meilleures conditions, c’est intéressant.
«Ma famille, c’est mon équipe et mon staff.» Fabio Celestini
Entre votre départ de Lucerne et votre engagement à Sion, il s’est passé près d’une année jour pour jour. C’est long douze mois pour un entraîneur…
Je dirais que les deux, trois derniers mois ont commencé à être longs mais avant ça allait. Vous savez, en général, j’ai la tête dans le guidon. Quand je suis en poste, ma famille c’est mon équipe et mon staff. Je ne fais rien d’autre que travailler. J’ai donc profité durant plusieurs mois de faire tout ce que je n’ai pas l’habitude de faire. Se dégager l’esprit, ça fait du bien à un coach de temps en temps. J’ai donc voyagé, j’ai profité de mes enfants, je suis allé trouver ma famille en Italie…et j’ai aussi analysé les matches de mon FC Lucerne. J’y ai fait de bonnes choses mais j’en ai aussi manqué certaines autres. Je voulais comprendre ce que je pouvais améliorer en vue de la suite. J’ai pris le temps de travailler là-dessus mais au final, une chose me démangeait cet automne: être sur le terrain avec les gars.
Vous avez aussi pris le temps d’analyser les performances du FC Sion au 1er tour. Qu’est-ce que vous en avez retiré?
Que c’est une équipe qui a été constante dans la performance. Le problème, c’est qu’il y a eu une première partie de saison lors de laquelle tous les détails tournaient en sa faveur et une seconde où tout s’est inversé. Tout allait de travers. C’est difficile d’expliquer pourquoi mais ce n’est en tout pas une question de malchance. Quelque chose a manqué après la pause internationale. Je ne sais pas s’il y a eu un événement en particulier à ce moment et je ne suis pas là pour juger ce qui a été bien fait ou mal fait. Tout ce que je peux affirmer, c’est que tout n’était pas à jeter. Paolo (ndlr: Tramezzani) a mis l’accent sur l’aspect défensif et c’est vrai que je suis un peu tout le contraire (rires). Mais à peu de choses près, le premier tour du FC Sion aurait été qualifié de bon et il y aurait eu de grandes chances que je ne sois pas devant vous aujourd’hui.
«Mon job sera de proposer quelque chose qui amène le public à Tourbillon. Les gens doivent voir que les joueurs sont concernés à 120% par le projet.» Fabio Celestini
Vous êtes le contraire de Paolo Tramezzani, vous le dites. Du coup, on aura droit à un FC Sion emballant, offensif sous vos ordres?
Je l’espère. C’est en tout cas le style que j’ai essayé de mettre en place partout où je suis passé. Mon Lausanne ne jouait pas de la même manière que mon Lugano ou mon Lucerne mais l’idée de base restait la même. On a toujours marqué beaucoup de buts. Ici, il y a vraiment la qualité pour bien faire. Il y a de la vitesse, des joueurs d’expérience, des jeunes talentueux: on a tout pour bien travailler. Mon job sera non seulement d’avoir du succès mais aussi de proposer quelque chose qui amène le public à Tourbillon. Ça passe par un jeu offensif mais aussi par un état d’esprit irréprochable. Les gens doivent voir que les joueurs sont concernés à 120% par le projet. Transformer de potentiels sifflets en applaudissements ne dépend que de nous.
On a envie de vous croire et de vous suivre mais ce type de discours a déjà été entendu dans le passé et Tourbillon n’est toujours pas (re)devenu une forteresse imprenable…
(Il sourit) Écoutez, moi je ne peux parler que de mes expériences puisque je n’ai jamais entraîné Sion. À Lausanne, j’ai repris une équipe qui était avant-dernière de Challenge League alors qu’elle était la favorite du championnat. La Pontaise était alors presque vide. Durant les trois ans qui ont suivi, mon LS était caractérisé par son beau jeu, son style offensif et parfois même téméraire. Avec peu de moyens, on a réussi à faire se lever cette Pontaise plusieurs fois. On a battu Bâle, on a battu YB, on a battu tout le monde… Lugano n’est pas non plus un temple de l’enthousiasme et pourtant on y a joué un foot qui a donné du plaisir aux gens. Chacun de nous s’est régalé. Idem à Lucerne où tout le monde me disait qu’ils n’avaient jamais vu leur club jouer comme ça avant. J’ai bon espoir de faire pareil ici à Sion et je suis convaincu d’avoir l’équipe pour. Si je n’y arrive pas, je serai le premier responsable.
Reprendre une équipe en cours de saison cette année, est-ce que c’est plus facile que jamais auparavant?
Oui. À Lausanne et Lugano, j’ai à chaque fois repris l’équipe le mardi et on avait un match le dimanche. Là, j’ai six semaines pour apprendre à connaître tout le monde et mettre en place mes idées. Depuis ma nomination, je suis chaque jour à Martigny pour m’imprégner de la dynamique du club. Maintenant, j’ai le temps d’inculquer ce que je veux à mes joueurs et créer cet état d’esprit qui doit nous apporter du succès d’ici au mois de juin.
«Pour que ça se passe bien, il faudra que Balotelli le veuille bien.» Fabio Celestini
En signant à Sion, vous vous retrouvez à la tête d’une équipe qui compte dans ses rangs un certain Mario Balotelli…
Effectivement et vous dire que ça ne change rien à mon travail serait faux. En Suisse, il n’est pas normal d’avoir à disposition un tel joueur. Je suis le seul à avoir cette chance. Maintenant, pour que ça se passe bien, il faudra que Mario le veuille bien. Je ne discute pas de ses qualités techniques, on voit bien qu’à chaque fois qu’il touche la balle il peut se passer quelque chose. Le truc, c’est qu’il faut réussir à l’unir au groupe. L’équipe doit se synchroniser avec lui mais lui doit aussi se synchroniser avec l’équipe. Entraîner un joueur comme lui est donc une formidable opportunité mais il y a ces guillemets. L’important est d’avoir une dynamique de groupe. Que l’on soit tous inconditionnels les uns avec les autres.
De mardi à vendredi, Fabio Celestini aura l’occasion de faire plus amplement connaissance avec son groupe à l’occasion d’un camp de trois jours du côté du Sentier et de la vallée de Joux. Un camp «sans football» visant avant tout à tisser ou renforcer les liens auquel ne participera pourtant pas Mario Balotelli qui dispose d’un «programme spécial» avant de le début du travail sur le terrain la semaine prochaine. Engagés en équipe nationale après la fin du championnat, le gardien Heinz Lindner et le défenseur Nathanaël Saintini disposent eux d’une semaine de congé supplémentaire.
Fabio Celestini, signer pour six mois, c’est court et long à la fois en tant qu’entraîneur du FC Sion…
(Rires) Honnêtement, ça va vous paraître bizarre mais je ne me suis jamais senti aussi bien dans la tête. J’en ai d’ailleurs parlé avec des amis l’autre jour. Normalement, on préfère avoir un an et demi ou deux ans de contrat mais en fin de compte, à chaque fois que j’ai signé dans un club, mon aventure s’est achevée avant la fin de mon bail. Vous savez, dans le football, 99% des coachs ne finissent par leur contrat. Aujourd’hui, je me sens en mission et je suis excité à l’idée de la mener à bien.
Cette mission, c’est celle de ramener la Coupe «à la maison»…
Ce serait exceptionnel. Les autres équipes ne vont pas nous faire de cadeau mais on est en quarts donc tout est possible. Ce serait fantastique pour nous car gagner un titre à Berne ou à Bâle n’a pas la même saveur qu’ici. Ils en ont l’habitude. J’ai remporté la Coupe avec Lucerne et encore aujourd’hui, on me remercie d’avoir offert ce trophée à un club qui l’attendait depuis 30 ans. Pouvoir l’offrir cette fois à tout le Valais, à la famille Constantin, ce serait beau. Ce Canton mérite que l’on donne tout pour la ramener.
Débarqué au début de l’été en Valais au poste nouvellement créé de directeur du football, Pablo Iglesias connaît parfaitement bien Fabio Celestini. Tous deux ont œuvré ensemble au Lausanne-Sport dans le passé, l’un comme directeur sportif, l’autre comme entraîneur. Le dirigeant nous parle donc du nouvel homme fort de Tourbillon.
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