Punir les riches pour sauver le climat ? Une fausse bonne idée selon le monde économique valaisan
Punir les riches ne sauvera pas le climat : la mobilisation contre l’initiative “Pour l’avenir” s’organise en Valais. Les partis de droite et milieux économiques dénoncent un impôt fédéral sur les successions jugé “confiscatoire”. Mais surtout dangereux pour l’emploi et la prospérité cantonale.

"Taxer les riches ne résoudra pas les problèmes du climat. Pire, la démarche se répercutera sur votre propre porte-monnaie." Le ton est donné à Sierre, où une alliance politique large a lancé ce mardi sa campagne contre l’initiative “Pour l’avenir”.
Le texte, soumis au vote le 30 novembre, propose en effet de prélever 50 % sur la part d’héritage dépassant les 50 millions de francs, pour financer la politique climatique et réduire les inégalités. Sachant que les 50 premiers millions ne seraient pas concernés.
Pour ses opposants, du Centre à la droite en passant par les milieux économiques, le projet de la Jeunesse socialiste introduirait un impôt “punitif” et “confiscatoire”, dangereux pour l’emploi et la prospérité du canton.
Des entreprises familiales menacées
Les représentants du monde économique redoutent que la mesure ne touche de plein fouet les PME familiales, dont la fortune est souvent immobilisée dans les infrastructures ou les stocks.
Exemple chez Philippe Rouvinez, membre de la direction du domaine éponyme à Sierre. "Notre fortune est investie à plus de 95 % dans l’entreprise. Ce sont des vignes, des bâtiments, du stock. Pas des liquidités", souligne-t-il. "un tel impôt nous contraindrait, au mieux, à freiner lourdement nos investissements - qui sont tout de même de six millions par année pour la région, avec tout le cercle vertueux qui l'accompagne. Au pire, à vendre une partie de nos actifs pour s’en acquitter".
Qui paiera quand les riches se délocaliseront?
Plus largement, le comité craint un effet de délocalisation des grandes fortunes, qui priverait la Suisse de contribuables importants. "Les initiants sous-estiment la mobilité et la capacité d'adaptation rapide des grosses fortunes", analyse Vincent Riesen, directeur de la Chambre valaisanne de commerce et d’industrie. "Cette couche de la population aura les moyens de contrer cette mesure en trouvant des arrangements à l'étranger".
La mesure pourrait à terme “retomber sur les classes moyennes”, appelées à combler le manque à gagner fiscal.
Une initiative jugée idéologique
Enfin, les opposants estiment que la politique climatique suisse doit rester fondée sur l’incitation et l’innovation plutôt que sur la taxation. “Priver les entreprises de capital pour la recherche et le développement serait un autogoal”, estime Vincent Riesen.
Le comité dénonce encore un projet “centralisateur”, qui retirerait aux cantons leur autonomie fiscale. Pour ses membres, le débat sur la transition climatique ne doit pas se transformer en lutte idéologique contre la réussite économique.
