Zoé Macgeorge, enfant des neiges sur le toit du monde
Zoé Macgeorge. Ce nom, aux origines écossaises, ne vous dit peut-être rien aujourd’hui mais demain, les choses pourraient changer. Ce nom, c’est celui d’une jeune fille de 17 ans, freerideuse résidente de Vercorin, qui présente déjà un palmarès très fourni malgré son jeune âge. Portrait.
La jeune Valaisanne est une vraie enfant des neiges. Dès 2 ans, elle était déjà sur les skis et très vite, elle s’est rendue compte que le snowboard la faisait davantage vibrer que les lattes. Après avoir reçu l’aval de ses parents de changer de sport vers l’âge de dix ans, Zoé Macgeorge ne s’est très rapidement pas contentée de descendre les pistes balisées. Il faut dire qu’en vivant dans le Val d’Anniviers , elle était pratiquement prédestinée à faire du freeride: «À Vercorin, il y a vraiment toute une culture de cette discipline. La raison est très simple, on a vraiment de bons spots, très sécurisés et pas trop raides. J’ai vraiment appris toutes les bonnes bases du snowboard et je me suis toujours bien amusée dans la poudre. Et à 14 ans j’ai fait ma première compétition à Verbier et j’ai tout de suite accroché. J’ai aimé le fait de repousser mes limites et de rentrer dans tout cet esprit de compétition.»
Sur le toit du monde
À 17 ans, Zoé Macgeorge s’aligne pour l’heure en catégorie juniors («L’année prochaine je serais en qualifiers»). Une catégorie dans laquelle elle multiplie les distinctions depuis ses débuts en compétition. Trois titres de championne suisse, deux de championne d’Europe et un, le graal, de championne du Monde. Un titre mondial acquis en début d’année du côté de Kappl en Autriche. «Lorsque j’y repense, c’est vraiment le plein d’émotions pour moi», avoue-t-elle. «C’était une journée vraiment super, on avait des conditions de rêve avec le soleil qui brillait et trente centimètres de neige fraîche sur la face. Celle-ci n’était pas si compliquée que ça, elle était vraiment «joueuse» et j’ai adoré la descendre, il y avait vraiment beaucoup de sensations.»
«Je me suis dit: attends, mais là tu es bien placée pour gagner!»Zoé Macgeorge
Très humble et avec toute l’innocence qui peut caractériser une jeune fille de son âge, cette étudiante en sports-études à Brigue ne pensait pas à la gagne une fois son run terminé: «En fait, j’ai pour habitude de me concentrer essentiellement sur ce que je fais, être contente de ma performance sans trop me soucier des résultats. Mais là, comme il y avait des concurrentes qui devaient encore passer derrière moi, j’ai dû m’asseoir dans le fauteuil de leader et c’est là que je me suis dit «attends, mais tu es bien placée pour gagner là!» Dans ces moments, c’est en prenant du recul que tu te rends compte que ça s’est vraiment passé. Mais bon, je vous avoue quand même qu’aujourd’hui encore, j’ai parfois de la peine à y croire… »
Le temps de prendre du recul, Zoé Macgeorge en a eu, assise dans son fauteuil de leader, durant les minutes suivant son passage: «C’était vraiment très long oui! Mais encore une fois, j’étais avant tout contente de ce que j’avais fait et si quelqu’un avait fait encore mieux par après, j’aurais été heureuse pour elle.» Pas certain qu’en pareille situation, tout le monde aurait réagi avec autant de fair-play que l’Anniviarde.
Un coach aux allures de grand frère
Pour l’aider à progresser et à repousser encore un peu plus ses limites, Zoé Macgeorge peut profiter des conseils de son entraîneur, Emilien Badoux, qui avait remporté le Freeride World Tour en 2014. «Il est un peu comme un grand frère pour moi. Depuis toute petite, je regarde ses runs, j’ai toujours dit qu’il était un modèle pour moi, qu’il représentait ce que je voulais devenir plus tard. C’est donc vachement cool de travailler avec lui, il me motive énormément et il m’aide aussi beaucoup sur le côté mental et l’approche des compétitions», reconnaît la jeune freerideuse.
«Estelle est toujours à mes côtés»Zoé Macgeorge
Outre son entraîneur, Zoé Macgeorge reconnaît avoir puisé son inspiration grâce à une autre jeune femme, valaisanne elle-aussi et championne du monde de freeride : Estelle Balet, malheureusement partie trop tôt, emportée par une avalanche en 2016: «Elle m’a énormément inspiré lorsque j’étais plus jeune et même maintenant, à chaque fois que je prends le départ d’un run, il y a toujours une pensée pour elle, je sens qu’elle est à mes côtés.» Le 30 janvier dernier, Zoé Macgeorge est ainsi convaincue qu’une petite étoile nommée Estelle Balet l’a accompagnée tout au long de la journée et l’a portée vers ce titre mondial. Et gageons que de là où elle est maintenant, son aînée était fière et a vibré pour elle.
Des plans modifiés par le covid
Comme l’ensemble du monde du sport, Zoé Macgeorge a été cette année confrontée au coronavirus, une pandémie qui l’a obligée à revoir une bonne partie de ses plans. «Deux grandes compétitions ont été annulés, la Nendaz Freeride et la finale qui devait se dérouler à Verbier donc c’était forcément assez frustrant. Après, concernant les entraînements, je dois reconnaître que ça n’a pas changé grand-chose. Je fais beaucoup de séances «pour moi», que ce soit de la condition physique ou de l’équilibre sur une slackline. Maintenant, beaucoup de questions se posent concernant l’année prochaine et le déroulement de la saison.»
«Un grand projet qui tombe à l’eau»Zoé Macgeorge
Le virus a également contraint l’Anniviarde à faire l’impasse sur un voyage à l’autre bout du monde. «C’était un grand projet qui était de partir deux mois en Nouvelle-Zélande pour y profiter des excellentes conditions de neige. Malheureusement, c’est quelque chose qui tombe donc à l’eau. C’est très frustrant car je sais que je me serais éclatée mais je me dis que ce sera pour l’année prochaine et que ce sera tout aussi bien ainsi.»
L’objectif de se battre avec les grands
À 17 ans et avec le palmarès qui est déjà le sien, Zoé Macgeorge a une grande carrière qui s’offre à elle. Tout en humilité comme toujours, elle se fixe des objectifs concrets, sans trop se mettre de pression non plus. «J’espère bien sûr faire à nouveau de bons résultats, de bons runs et m’éclater la saison prochaine. Et pour un avenir à plus long terme, je vise forcément le Freeride World Tour et je ferais tout pour me battre avec les grands!»
Zoé Macgeorge, un nom dont il faudra s’habituer à l’avenir tant on ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas réaliser ses rêves, aussi grands soient-ils. Pour elle mais aussi pour son étoile tout là-haut. Une étoile nommée Estelle.