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Vidange du barrage des Toules : le canton et le WWF portent plainte

En mars 2024, la vidange autorisée du barrage des Toules dans le Val d'Entremont avait causé une perte massive de poissons et entraîné de gros dégâts dans la Dranse. Le canton et le WWF Valais ont déposé plainte. DransEnergie et les Forces Motrices du Grand-St-Bernard sont pointées du doigt.

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Nathalie Terrettaz
Nathalie Terrettaz, Rédaction Rhône FM
04 déc. 2024, 06:00
/ Màj. le 04 déc. 2024 à 16:15
Le barrage des Toules photographié le 25 mars 2024 avec un bas niveau d'eau, à la suite de sa vidange.
Le barrage des Toules photographié le 25 mars 2024 avec un bas niveau d'eau, à la suite de sa vidange. © KEYSTONE/ VALENTIN FLAURAUD
Des dépôts de sable et de sédiments se sont accumulés dans la Dranse à la suite de la vidange du barrage des Toules.
Des dépôts de sable et de sédiments se sont accumulés dans la Dranse à la suite de la vidange du barrage des Toules. © KEYSTONE/ VALENTIN FLAURAUD
La Dranse photographiée le 25 mars 2024, à la suite de la vidange du barrage des Toules.
La Dranse photographiée le 25 mars 2024, à la suite de la vidange du barrage des Toules. © KEYSTONE/ VALENTIN FLAURAUD
Les dépôts de sable et de sédiments ont tué toute vie dans la Dranse, selon le WWF Valais.
Les dépôts de sable et de sédiments ont tué toute vie dans la Dranse, selon le WWF Valais. © KEYSTONE/ VALENTIN FLAURAUD
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Le WWF parle d'un désastre écologique. La vidange du barrage des Toules, près de Bourg-St-Pierre, avait débuté le 4 mars pour des raisons de sécurité, soit permettre l'utilisation de la vanne en cas de crue. Le niveau d'eau s'était abaissé progressivement jusqu'au matin du 6 mars. Mais ce jour-là, les derniers litres lâchés contenaient plus de sédiments que prévu.

Propriétaire et exploitant du barrage mis en cause

Le dernier jour de la vidange, les taux de concentration de sable dans l'eau de la Dranse, prévus par la législation fédérale, ont été largement dépassés, provoquant un manque d'oxygène et tuant toute vie au passage. Mis en cause dans cette affaire : les Forces Motrices du Grand-St-Bernard, propriétaire du barrage, et DransEnergie, la société qui l’exploite.

Le Service de l'environnement et le Service vétérinaire portent plainte

Contactée, Christine Genolet Leubin, cheffe du Service de l’environnement, nous le confirme : son service, ainsi que le Service vétérinaire cantonal ont déposé une dénonciation pénale le 30 septembre auprès du ministère public, pour d’éventuelles infractions à la Loi fédérale sur la protection des eaux et à la Loi fédérale sur la protection des animaux. 

"Nous avons déposé une dénonciation pénale auprès du ministère public pour d'éventuelles infractions aux lois fédérales sur la protection des eaux et des animaux." Christine Genolet Leubin, cheffe du Service de l'environnement

Le Service de la chasse, de la pêche et de la faune a également fourni tous les éléments utiles à l’instruction de ce dossier. La cheffe de service n'a pas pu nous donner davantage d’informations, étant donné la procédure pénale en cours. 

Sur 33 kilomètres, la Dranse serait la deuxième rivière la plus pêchée du canton. Selon les pêcheurs, également concernés par les conséquences de cette vidange, l'heure doit être à la réflexion et une solution doit être trouvée.

Un désastre écologique selon le WWF

Mais une autre plainte a été déposée dans cette affaire, celle du WWF. "De nombreuses personnes nous ont alertés sur l'état catastrophique de la Dranse à la suite de la vidange. Après avoir reçu quelques explications des exploitants du barrage des Toules, qu'il a fallu un peu soutirer, nous avons décidé de porter plainte", précise Marie-Thérèse Sangra, secrétaire régionale de l'organisation de défense environnementale.

"L'état de la Dranse est catastrophique : la législation n'a pas été respectée." Marie-Thérèse Sangra, secrétaire régionale WWF Valais

Selon Marie-Thérèse Sangra, ce dépôt de plainte intervient aussi parce que la législation demande aujourd'hui de revitaliser les cours d'eau. "Ce genre de mauvaise gestion ne doit plus être possible. Nous avons porté plainte contre DransEnergie et les Forces Motrices du Grand-St-Bernard. Pour nous, peu importe qui est responsable. Ce qui est important ici, c'est que la législation n'a pas été respectée : des manquements manifestes ont eu lieu, avec un impact grave sur l'état de la Dranse."

Gros dégâts sur la faune benthique

Marie-Thérèse Sangra parle de désastre écologique. La grande quantité de sédiments qui a dévalé dans la Dranse a colmaté le fond de son lit, sur pratiquement 30 km. "Les valeurs limites ont été dépassées dans l'eau. L'oxygène a disparu, cela a détruit les branchies et la faune piscicole est morte", indique Marie-Thérèse Sangra.

Plus important que la destruction des poissons pour le WWF, ce sont tous les dégâts causés ici à la faune benthique. "Ce sont toutes ces larves et ces insectes aquatiques qui vivent dans le fond de la rivière. Ils sont à la base de la chaîne alimentaire d'une multitude d'animaux : oiseaux, rongeurs et poissons. On évalue que sur une trentaine de kilomètres, une biomasse de 1,5 à 2 tonnes d'aliments qui ont disparu pour les autres animaux", regrette Marie-Thérèse Sangra.

Selon la secrétaire régionale du WWF, il faudra des dizaines d'années pour que la Dranse offre à nouveau un milieu favorable à la faune benthique.

"Tout a été détruit : il faudra des dizaines d'années pour que la Dranse offre à nouveau un milieu favorable à la faune." Marie-Thérèse Sangra, secrétaire régionale WWF Valais

Le propriétaire du barrage des Toules devra prendre en charge tous les coûts dus aux effets de cette vidange. Mais aussi les indemnisations pour la perte piscicole. Ce n’est pas la première fois qu’une vidange du barrage des Toules pose problème : en 2010 déjà, les indemnisations s'étaient montées à quelque 80'000 francs.

En mars 2024, les Forces Motrices du Grand-St-Bernard se disaient plutôt "sereines au regard de la loi", et en raison de "toutes les autorisations de vidange obtenues en bonne et due forme".

Contactées par Rhône FM, Dransenergie et les Forces Motrices du Grand-St-Bernard n’ont pas souhaité s’exprimer dans le cadre de ce dossier.

NT/ATS
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