Valais : baisse drastique du nombre de suicides durant le confinement
C'est une statistique qui peut surprendre. Durant la période de semi-confinement, le Valais a enregistré deux fois moins de suicides qu'habituellement. Comment l'expliquer ?
Les chiffres sont officiels, de la Police cantonale valaisanne. Durant la période du semi-confinement, il y a eu deux fois moins de suicides en Valais en comparaison avec l’année précédente. Entre le lundi 16 mars et le dimanche 31 mai 2020, 12 suicides ont été enregistrés. En 2019 à la même période, c'était 25. Stéphane Vouardoux, porte-parole de la Police cantonale le confirme.
Comment expliquer le phénomène ? Nous avons posé la question au docteur Stéphane Saillant, médecin-chef au Centre neuchâtelois de psychiatrie et vice-président du Groupe romand prévention suicide. Stéphane Saillant émet une hypothèse : «Il y a probablement eu un effet dû au confinement», explique Stéphane Saillant, qui poursuit : «Les gens ont évité de venir physiquement se faire soigner, ils sont restés chez eux, par peur de la contamination. A partir de là, pourquoi une diminution du nombre de suicides ? Peut-être en partie, mais en partie seulement, parce que justement les gens sont restés chez eux. Ils ont souffert chez eux, les suicides ne se seraient pas produits à ce moment-là». Ecoutez son analyse ici.
Alors forcément, la question se pose : si en Valais durant le confinement, il y a eu deux fois moins de passages à l’acte... Que va-t-il se passer ces prochains mois ? La crainte d'une augmentation de suicides est bien réelle. A La Main Tendue valaisanne, association qui propose un service d’aide téléphonique aux personnes en détresse, il a été constaté une forte hausse des appels en lien avec des idées suicidaires depuis le début juin, après le confinement. Bernard Métrailler, président de La Main Tendue valaisanne.
Une augmentation des suicides à venir ?
C’est paradoxal, mais c’est ainsi. La période du déconfinement est une phase cruciale selon les spécialistes. Pour le docteur Stéphane Saillant, «c’est possible qu’il y ait plus de suicides dans le post-confinement que durant la période de confinement, mais c’est beaucoup trop tôt pour pouvoir donner un avis très clair sur la question (...) Nous aurons une meilleure idée dans plusieurs mois. A ce moment-là, nous pourrons voir s’il y aura eu un «report» des suicides. Mais je le répète, nous n’en sommes qu’à l’état d’hypothèse». Ecoutez le médecin-chef au Centre neuchâtelois de psychiatrie et vice-président du Groupe romand prévention suicide.