Une initiative citoyenne à Sion s'attaque à l'enlaidissement du paysage
Fraîchement constituée à Sion, l'ONG Embellir entend dénoncer «les verrues sur le visage touristique» de nos contrées.
Fraîchement constituée à Sion, l'ONG Embellir entend dénoncer «les verrues sur le visage touristique» de nos contrées. Elle propose plusieurs plans d'action pour y remédier.
Il s’agit d’une initiative privée, qui se définit comme «citoyenne et apolitique» et ne revêt aucune connotation financière. Elle émane de Bernard Micheloud, entrepreneur et consultant pour les milieux touristiques. «On s'habitue à tout, même à la laideur. Mais il est nécessaire d'agir face aux multiples enlaidissements qui compromettent l'image d'un pays voué au tourisme. Souvent, et pour citer un exemple révélateur, on trouve des dépôts d'ordures en bordure des routes principales. C'est moche, mais c'est la triste réalité, alors qu'il suffirait souvent de peu de moyens et d'un peu de bon goût pour trouver des solutions plus harmonieuses.»
Et le Valaisan de souligner l'importance du paysage: «Il est là, nous procure de l'agrément, mais comme il ne peut être ni acheté ni vendu, on le considère comme un acquis et on le méprise au lieu de le respecter. Il s'agit pourtant d'un patrimoine que l'on peut quantifier en termes de retombées économiques. Les autorités communales ou cantonales s'efforcent de limiter les dégradations de l'environnement, mais cela ne suffit pas. C'est en faisant appel à toutes les bonnes volontés, des plus modestes aux entreprises les plus florissantes, que nous pouvons gagner ce combat. Améliorer un paysage, ce n'est pas faire du profit, mais faire preuve d'un vrai sens civique.»
L'ONG Embellir a même imaginé un concours annuel lancé à l'échelle nationale. Selon des critères bien définis, son jury décernera trois prix pour les embellissements de paysages les plus réussis: le Paon d'Or, le Paon d'Argent et le Paon de Bronze, le paon – qui figure sur le logo de la fondation – symbolisant ici une transformation majestueuse lorsqu'il déploie ses ailes. A contrario, le jury «infligera» aussi trois prix pour les enlaidissements les plus criards: le Paon Plumé, le Paon Désabusé et le Paon Désenchanté. «Ces animations auront le mérite de susciter le dialogue et d'éveiller des consciences», souligne Bernard Micheloud.
Basée à Sion, l'entité a l'ambition de se développer à travers des sections et des antennes régionales assumées par des bénévoles enthousiastes et en phase avec la philosophie originelle. «L'idée n'est pas de s'approprier le concept, de le «valaisaniser», mais de l'étendre, souligne son initiateur. A moyen terme, nous serions enchantés d'ouvrir une représentation à Lausanne, Genève ou ailleurs.»
Dans l'immédiat, cette initiative a déjà été saluée par Dominique de Buman, président de la Fédération suisse du tourisme: «Ces dégâts d’image qui nuisent stupidement aux objectifs de valorisation de la nature et de notre patrimoine bâti pourraient être évités par des campagnes de sensibilisation de l’opinion à grande échelle. Mais aussi par l’adoption de normes communales et cantonales élémentaires en matière de police des constructions et de choix des matériaux à utiliser, ainsi que par l’instauration de systèmes incitatifs qui promeuvent la recherche de l’harmonie visuelle. L’attractivité touristique de la Suisse et le confort de la population indigène auraient tout à y gagner.