Un musicien d’Odessa reconstruit sa vie en Valais. Parcours d’exil et de création
En Ukraine, il avait un appartement, un grand studio d’enregistrement et une carrière toute tracée de musicien. Puis il y a eu la guerre. Pasha a tout quitté, refusant les armes. Il vit aujourd’hui en Valais, de petit job en petit job, sans lâcher ses rêves musicaux. Rencontre et parcours atypique.
Peut-être l’avez-vous déjà vu sur scène dans la région, entonnant ses morceaux en anglais ou en ukrainien. Pasha fait partie de ces citoyens arrivés en Valais par la force des choses. Ceux qui tentent de se rebâtir une vie, dans la résilience. Loin du bras de fer qui se poursuit sur un éventuel plan de paix entre la Russie et l'Ukraine, rencontre.
Ethique et exil
Originaire d’Odessa, guitariste, chanteur, Pasha vivait de sa musique. Son nom de scène : OLDO. Il avait des collègues, un appartement, une voiture, et un grand studio d’enregistrement. Puis la guerre éclate.
Ce n’est pas le conflit en soi qui l’empêche de travailler. "J'avais assez pour continuer à faire ce que je faisais", confesse-t-il, "le problème, c'est ce qu'elle représente et ce qu'elle implique. C'est un jeu politique dégoûtant", confie-t-il. "Ce qui fait mon Ukraine, ce sont les gens. Et là, on en perd. Et trop que je connais. Des amis, des voisins. On n'a plus la liberté de mouvement, de parole, et d'esprit. Et je refuse de prendre un fusil dans mes mains."
Le Valais, terre de lumière
Il prend la route, un an après le début du conflit. Son périple le conduit dans cinq pays, jusqu'en Valais, où il est hébergé par des amis, un statut S dans ses bagages. " Le Valais m'a apporté les gens les plus lumineux", affirme-t-il en souriant. "Ils ont tous 50 ans et plus, mes amis. Ils ont l'expérience de la vie. Ils ne donnent pas gratuitement... ils donnent la possibilité d’avancer".
De musicien professionnel, le voilà qui se mue en "gentleman tout terrain" dit-il en riant. "Je travaille dans la construction, un salon de massage, dans les jardins...Je fais ce que je peux, là où je suis." Mais sans lâcher sa guitare. Entre petits boulots, cours de français, il continue de composer, mais plus à titre de hobby, "C'est dans ce genre de situations qu'on sait si on aime vraiment la musique, quand on continue à en faire, même sans la renommée et sans l'argent."
Une création recentrée sur l’essentiel
Dans un garage valaisan, transformé en studio de fortune, naît un album : Emigrant Strings, largement instrumental. "Parce qu'en ce moment, c’est plus important pour moi d’offrir du silence, sans information", explique-t-il. Il évoque une musique qui rappelle "que nous sommes énergie pure".
Son horizon reste volontairement court. "Je suis comme un moine dans le désert. Je ne peux pas faire de plans", confie-t-il. Il espère néanmoins jouer sur scène, dans des festivals, tout en avançant au jour le jour. Mon mantra, c'est simplement de me dire "Merci pour tout ce que j’ai. Et j'en profite."