Sion récupère l'ancien conservatoire: des dizaines de startups contraintes de déménager
"Prière de libérer les lieux d'ici fin 2022". A Sion, des dizaines de startups ont dû quitter leurs bureaux, rue de la Dixence, à la demande de la Ville. Les locataires se disent au revoir au compte-goutte, donnant à leur structure – l’Espace Création – un air démantelé.
"Jeune startup cherche bureau à prix abordable". Cette annonce aurait pu être monnaie courante ces derniers mois en région sédunoise. Dès la fin de l’année, la Ville de Sion réquisitionne le bâtiment de l’ancien conservatoire, rue de la Dixence 10, pour y installer son administration. Les occupants sont donc priés de libérer les lieux.
La fin d'une vie en communauté
Et parmi ces occupants, on trouve des dizaines de startups, toutes membres de l’Espace Creation - une structure chargée d’accompagner leur entrée sur le marché. Toutes ces PME se disent actuellement au revoir au compte-goutte, le cœur gros. "C'est vrai que beaucoup d'amitiés se sont créés à l'intérieur de ces murs", observe Benoit Dubuis, responsable de la fondation Inartis, qui gère l'Espace Creation. "C'est une aventure humaine qui se termine."
Aujourd'hui, les couloirs sont pratiquement vides. "Il ne reste que 20% des occupants", indique Benoit Dubuis. "Les plans de la ville nous ont été communiqués il y a plus d'un an, suffisamment tôt pour que personne ne soit pris de court."
Beaucoup ont d'abord espéré trouver des locaux équivalents et rester sous le même toit. "C'est le contact avec d'autres entrepreneurs qui rend le concept intéressant", reconnait Christophe Genolet, directeur de Velocité, une société de transports de mobilité douce. "On échange de vive voix avec des gens qui rencontrent les mêmes challenges au quotidien, on se donne des contacts et des conseils".
Des charges supplémentaires à assumer
Malgré les recherches, aucune solution globale n'a été trouvée, ni par les startups, ni par le biais de la Ville. Certaines entreprises se sont ensuite regroupées à deux ou trois, par secteur d'activités pour chercher des locaux.
Reste qu'à la rue de la Dixence, la plupart des jeunes pousses bénéficiaient de loyers très attractifs. "La Ville nous a proposé une série d'adresses, mais chez des privés", note Christophe Genolet. Si Velocité a su trouver une alternative attrayante, rue de l'Industrie, en colocation avec deux autres entreprises, d'autres, à l'image de MRM, active dans le milieu médical, s'inquiètent des charges supplémentaires à assumer. "On ne bénéficie pas tous encore de chiffres d'affaires suffisants pour assumer des loyers trop élevés", observe Loïc Barben, ingénieur au sein de la start up MRM. "Je pense que ça pourrait impacter le développement futur de quelques entités."
"Nous n'abandonnons pas les startups"
Contactée, la Ville de Sion insiste, elle n’entend pas abandonner son soutien aux startups, mais elle le fera par le biais d’un autre modèle. Ce dernier sera présenté au Conseil général ce mardi soir. "Ce n'est pas le rôle des collectivités publiques de promouvoir les espaces de coworking", analyse Philippe Varone, président de Sion. "Il y a déjà des institutions privées qui le font. Par contre, nous continuerons de soutenir les projets émergents. Ces nouvelles entreprises pourront toujours solliciter notre aide, via notre nouveau modèle."
Espace Creation ne disparait pas
Et qu’est-ce qu’il advient de la structure Espace Creation et de son avenir, avec des entreprises peu à peu éparpillées sur le territoire ? "Le travail sera certes un peu différent, mais la mission reste la même", insiste Benoit Dubuis. "On ne pourra pas faire la tournée régulière de tous les bureaux", reconnait-il. "Mais on se tient à disposition sur appel ou rendez-vous."
Benoit Dubuis l'admet tout de même, rien ne remplace les rencontres physiques. Les bureaux de l’Espace Creation seront eux aussi délocalisés et plusieurs options sont actuellement étudiées. "Il nous tient à coeur de disposer d'un espace suffisamment vaste pour organiser des conférences, rencontres avec les membres de l'Espace Creation". La fondation Inartis doit rencontrer la Ville de Sion fin septembre pour étudier ces possibilités.