Sion: la rénovation du bâtiment de Grande Dixence est au point mort depuis deux ans
C’est un édifice qui semble laissé à l'abandon au centre-ville de Sion.
C’est un édifice qui semble laissé à l'abandon au centre-ville de Sion. La rénovation du bâtiment de Grande Dixence SA aurait dû commencer il y a deux ans. A ce jour, rien ou presque n'a encore été fait.
"Nous aurions dû prendre possession de nos locaux en septembre 2019". L'irritation est perceptible dans la voix d'Eric Rudaz, secrétaire général de Grande Dixence SA. Et pour cause, la rénovation du bâtiment de l'entreprise, situé à côté de la gare de Sion, n'a pas encore pu commencer. "Le lancement du chantier était prévu au milieu de l’année 2018, mais les travaux, estimés à 11 millions, qui profitent à des entreprises valaisannes, sont toujours au point mort", déplore le responsable. "Ce blocage a été décidé en juin 2018 par le Service valaisan des bâtiments, monuments et archéologie", poursuit Eric Rudaz. Car cette tour en verre et en acier de six étages et le petit bâtiment adjacent, construits en 1966-1967, représentent un intérêt architectural particulier aux yeux des autorités cantonales. "Notre projet de rénovation était respectueux de la valeur patrimoniale du bâtiment", assure-t-il. "Mais lorsque la ville a délivré son autorisation de construire, le canton a soudainement décidé la mise sous protection immédiate de l'objet, ce qui a bloqué le chantier". Architecte de la ville de Sion, Jean-Paul Chabbey confirme que les autorités communales ont donné leur feu vert. «Cette autorisation prévoyait que le requérant se coordonne avec le canton», ajoute-t-il.
Façades en cause
Une coordination qui a eu lieu, selon l’architecte sédunois, excepté sur un point : la réfection des façades, au sujet de laquelle des experts ont été mandatés. Une discorde que nous expose Eric Rudaz: "Pour des motifs que je peux comprendre, le canton estime que cette façade est unique, et que nous ne pourrions pas la refaire à l'identique". Selon le responsable de Grande Dixence SA, le service en question propose de remplacer uniquement le vitrage existant tout en conservant intégralement les cadres métalliques. « Un non-sens, une hérésie du point de vue thermique ! » s’exclame Eric Rudaz. "Une opération techniquement compliquée, d’autant plus qu'il y a de l'amiante dans certaines parties de la structure" ajoute-t-il. Le secrétaire général s'inquiète également des coûts de ce type de travaux, difficiles à évaluer. "C'est pourquoi nous optons plutôt pour le remplacement complet de la façade", à l’identique.
Désamiantage
Evénement qui a crispé davantage le canton : le désamiantage du bâtiment, lancé à l’été 2018 par le propriétaire de l’édifice. Considérés comme des travaux préparatoires par la firme, la démarche provoque la mise sous cloche immédiate de l’édifice par l’autorité cantonale. Pour Jean-Paul Chabbey, Grande Dixence n’a pas eu tort dans son intention «puisque ces travaux de désamiantage doivent être faits». Néanmoins, aux yeux de l’architecte, leur exécution était prématurée, étant donné que «la connaissance de la valeur de certains éléments intérieurs était encore imparfaite».
Perte financière
Avant de libérer les lieux pour effectuer les travaux, Grande-Dixence SA louait une partie de ses locaux à une autre société. Pour Eric Rudaz, le blocage actuel représente aussi une perte d'argent pour son entreprise. "Les recettes locatives généraient quelque 300'000 francs par année", précise-t-il. "Ça fait mal au porte-monnaie d'avoir des locaux bien situés et qui sont presque conduits à la ruine". Pour illustrer ses propos, le secrétaire général nous indique des vitres cassées au rez-de-chaussée. "Des gens se sont amusés à lancer des pierres", lâche-t-il, avant d'évoquer la seringue et le matériel d’injection qu'il a retrouvés un matin aux abords du parking. Pour leur part, les collaborateurs de Grande-Dixence SA ont migré vers un bâtiment voisin le temps du déblocage de la situation et de la réalisation des travaux
Propriétaire «dépossédé»
Si Eric Rudaz espère un déblocage imminent du dossier – une décision quant au classement devant tomber à brève échéance – il se dit toutefois excédé par cette situation. "Dès l'instant où un objet est inscrit à l'inventaire, l'Etat tente de se substituer aux propriétaires, qui n'a plus son mot à dire". Le secrétaire général pointe également du doigt des imperfections au niveau de la loi. "Il est regrettable qu'un propriétaire apprenne la mise à l'inventaire de son bien au moment où il met à l’enquête publique son projet de rénovation. De même, le déclenchement de la procédure du classement de son immeuble lui est signifiée via le Bulletin Officiel, comme ce fut notre cas". L'entreprise a sensibilisé plusieurs députés à cette problématique, qui sont intervenus au Grand Conseil en octobre dernier pour changer cette manière de faire. Contacté, l'Etat du Valais ne souhaite pas faire de commentaire tant que la procédure est en cours.