Rangers en Valais : un besoin grandissant, des postes limités
Difficile de vivre du métier de ranger en Valais. Si la profession attire les passionnés de nature, elle peine pourtant à s’imposer comme un emploi stable. Entre contrats saisonniers et postes rares, la plupart doivent multiplier les activités pour joindre les deux bouts.

Utilisés par des associations, des communes ou encore des parcs naturels pour veiller sur les forêts, ils servent à sensibiliser les randonneurs sur divers aspects liés à la faune et à la flore. Mais à l'heure actuelle, le métier de ranger peine à trouver des débouchés dans notre canton. S'il est difficile d'articuler des chiffres précis sur la profession, c'est qu'elle est relativement nouvelle dans le paysage valaisan. Dans notre région, on dénombre une quinzaine de rangers en activité. Cependant, ils ne peuvent pas vivre de leur passion à temps plein et cela pour diverses raisons.
Tout d'abord, les places sont rares et souvent déjà occupées. Ensuite, cette profession s’exerce surtout en été, période où l’affluence en forêt est la plus dense, ce qui limite les contrats sur l’année. Et pour finir, les budgets alloués aux rangers par les employeurs, ne permettent pas toujours d'offrir un pourcentage de travail élevé.
Prenons l'exemple du Parc naturel régional de la Vallée du Trient qui emploie des rangers en été. Ainsi, l'année passée, le parc a engagé cinq rangers pour une durée de deux semaines chacun. Un mandat court et ciblé qui ne permet pas aux rangers de vivre de leur passion. Travaillant avec des cycles financiers, le parc ne pourra pas engager un poste de ranger à temps plein pour les quatre prochaines années. "Engager un ranger à temps plein est quelque chose auquel on réfléchit, mais on doit choisir nos batailles", souligne le biologiste du parc, Adrien Favre. Avant de continuer : "Dans le creux de la saison, il y a peu de gens qui sont dehors et donc la sensibilisation n'est pas forcément nécessaire. Les rangers sont absolument essentiels lorsque l'on fait face à un tourisme de masse, typiquement lors des weekends de la haute saison d'été".
Des difficultés qui ne découragent pas les rangers
Pourtant, ces obstacles ne découragent pas tous les aspirants rangers. Certaines communes commencent à miser sur cette profession, comme à Val de Bagnes, où Verbier Tourisme a récemment engagé deux rangers pour sensibiliser les randonneurs. Bien qu'employés par la commune, ces deux rangers ne sont pas à 100%. L'une des deux, Marlène Galletti, doit ainsi cumuler les emplois pour joindre les deux bouts. À côté de sa passion pour la nature, elle exerce les métiers d'accompagnatrice en montagne, d'herboriste et de thérapeute.
Malgré ces contraintes, certains passionnés continuent à s’engager dans cette voie, conscients des défis, mais motivés par leur lien avec la nature. C'est le cas de 14 romands qui suivent actuellement des cours au Centre forestier de formation de Lyss dans le canton de Berne. Au terme de leur apprentissage qui se terminera en septembre de cette année, ils seront quelques-uns de plus à rejoindre le marché du travail des rangers romands. David Balaman, valaisan actuellement en formation fait partie de ceux-là.
Bien conscient de là où il met les pieds, David Balaman ne se berce pas d'illusions : "Pour l'instant, à mon avis, avoir un emploi en Valais à 100% ça me paraît compliqué". Le jeune homme voit plus cela comme un à côté, un petit pourcentage qu'il pourrait exercer en amont de son travail. Pourtant, selon lui la demande est bien réelle. Etant souvent en nature, il dit observer comment cela fonctionne. Selon lui, les gens s'aventurent toujours plus loin dans des endroits qu'ils n'ont pas le droit de fréquenter et cela à n'importe quelle saison. "Je pense que si on veut changer les choses, il faut sensibiliser, car à mon avis l'éducation fait beaucoup là-dedans et j'ai l'impression que cela se perd", affirme-t-il.
Mais au fond, ça sert à quoi un ranger ?
Pour Adrien Favre, le biologiste du Parc naturel régional de la Vallée du Trient, les rangers sont les yeux et les oreilles du parc sur le terrain. Ils sont au contact des promeneurs et peuvent donc observer comment ces derniers se comportent en nature : "Les rangers vont au-devant des gens pour les sensibiliser sur des sujets prédéfinis ou simplement les encourager à adopter des pratiques adéquates en milieu naturel".
Cette mission de sensibilisation est justement ce qui motive de futurs rangers comme David Balaman. La voie de la faune et de la flore, c'est ainsi qu'il définit sa future profession. Constamment au contact des visiteurs, il ne se voit pas comme le policier de Dame Nature, mais préfère parler d'un travail de relations publiques avant tout.
Alors que la pression touristique sur les espaces naturels ne cesse d’augmenter, la place des rangers dans le paysage valaisan reste à définir. Si la demande pour les rangers semble grandir, leur avenir en Valais dépendra avant tout des moyens financiers que les employeurs seront prêts à y consacrer.