Mutualiser les forces : fusion ou pas, en montagne, l’intercommunalité gagne en importance
Quand on est une petite commune de montagne, tisser des liens avec ses voisins est essentiel. Mais par où commencer et comment collaborer sans perdre son autonomie ? C’était l’enjeu d’une journée d’étude organisée ce jeudi à Salvan par le CREPA et la HES.

Une piscine trop coûteuse à entretenir, un service social difficile à assumer seul, ou des activités jeunesse qui demandent plus de moyens qu’une petite commune n’en possède… Dans les vallées valaisannes, certains besoins dépassent parfois les frontières communales.
C’est précisément ce qui a rassemblé élus, chercheurs et acteurs du terrain hier à Salvan, lors de la Journée d’étude du CREPA et de la HES-SO Valais : réfléchir à la coopération en montagne, et à ce qu’elle peut réellement apporter aux habitants. "L’objectif étant d’ouvrir un dialogue à partir du terrain, pas d’imposer un modèle", explique Viviane Cretton, enseignante HES et membre du comité d’organisation.
Des besoins qui dépassent les frontières
Dans la vallée du Trient, des collaborations existent déjà. L’animation socioculturelle est partagée entre Salvan, Finhaut et Trient, et le Parc naturel régional réunit plusieurs collectivités autour de projets liés à la biodiversité ou au patrimoine. "Mettre en commun des ressources permet d’offrir davantage de services, tout simplement", observe Viviane Cretton.
Un équilibre entre coopération et autonomie
Ces démarches ne vont toutefois pas sans hésitations. La crainte de se diluer dans un ensemble plus large revient souvent. Pour l’anthropologue, ce sentiment est compréhensible : "Chaque commune tient à ce qui lui est propre. Le défi est de collaborer sans gommer les spécificités locales." Les projets menés par le Parc naturel régional l’illustrent bien : un four banal dans un village, un barrage ou un sentier didactique dans un autre. L’union ne signifie pas uniformité, et certaines communes y voient même l’occasion de mieux mettre en valeur leurs particularités.
Des obstacles politiques et économiques
Les échanges ont également fait ressortir des freins plus structurels. Certains sont politiques, liés aux relations entre élus ou aux priorités budgétaires. D’autres sont économiques : les ressources disponibles d’une commune à l’autre varient, et ce qui relève du social est souvent le premier secteur touché lorsque les finances se resserrent. "Pourtant, une jeunesse qui se porte bien est une ressource pour un village", souligne Viviane Cretton. La question du vivre-ensemble s’impose ainsi comme un argument central.
Une réflexion appelée à se prolonger
Les discussions se sont poursuivies tout l’après-midi, avec des présentations venues du Val d’Illiez, des regards historiques et une table ronde entre représentants de plusieurs communes. Plusieurs projets en cours pourraient évoluer, d’autres sont en voie de pérennisation. "Ces initiatives ne sont pas toujours visibles depuis l’extérieur", note Viviane Cretton. Dans un contexte de transitions climatique, sociale et démographique, les organisateurs espèrent que ces échanges nourriront un réseau durable, appelé à s’étoffer au fil des prochaines éditions.
