Le Valais a sept de ses treize meutes de loups dans le viseur
Le Valais veut tuer plus de la moitié de ses treize meutes de loups. Il souhaite ainsi "minimiser les conflits" dans des zones où le loup est problématique pour les animaux de rente et la population. Mais cette régulation proactive prendra du temps, a averti le canton.
Les autorités valaisannes ont dans le viseur les meutes de Nanz, Augstbord, Hérens-Mandelon, Le Fou-Isérables, Les Toules, Les Hauts-Forts et du Chablais. "Au total, cela représente environ 34 loups et la régulation prendra du temps", a détaillé lundi le conseiller d'Etat Frédéric Favre devant la presse après avoir déjà esquissé les contours de la stratégie cantonale vendredi devant les députés du Grand Conseil.
"Il faut rester réaliste par rapport aux ressources humaines et à la nature du terrain", abonde Nicolas Bourquin, chef du Service de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF). Et de parler de "grand succès", si le canton parvient à en supprimer "entre 10 et 15" durant les deux prochains mois. La population de loups en Valais est actuellement estimée entre 90 et 120 individus.
Dépôt le 15 novembre
Cette demande de régulation proactive - contenant toutes les preuves nécessaires, selon le SCPF - a été déposée le 15 novembre auprès de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Elle s'inscrit dans le cadre de la loi fédérale révisée sur la chasse, qui entre en force le 1er décembre et assouplit les critères pour "réguler le loup".
Des tirs préventifs - en plus des tirs déjà pratiqués en réaction à des attaques de troupeaux - seront désormais possibles entre le 1er septembre et le 31 janvier si la meute "présente un danger". Exceptionnellement, des mises à mort pourront être autorisées à certaines conditions en été pour préserver le bétail.
L'objectif du canton du Valais est de "réduire avec efficience les conflits dans les zones problématiques où les loups présentent ou ont présenté des problèmes de comportement vis-à-vis de l'homme et des dommages aux animaux de rente", a détaillé Frédéric Favre, en charge du département de la sécurité, des institutions et du sport. Il s'agit aussi de réduire la pression sur les éleveurs les plus touchés pour la prochaine saison d'estivage. "
Les meutes qui ne posent pas de problème ne seront pas touchées, de même que celles se situant dans les districts francs fédéraux (dix en Valais), assure le canton.
Deux approches
Pour parvenir à tuer 34 loups, le canton fera appel aux chasseurs qui devront suivre une formation spécifique. "Environ 800 chasseurs sur les quelque 3000 que compte le canton ont fait part de leur intérêt", précise Nicolas Bourquin. Le loup est malin, ce n'est pas le nombre mais la qualité des mesures qui permettra la meilleure des régulations, selon Frédéric Favre. Ainsi, deux approches sont prévues.
Les chasseurs formés et au bénéfice d'une autorisation de tir particulière-individuelle qui voient passer un loup, lors d'une chasse au renard (permis E) ou au sanglier (permis S), ont le droit de l'abattre s'ils se trouvent dans la zone autorisée par l'OFEV. Il ne s'agit pas de partir en forêt avec son fusil, a précisé Frédéric Favre. La loi base légale pour la chasse au renard s'applique.
"Les chasseurs doivent s'annoncer au moins 24 heures à l'avance au garde-faune du secteur, en précisant le lieu d'affût, les accompagnants et le moment de la chasse. En quittant son poste, le chasseur met fin à la chasse du jour", énumère par exemple Nicolas Bourquin.
En parallèle, certains chasseurs spécialisés seront également intégrés dans le groupe de soutien chasse (GSC) sous la responsabilité du service de la chasse. Chaque garde-faune sera épaulé par cinq à dix chasseurs titulaires d'autorisation de chasser par meute/tir, choisis par le service. Ceux-ci seront mandatés au cas par cas. "Sans autorisation personnelle du service, il est interdit de tirer sur des loups", a répété Frédéric Favre.
Chaque année
Comme les meutes ne connaissent pas les frontières cantonales, le Conseil fédéral a déterminé cinq régions pour la régulation. Le Valais fait partie de la région Ouest des Alpes qui comprend également Berne, Fribourg et Vaud. Selon l'ordonnance fédérale sur la chasse, trois meutes minimum doivent y vivre. Seul le Valais compte des meutes dans ce secteur, les trois meutes vaudoises se situant dans la région "Jura", précise Nicolas Bourquin.
"Nous sommes en contact étroit avec les autorités françaises et italiennes pour le suivi de reproduction des meutes transfrontalières, mais chaque pays agit sur son territoire selon ses lois", complète-t-il. Il n'y a donc pas de problème à réguler ces meutes "de notre côté du territoire".
Les autorisations de régulation doivent être délivrées par l'OFEV chaque année.