Le Tour de France en Valais (2/5): Contador met tout le monde d'accord à Verbier
Durant tout l’été, Rhône FM vous propose une série hebdomadaire dédiée au sport. Cette semaine, focus l’histoire qui lie le Valais au Tour de France.
Et soudain, Le Pistolero a dégainé. Suite de notre série consacrée à l’histoire du Tour de France en Valais avec l’arrivée à Verbier, en 2009, et la victoire d’Alberto Contador dans une ambiance pour le moins tendue.
Ce 19 juillet 2009, le peloton part de Pontarlier pour rejoindre Verbier. Une 15e étape longue de 207 km. Pourtant, ce sont les six derniers qui marqueront les esprits. Moment choisi par l’Espagnol Alberto Contador pour déposer ses quatre compagnons d’échappée – parmi lesquels son coéquipier chez Astana Lance Armstrong – sur une accélération venue d’ailleurs. Le Pistolero profite de cette montée sur Verbier pour s’emparer du maillot jaune et assommer ce 96e tour de France, qu’il remportera une semaine plus tard.
«A Verbier, Alberto a mis un coup de massue, gagnant l’étape en réalisant un grand numéro.»
Au-delà de la remarquable performance sportive, ce coup de maître sur les routes bagnardes est également hautement symbolique au sein de l’équipe Astana. «Le contexte était assez tendu, puisque dans la même équipe, il y avait Alberto Contador et Lance Armtrong. Le leadership n’avait pas encore été clarifié», se souvient Steve Morabito. «A Verbier, Alberto a mis un coup de massue, gagnant l’étape en réalisant un grand numéro. C’est là où il gagne son Tour de France. C’était très impressionnant car il y avait beaucoup de tension dans l’équipe et pour se départager, ce n’était pas uniquement par rapport aux adversaires. Il fallait aussi marquer son territoire au sein même d’Astana.»
Un jour de repos pour «se dire les choses»
Si l’ancien professionnel connait si bien la situation de l’équipe kazakhe à l’époque, c’est parce qu’il en faisait partie. Pas retenu pour ce Tour de France 2009, il est évidemment présent à l’arrivée de Verbier. Le Chorgue est même chargé par la direction d’Astana d’organiser la ballade du jour de repos qui se tient le lendemain.
«Chez Astana, avec toutes ces tensions, ils ne dormaient pas tous bien la nuit.»
«Le tracé devait avoir deux objectifs: semer rapidement les journalistes et permettre de régler les comptes au sein de l’équipe.» Sur les berges du Rhône, Armstrong était en tête de peloton pour aller à Sierre, Contador sur le retour. «Ils se sont soigneusement évités. Comme je les connais bien les deux, j’ai fait le confident de l’un pour l’aller et le confident de l’autre pour le retour… et j’ai surtout réalisé que ce n’était pas plus mal que je reste en Valais et que je ne reparte pas avec eux le lendemain, parce qu’ils ne dormaient pas tous bien la nuit.»
«Alberto avait peur de Lance»
L’ambiance était donc lourde au sein de l’équipe Astana. Guerre de leaders, guerre d’égo, sur fond de gros enjeux financiers. «Le sponsor kazakh avait mis beaucoup d’argent pour faire rayonner le pays sur la scène internationale, en recrutant deux stars à coup de très gros chèques», relève Steve Morabito. «Il y avait aussi toute la troupe qui allait avec. Les coéquipiers de l’époque, c’était des Andreas Klöden ou des Levi Leipheimer, qui pouvaient eux-mêmes prétendre à un podium sur le Tour. Donc l’ambiance était moins sympa que d’être sur la Grande Boucle avec Thibault Pinot et une équipe de copains.»
Alberto Contador a remporté le Tour de France 2009
Dans ce contexte de défiance, la performance d’Alberto Contador est encore plus impressionnante. Elle a en tout cas marqué Steve Morabito. «Il avait un certain stress à gérer qui était assez fou ! On imagine peut-être que les gars qui ont le maillot jaune sont toujours heureux, toujours en maîtrise. Mais là, il y avait une situation où Alberto avait peur de Lance… c’était quelque chose à vivre!»
«On imagine peut-être que les gars qui ont le maillot jaune sont toujours heureux, toujours en maîtrise. Mais là, il y avait une situation où Alberto avait peur de Lance.»
Malgré les nombreux obstacles, jusque dans sa propre équipe, Alberto Contador remportera donc ce Tour de France 2009. Une victoire finale qui a pour socle cette magnifique ascension en direction de Verbier, où l’Espagnol a marqué les esprits et fait entre la station bagnarde dans l’histoire de la Grande Boucle.
Retrouvez le premier épisode de notre série:
Le Tour de France à Crans-Montana