Le malaise des ados qui ne consomment pas d'alcool
Les jeunes qui ne boivent pas d’alcool ne veulent plus être montrés du doigt. Une étude révèle le malaise dont souffrent certains ados qui ont choisi de ne pas consommer. Un choix encore plus difficile à assumer en Valais, canton viticole.
Pas facile pour les jeunes de ne pas boire d'alcool en Valais.
Pression sociale
Certains adolescents, qui ont fait le choix de ne pas consommer d’alcool, se sentiraient mal à l’aise. Une étude menée par Unisanté et publiée en janvier dernier, montre que, pour la plupart des jeunes interrogés, ne pas boire serait synonyme d’exclusion sociale. Alors quelles raisons poussent les ados à faire malgré tout ce choix ?
Selon cette étude, ce serait la religion, les âges légaux, la santé, l’environnement familial, les mauvaises expériences et la peur de perdre le contrôle qui les motivent.
«On est dans une société où la pression sociale de consommer est assez importante. Et on voit que malgré cette pression, des jeunes font des choix éclairés concernant l'alcool. C'est réjouissant», constate Thomas Urben, directeur d’Addiction Valais.
«C'est quand les jeunes sont en âge de ne pas consommer que la pression est la plus forte.» Thomas Urben, directeur d'Addiction Valais
Pour lui, c'est clairement un choix difficile à assumer pour les ados. «On voit que plus les personnes sont jeunes, plus c'est compliqué. Paradoxalement, c'est quand ils sont en âge de ne pas consommer, en-dessous de 16 ans, que la pression sociale est la plus forte. En grandissant, le choix est plus simple à assumer.»
Force de caractère
Julie, 26 ans, n’a jamais consommé d’alcool. Elle reconnaît qu’il faut une certaine force de caractère pour tenir une telle décision, surtout à l’adolescence. Si son choix est totalement assumé aujourd’hui, il suscite encore beaucoup de réactions.
«Il faut une vraie force de caractère pour assumer, surtout en Valais.» Julie, non-consommatrice
«En Valais, beaucoup de gens ne comprennent pas : je suis régulièrement confrontée à des remarques», raconte Julie. «Les gens me pose la question, parfois de manière curieuse, mais d'autres fois de façon un peu moins gentille, "mais pourquoi tu ne bois pas ?", et moi je leur réponds "mais pourquoi tu bois ?". Et souvent la discussion s'arrête là.
«Je suis régulièrement confrontée à des remarques, pas toujours aimables.» Julie, non-consommatrice
Julie a aussi été confrontée à ceux qui veulent lui offrir un verre. Et quand elle choisit une boisson sans alcool, la personne lui répond qu'elle peut se la payer elle-même. «En Valais, il y a tout un culte autour de l'alcool et du côté social. Ce n'est vraiment pas évident, surtout à l'adolescence», reconnaît la jeune femme.
Prévention
Pour certains participants à l’étude d’Unisanté, les non-consommateurs devraient également être inclus dans la prévention. Cela permettrait de les renforcer dans leur choix, mais aussi de les rendre visibles, notamment aux yeux des buveurs.
Et si le choix n’est pas facile à assumer, les non-consommateurs sont en plus souvent désignés comme les personnes qui doivent aider ceux qui boivent de l’alcool lors d’une soirée. Selon l’étude d’Unisanté, il faudrait là aussi sensibiliser les ados par rapport à la pression qui peut être ressentie dans ces situations.