Le Grand Raid et ses héros (4/5) : Le parcours hors du commun de Florence Darbellay
Durant tout l’été, Rhône FM vous propose une série hebdomadaire dédiée au sport. Cette semaine, focus sur les performances notables de la course du Grand Raid.
Elle a acheté son premier VTT un peu par hasard en 2010 et elle a signé, dans la foulée, son premier podium sur le Grand Raid. Depuis, elle a pris le départ de cette mythique course à dix reprises au total, montant neuf fois sur la boîte dont une fois sur la plus haute marche de l’épreuve reine. Elle, c’est Florence Darbellay, athlète au parcours hors du commun. 4ème volet de notre série consacrée au Grand Raid.
La Valaisanne le reconnait elle-même : elle n’était pas prédestinée à briller sur une course telle que le Grand Raid. Enfant un peu touche à tout, passionnée de musique, elle avait pratiqué successivement la danse classique, le tennis, l’équitation et le basket avant de pratiquement tout arrêter pour se concentrer sur sa profession de chiropraticienne. Puis est arrivée l’année 2009, véritable tournant dans la vie d’une femme alors âgée de 32 ans, qui avoue qu’elle ne s’attendait pas du tout à un tel destin. «C’était jusque le gros coup de bol!», rigole-t-elle. «Je ne faisais rien avant, je me suis dit que j’allais m’y mettre et j’ai eu la chance de tomber pile sur les personnes qu’il fallait et qui m’ont fait découvrir les sports d’endurance. Ca a très vite bien fonctionné grâce à la génétique, merci maman, merci papa, et ça m’a mené où je suis maintenant.»
Un palmarès hallucinant
Où elle est maintenant, c’est-à-dire avec l’un des palmarès les plus fournis de l’histoire du Grand Raid. Dix participations, neuf podiums, quatre victoires sur trois parcours différents. Un bilan hallucinant que Florence Darbellay explique avec toute l’humilité qui la caractérise: «Ce qui m’a permis d’en arriver là, je pense que c’est en partie ma régularité dans les entraînements, je le dois essentiellement à mon entraîneur Bernard Maréchal qui me suit depuis le début et qui me permets d’être toujours prête au bon moment. Je fais aussi preuve de beaucoup de minutie dans la préparation du matériel car c’est ce qui peut aussi être délicat et qui peut nous empêcher d’aller au bout : avoir des casses matériel. Et voilà, dans ma vie, j’ai toujours été persévérante et eu envie de bien faire.»
«Rien que de parler de ma victoire en 2017, j’en ai les yeux humides»Florence Darbellay
L’envie de bien faire, c’est notamment ce qui a conduit Florence Darbellay à vivre l’un des plus beaux jours de sa vie le 19 août 2017. Ce jour-là, elle remportait le grand parcours, celui long de 125 km et reliant Verbier à Grimentz. Trois ans après, elle peine toujours à cacher son émotion en évoquant ce succès et glisse, la voix tremblotante: «Rien que d’en parler comme ça, j’ai les yeux humides. Lever les bras au ciel en franchissant la ligne d’arrivée, c’était une émotion absolument incroyable et sans aucun doute l’un des plus beaux jours de ma carrière.»
La Suisse romande a tremblé pour elle
Mais avant de lever les bras dans le ciel de Grimentz, Florence Darbellay est passée par absolument tous les états d’âme et n’était pas loin de craquer au passage de La Vieille, avant d’attaquer l’ascension du Pas de Lona. Heureusement pour elle, une force venue du soutien du public l’a porté vers l’arrivée. «Par chance, je ne voyais pas ma poursuivante, je me disais que tant que ça restait comme ça, j’avais une chance de l’emporter. Et puis, je ne sais pas, j’ai senti des vibrations derrière moi, j’ai fait trembler toute la Suisse romande et elle m’a vraiment soutenu dans ce moment-là.»
«Cette année, je ne vois pas qui aurait pu m’empêcher de gagner»Florence Darbellay
À 43 ans, Florence Darbellay espérait tirer sa révérence cette année en s’alignant sur le tracé Evolène-Grimentz, le dernier manquant à son incroyable palmarès. Des adieux reportés d’une année, coronavirus oblige. «Cette année, je ne vois pas qui aurait pu m’empêcher de gagner. Il me reste que ce parcours depuis Evolène à gagner. C’est le petit départ mais ce n’est pas facile car ça va vite. Chaque année ce sera un peu plus compliqué mais de toute manière, je ne m’arrêterais pas avant de l’avoir fait. Ce sera donc douze mois de plus, je n’espère pas davantage mais de toute façon je ne m’arrêterais pas avant.»
Le grand chelem en 2021?
Nul doute que Florence Darbellay rêverait de suivre les traces d’un certain Alexandre Moos, qui avait triomphé sur le Grand Raid pour sa dernière saison en 2012. «Ce ne serait pas avec le grand comme lui lors de sa dernière mais ce serait avec le grand chelem des quatre parcours et ce serait juste génial par rapport à cette course, à mon historique de cycliste valaisanne, finir ainsi ce serait magique!»
Pour ce qu’elle a apporté au Grand Raid et pour son parcours hors du commun, Florence Darbellay mériterait bien cette fin en apothéose.