Le canton du Valais inscrit la collecte des cristaux sur la liste des traditions vivantes
Le Valais est le premier canton de Suisse à reconnaître un savoir-faire très ancien, fortement lié à la montagne. La collecte de cristaux est désormais inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel du canton.
La demande a été déposée en septembre 2023 par un groupe constitué du Musée des cristalliers de Naters, de la Société bas-valaisanne des minéraux et fossiles, du Musée des Sciences de la Terre de Martigny et du Landschaftspark de la Vallée de Binn.
Une pratique ancestrale
Pour le canton, il était important de pouvoir inscrire la tradition de la collecte de cristaux sur la liste du patrimoine immatériel. "On extrait des cristaux dans le canton depuis l'Antiquité. C'est donc une longue histoire", précise Alain Dubois, chef du Service de la culture. "L'activité de cristallier exige également des connaissances et des compétences très spécifiques, dans le domaine de la montagne et de la géologie. Et il existe également tout un patrimoine culturel associé à ces cristaux, notamment à travers le contes et légendes du canton. Cest différents éléments ont milité en faveur de cette inscription."
Alain Dubois rappelle égalament l'importance qu'une tradition reste toujours vivante. "Aujourd'hui, nous avons une communauté de cristalliers importante en Valais, qui perpétuent cette tradition et contribuent à l'avancée des connaissances dans ce domaine."
Cristallier de père en fils
Samuel Filliez est cristallier. Il est aussi trésorier de la Société Bas-Valaisanne de minéraux et fossiles de Martigny. La recherche de cristaux est sa passion depuis 35 ans. Un savoir qui se transmet souvent des anciens aux plus jeunes et qui exige de nombreuses connaissances. "Il faut une bonne forme physique pour aller sur le terrain, et aussi une connaissance de ces terrains-là", précise Samuel Filliez. "Il faut aussi les bons outils, savoir lire les indices et savoir ouvrir les poches (ndlr, cavités renfermant des cristaux). Parce que s'il y a du travail à faire, il faut là encore savoir comment bien le faire pour ne pas tout casser."
Code d'honneur
Certains disent que les cristalliers sont des pilleurs de la nature. Pour Samuel Filliez, il n'en est rien. "J'ai vu passablement d'endroits où la nature a détruit elle-même des cristaux. Parce qu'avec les éboulements et les changements climatiques de plus en plus intensifs, de nombreuses cavités contenant des cristaux s'effondrent. Si on ne les récupère pas, tout est cassé."
Les cristalliers ont également un Code d'honneur, rédigé par l'Association suisse des cristalliers, collectionneurs de minéraux et fossiles (ASCMF). "Il s'agit d'un code qui stipule que les cristalliers peuvent se réserver un endroit, en laissant en place les outils et les minéraux d'une personne qui est train d'exploiter. Ce code fédère un peu les critsalliers et il est assez bien respecté", souligne Samuel Filliez.
Le travail de cristallier implique également des connaissances en alpinisme : la recherche de cristaux reste dangereuse. "Je vais beaucoup en montagne avec mon frère qui est guide : avoir des connaissances techniques de la montagne est très important. Avec la fonte du pergélisol, cela devient de plus en plus dangereux. Et les cristalliers vont dans des endroits où les alpinistes ne vont pas forcément", relève Samuel Filliez. "Mais le principal reste de rentrer le soir. Et depuis que j'ai des enfants, je prends quand même moins de risque."
Par sa décision, le canton reconnait la collecte des minéraux, mais aussi le travail scientifique autour des cristaux et des minéraux, comme un patrimoine culturel immatériel important pour le Valais.
Bourse aux minéraux
Les passionnés se retrouveront à Martigny ce samedi et ce dimanche 25 août. La Société bas-valaisanne de minéralogie et fossiles organise la 56e Bourse aux minéraux. "Si le développement des soins énergétiques nous a amené du monde, notre principal public restent les enfants", précise Samuel Filliez.
Infos sur www.mineralsvalais.ch