La maman de Morane, une Valaisanne qui s'est suicidée, témoigne pour la première fois dans une école
C'est la première fois qu'un établissement scolaire accueille la maman de Morane. Elle a raconté l'histoire de sa fille qui s'est donné la mort le 30 septembre 2023, à la suite de harcèlement. Les élèves du CO de Leytron étaient bouleversés. Son témoignage est aujourd'hui demandé partout.
Morane subissait du harcèlement depuis des mois. Pour mettre fin à ses souffrances, la jeune Chamosarde de 22 ans s'est donné la mort le 30 septembre 2023. "Il ne s'agissait pas juste de quelques messages par jour : elle recevait des centaines et des centaines de messages. Elle a également été harcelée sur son lieu de travail et dans sa maison : elle n'en pouvait plus", raconte, émue, sa maman Mélanie Comby.
Elle a décidé de s'en aller
"La nuit du 30 septembre, après avoir quitté la Foire du Valais et après avoir encore été harcelée sur place, elle est montée jusqu'à la passerelle à Farinet et elle a décidé de s'en aller."
Depuis, ses parents Mélanie et Dominique Comby, se battent pour que le harcèlement ne fasse plus de victime. Ils ont créé l'Association Morane. Et pour la première fois, la semaine dernière, Mélanie Comby a témoigné dans une école, devant les élèves du Cycle d'orientation de Leytron. Le lieu est chargé de sens, c'est là que Mélanie Comby, Morane et ses frères ont étudié.
Elèves et professeurs bouleversés
"C'est un moment indescriptible. C'était très émouvant de revenir dans cette école. Après mon témoignage, j'ai eu droit à des milliers de larmes pour Morane, des câlins, des félicitations et des mercis", explique Mélanie Comby. "Je me suis rendu compte que j'étais à ma place et qu'il y avait beaucoup à faire pour lutter contre le harcèlement."
En témoignant dans les écoles, Mélanie Comby espère que l'histoire vécue par sa fille ne se répète jamais. "Certains jeunes qui se sentent harcelés m'écrivent. Ils me remercient, parce qu'ils ont l'impression de vivre la même chose que Morane, à une autre échelle. Grâce à mon témoignage, ils arrivent à en parler en famille. Ouvrir la discussion autour du harcèlement était vraiment le but de ma présence ici. C'est aussi ce que j'ai dit aux élèves : la première chose à faire est d'en parler", insiste Mélanie Comby.
Des élèves qui courent pour Morane
Vendredi dernier, après le témoignage de Mélanie Comby au Cycle d'orientation de Leytron, les élèves ont couru en faveur de l'Association Morane. C'est Kevin Crettenand, professeur d'éducation physique, qui est à l'origine de ce projet. Il voulait organiser quelque chose qui ait du sens pour les élèves. "La prévention faite pendant l'année scolaire, en lien avec l'utilisation des outils numériques, reste superficielle", reconnaît Kevin Crettenand. "Le témoignage de Mélanie a su toucher les élèves et même les professeurs."
Au total, les élèves ont couru 1'800 kilomètres et plus de 5'700 francs ont été récoltés en faveur de l'Association Morane. "Je veux faire venir des intervenants lors de ces rencontres avec les jeunes", précise Mélanie Comby. "L'argent servira à payer ces personnes, et je prévois aussi d'organiser un camp sans écrans et sans réseaux sociaux l'été prochain. J'aimerais qu'on arrive tous à déposer nos téléphones."
Le 30 septembre 2024, une année après la mort de sa fille, Mélanie Comby descendra également le Rhône à vélo jusqu’à Marseille. "Je vais faire 1'000 kilomètres en faisant parrainer chaque kilomètre pour amener des fonds à l'association."
Son témoignage demandé partout
D'autres établissements scolaires et plusieurs associations de parents d'élèves ont déjà pris contact avec Mélanie Comby. Le Cycle d'orientation de Leytron pourrait même inclure son témoignage dans les journées de prévention données aux élèves.
L'Association Morane est également soutenue par certains politiciens valaisans. Le harcèlement obsessionnel, ou "stalking", pourrait bientôt figurer dans le Code pénal. Le texte a été accepté le 6 juin par le Conseil National. Le dossier passe aux Etats.
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