Interception de la flottille pour Gaza : plus de 200 manifestants à Sion
Plus de 200 personnes se sont rassemblées jeudi soir dans les rues de Sion pour exprimer leur solidarité avec la Palestine. Elle intervient en réaction à l’interception par Israël d’une flottille humanitaire. Le point avec un photographe qui était sur place.
Plusieurs manifestations spontanées de solidarité ont eu lieu jeudi soir dans différentes villes de Suisse, comme ailleurs en Europe, À Sion, plus de 200 personnes se sont retrouvées dans la rue, après qu'Israël a intercepté une flottille qui se dirigeait vers Gaza.
Quelque 200 manifestants à Sion
Pour Hicham El Ghaoui, président de l’association "Waves of Freedom" et médecin à Verbier, l’objectif n’était pas seulement d’acheminer une aide humanitaire, mais de montrer au monde que ce blocus est illégal et doit être brisé. "Le fait d’avoir pu atteindre une distance aussi proche des côtes de Gaza, ce qui n’était encore jamais arrivé, est déjà une réussite en soi", a-t-il encore indiqué.
Hier soir à Sion, encadrés par les forces de l’ordre, les quelque 200 manifestants ont traversé la ville dans le calme, rappelant que le Valais est avec Gaza. Jean-Michel Reuteler, artiste photographe, était sur place. "Je suis arrivé vers 18h15, il y avait déjà un petit peu de monde. Nous sommes partis de la gare et remontés vers la Planta, devant le palais du gouvernement. L'ambiance était bonne : c'était très convivial."
"Seules deux personnes ont montré des doigts d'honneur à notre passage", indique Jean-Michel Reuteler. "Mais nous sommes restés indifférents."
Manifester à Sion, est-ce que cela permet vraiment de faire avancer cette cause ? "Cette cause est internationale. Ce n'est pas parce que nous habitons en Valais que nous sommes d'accord avec ce qui se passe. C'est le droit de chacun de dire ce qui ne va pas", répond Jean-Michel Reuteler. "L'idée ici est d'ouvrir un dialogue et de faire réfléchir."
D'autres rassemblements spontanés ont eu lieu jeudi soir à Berne, Zurich et Lugano. Des manifestations étaient également annoncées à Lucerne et Bâle. Enfin à Lausanne, près d'un millier de personnes ont déjà manifesté mercredi soir.
Participants suisses à la flottille pour Gaza
Huit participants suisses à la flottille pour Gaza sont arrivés dimanche après-midi à Genève. Ils disent avoir été traités de manière "inhumaine" et affirment être "très préoccupés" par le sort des militants encore détenus par Israël. Ces dix ressortissants helvétiques sont "relativement en bonne santé", assure le DFAE.
"Nous sommes choqués par ce que nous avons vu et vécu", a déclaré l'un des militants suisses, dimanche après-midi dans le hall d'arrivée de l'aéroport de Genève, où environ 200 personnes étaient venues les accueillir.
Ce militant, prenant la parole au nom de ses camarades, a raconté que la flottille avait subi "une véritable attaque militaire" de la part de la marine israélienne. Il a ensuite évoqué des conditions de détention "inhumaines", affirmant qu'ils avaient été victimes "de tortures et d'exactions".
Il n'a pas souhaité en dire davantage, tant que d'autres militants étaient encore emprisonnés. "Nous ferons une déclaration exhaustive à leur retour", a-t-il relevé, rappelant que plus de 300 membres de la flottille, dont dix Suisses, étaient encore détenus. "Nous sommes très préoccupés par leur sort", a-t-il ajouté.
L'inaction suisse critiquée
Le militant a aussi critiqué "l'inaction totale" du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) qui, selon lui, n'a quasiment rien entrepris pour les aider. À l'inverse, il a salué le soutien de la Turquie, qui a permis leur rapatriement via Istanbul.
"Nous n'avons pas fait le minimum, nous étions très actifs", a répliqué au 19:30 de la RTS la directrice des affaires consulaires du DFAE Marianne Jenni. "Nous avons rappelé aux autorités israéliennes de respecter l'obligation des droits fondamentaux des prisonniers". Elle a une fois de plus souligné la responsabilité individuelle de chacun. "Nous avons prévenu ce groupe que c'est une action dangrereuse".
Au total, 19 ressortissants suisses faisaient partie des plus de 400 militants à bord de 41 navires de la flottille arraisonnée jeudi et vendredi au large de Gaza.
Outre les huit citoyens helvétiques rentrés dimanche par Genève, un autre avait atterri samedi à Zurich. Aux dernières nouvelles, les dix autres ressortissants suisses se trouvent encore au centre de détention de Ktzi'ot, dans le désert du Néguev.
En relative bonne santé
Selon Annie Serrati, porte-parole de l'association Waves of Freedom (WOFA) et présente dimanche à l'aéroport de Genève, l'état de santé de ces dix Suisses serait "relativement bon". Elle a toutefois dit s'inquiéter de leurs conditions de détention, notamment en matière d'hygiène et d'accès à la nourriture et à l'eau potable.
Une équipe de l'ambassade de Suisse à Tel-Aviv s'est rendue dimanche matin pour une deuxième visite au centre de détention de Ktzi'ot. Elle a pu rencontrer et s'entretenir avec les dix ressortissants suisses, qui sont "relativement en bonne santé, compte tenu des circonstances", selon le DFAE.
L'ancien maire de Genève Rémy Pagani figure parmi les Suisses encore incarcérés, confirme le DFAE. Le département précise rester en contact avec les autorités israéliennes et les avocats des détenus, qui sont chargés d'informer les familles. Aucune date sur le retour en Suisse des activistes n'est avancée par les services du conseiller fédéral Ignazio Cassis.
Keystone / ATS