Il n'y aura pas de "gare marchandises" dans le Valais central. Du moins pas à court terme.
Il n'y aura pas de gare marchandises entre St-Léonard et Charrat.
Il n'y aura pas de gare marchandises entre St-Léonard et Charrat. Du moins pas pour l'instant car le fameux "centre logistique du Valais central" n'a tout simplement pas sa raison d'être aujourd'hui.
Ce projet dont les prémisses démarrent en 2013, a été envisagé par le canton dans le cadre du "programme fédéral de développement stratégique de l'infrastructure ferroviaire", baptisé PRODES 2030-35 EA, pour "étapes d'aménagement".
L'idée consistait à trouver une solution pragmatique, notamment pour sortir le trafic marchandises des zones urbaines de manière à libérer, au passage, les terrains occupés aujourd'hui par des quais industriels comme à Martigny, Sion et Sierre.
Dix sites potentiels ont été identifiés. Charrat et Ardon-Vétroz sont rapidement arrivés en tête de file pour des infrastructures à, respectivement, 50 et 38 millions de francs. Une alternative provisoire et moins coûteuse a également été envisagée à Sion, près de l'usine de Chandoline.
Sur le podium des nominés, le projet du Botza, entre Ardon et Vétroz a décroché les faveurs de la cote.
De gros investissements pour une demande insuffisante
Vendredi passé, le couperet est tombé au sein du comité de pilotage : le projet est "au moins reporté". D'abord parce que la demande est insuffisante dans une région où le tissu économique est majoritairement composé de services, explique le chef du Service cantonal de la mobilité, Vincent Pellissier. Sans un besoin avéré, le rapport coûts-avantages est donc tout simplement défavorable. A l'inverse, les deux autres projets déjà dans le pipeline de PRODES à Monthey et Viège garantissent des volumes largement supérieurs.
Dans le Chablais, le site chimique en a la nécessité et le terminal marchandises combiné rail-route, lancé en 2004, est encore à l'enquête. Son coût approximatif devrait atteindre les 90 millions de francs.
Dans le Haut-Valais, avec Lonza et les perspectives de développement de la région sur le triangle Brig-Naters, Viège, Zermatt ont largement suffi à justifier un terminal rail-route. Celui-ci pourra être développé autour du site existant de Bockbart des Matterhorn Gotthard Bahn, en tout quelque 70 millions investis.
Un effet différent pour les villes et les communes concernées
A dire vrai, ce marché du fret insuffisamment rentable au cœur du Valais est une aubaine pour les communes sollicitées, pas franchement séduites à l'idée de consacrer leurs terrains à cette activité.
"C'est vrai qu'au niveau de la consommation de territoire, une vingtaine d'hectares de bonnes terres, la question se pose de savoir si l'on veut les consacrer à quelque chose qui n'a pas de rentabilité", constate Vincent Pellissier. D’où un certain apaisement pour les sites
A l'inverse, les villes auraient ainsi pu compter sur une alternative pour le transport de fret ou de containers. Dans ce cas et dans ce cas seulement, elles auraient pu espérer récupérer les terrains occupés aujourd'hui par des quais industriels.
La loi sur les chemins de fer est limpide : "si on démantèle une voie de chemin de fer industriel dans une gare, on doit trouver une alternative sur un autre territoire. On n'a pas trouvé d'alternatives sur un autre territoire donc les voies existantes restent" conclut Vincent Pellissier.
Le projet de "centre logistique du Valais central" passe au frigo pour au moins deux ans, avant, peut-être de réintégrer le prochain programme PRODES 2040-45.