Gel : les arboriculteurs valaisans sont en alerte
Les températures négatives annoncées pourraient recouvrir le canton de gel ces prochaines nuits. Les abricotiers sont particulièrement menacés. Si les arboriculteurs sont mieux préparés que par le passé, les moyens de lutte restent les mêmes.

Les arboriculteurs valaisans sont sur le pied de guerre. Les températures pourraient atteindre -4 degrés en plaine ce week-end. Actuellement en floraison, les abricotiers sont les arbres les plus menacés. À ce stade de développement, leur seuil de sensibilité au gel se situe à -2,2 degrés. Une température de -3 degrés pourrait causer une perte de 10% de la récolte.
Les producteurs craignent que l’épisode de gel d’avril 2017 se reproduise. Le montant total des dégâts sur l’arboriculture valaisanne s’était élevés à environ vingt millions de francs.
L’eau ou la bougie ?
Du côté de l’Etat du Valais, on estime que les arboriculteurs sont aujourd’hui mieux préparés à affronter une vague de gel. « Il n’y a pas vraiment de nouveaux moyens de lutte qui sont arrivés sur le marché. En revanche, la plupart des producteurs sont maintenant équipés d’appareils d’alerte, qui sont placés dans certaines parcelles. Ces méthodes d’avertissement permettent d’affiner les prédictions », raconte Sven Knieling, responsable du secteur technique et production à l’Office cantonal d’arboriculture et cultures maraîchères.
Pour lutter contre le gel, les producteurs ont le plus souvent le choix entre l’aspersion d’eau et les bougies. Ces deux méthodes ont chacune des avantages et des inconvénients. L’eau provoque un lessivage du pollen lorsque les arbres sont en fleur et alourdi les branches lorsqu’elle se transforme en glace. La bougie permet d’éviter ces phénomènes. Cependant, elle est onéreuse et la paraffine qu’elle utilise cause de la pollution.
L’incertitude règne
Une chose est certaine : il est difficile de prédire quelles zones du canton seront les plus touchées par le gel. « Historiquement, on sait qu’il y a des zones plus gélives que d’autres. Mais on ne peut pas maîtriser tous les paramètres. Il suffit qu’à un endroit le ciel se couvre ou que des courants se lèvent. Par exemple, du côté de Martigny, les courants peuvent venir du Trient, du Bas-Valais ou du Val de Bagnes. Ils peuvent être bénéfiques aux producteurs de l’endroit. Au niveau climatique, toutes les régions ne luttent pas avec les mêmes armes », explique Sven Knieling.
La région de Martigny est donc habituellement moins touchée que d’autres, mais la situation pourrait s’inverser ce week-end. Bernard Lucciarini possède des vergers aux abords de la cité octodurienne et ne produit que des abricots. Il se montre plutôt pessimiste pour ces prochains jours. « Au niveau des conditions de gel, je pense que ce sera l’une des pires années. Ça va être très compliqué de définir une stratégie de lutte. Les fleurs ont déjà reçu beaucoup d’eau. On ne sait pas si les abeilles ont fait leur travail de pollinisation. Il y a beaucoup de points d’interrogation », nous confie le propriétaire du Domaine du Courvieux, qui ne sait pas encore quel moyen de lutte il utilisera ce week-end.