Enterrer son proche dans la solitude : l'impossible deuil au temps du coronavirus
Un enterrement dans une église vide : le confinement imposé pour lutter contre le coronavirus impacte nos vies.

Un enterrement dans une église vide : le confinement imposé pour lutter contre le coronavirus impacte nos vies. Dire adieu à son proche dans la solitude, nous devons tous nous y habituer.
Comment vivre un enterrement en cette période de confinement, où les réunions de plus de 5 personnes sont strictement interdites ? Vivre cette douloureuse cérémonie dans une église vide, c'est à quoi sont confrontés de plus en plus de Valaisans. De nombreuses personnes, simples citoyens ou hommes d'église, tentent de surmonter cette épreuve. «Oui bien sûr, nous avons de nombreuses interpellations, des questions, des retours de prêtres, de paroissiens qui doivent vivre avec ces mesures», déclare Pierre-Yves Maillard, vicaire général du Diocèse de Sion. «Lors d’un deuil, avec la douleur de la sépulture s’ajoute désormais la douleur de ne pas pouvoir être tous ensemble, pouvoir témoigner de la compassion, de s’embrasser. Il faut vivre avec ça. Il faut trouver d’autres langages, de nouvelles façon de dire qu’on est proche des gens, qu’on les aime».
Un couple de retraités, mort du coronavirus à 48 heures d’intervalle
Il y a eu une scène marquante. Celle de ce couple de retraités Valaisans, originaires du centre du canton. Décédés du coronavirus à moins de 48 heures d’intervalle. Leur cérémonie d’adieu a eu lieu en même temps. «J’ai été en contact avec le prêtre qui a célébré ces funérailles», poursuite Pierre-Yves Maillard, le vicaire général du Diocèse de Sion. «Sans révéler des choses de la sphère privée, je crois qu’ils ont fait le choix de convier les proches à une prochaine célébration, qui pourra être faite, «au retours des beaux jours», selon la formule dans le faire-part». Pierre-Yves Maillard, le reconnait, fataliste : «Il faut vivre autrement pendant quelques temps. Il faut maintenir et nourrir une communion spirituelle à distance, c’est indispensable en ces temps difficiles».
Lors de l’enterrement, seule la proche famille tolérée
Calixte Dubosson, curé de la paroisse de Vernayaz, a célébré deux obsèques depuis les nouvelles mesures. Aucun cas de Covid-19 dans ces disparations, mais des deuils qui arrivent dans une période troublée, confie-t-il. «On ne fait pas de messe, on fait une célébration, une petite cérémonie. Tout doit être fait dans la famille proche. Cela comprend les parents, les frères et soeurs et les enfants. On ne peut pas accepter les cousins, tantes et oncles... Sinon il y a trop de monde». Vivre à la foi un deuil et un confinement : «Oui c’est très dur pour les familles, reprend Calixte Dubosson. Pour le dernier enterrement, la cérémonie se déroule dans la crypte. Certains proches sont restés à l’extérieur, durant les 20 minutes de la cérémonie. Mais je tiens à dire que l’on s’est promis de se retrouver, quand les beaux temps seront là, pour une vraie célébration». Une sorte de messe de septième ? «Oui exactement. Une messe de trentième, de centième, on verra», répond Calixte Dubosson. Durant les cérémonies, le curé Calixte Dubosson n’a pas eu besoin de faire respecter les consignes, pas de rapprochement interdit. «Non, c’était très digne, très respectueux des consignes. Ils sont restés à distance pour dire adieu à leur défunt».
Ci-dessous, les interviews à écouter