En Valais, une montagne portant le nom d'un scientifique ouvertement raciste suscite la polémique
Faut-il débaptiser le "pic Agassiz" ?

Faut-il débaptiser le "pic Agassiz" ? C’est la conviction de l’ancien conseiller d’Etat Thomas Burgener.
Le pic Agassiz est une montagne située en partie dans le Haut-Valais, à la frontière bernoise. Elle tire son nom de Louis Agassiz (Môtier 1807, Cambridge 1873), célèbre scientifique suisse du XIXe siècle, connu pour ses nombreuses recherches sur les glaciers... Mais connu également pour ses pensées ouvertement racistes, prônant l’infériorité de la race noire.
A Neuchâtel, les autorités ont récemment décidé de débaptiser un Espace portant son nom. Thomas Burgener, également membre de la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (LICRA Valais), veut saisir la balle au bond et demande aux autorités politiques d’agir, car "il faut sortir ce tas noir de nos montagnes blanches (...) C'est inadmissible qu'une de nos montagnes porte ce nom. Il faut se positionner contre cela". Thomas Burgener poursuit : "S'il y a des démarches au niveau politique pour faire avancer les choses, soit au niveau communal, soit au niveau cantonal, je pourrais les soutenir."
Mais pour l'historien et analyste politique Philippe Bender, l’idée de revisiter l’Histoire avec une morale contemporaine est un non-sens. "Il ne faut pas mettre le doigt dans l'engrenage. Sinon on peut débaptiser nombre de places ! Tous les grands personnages historiques ont un passé sombre. Il faut comprendre les hommes d'une certaine époque, essayer de comprendre d'où on vient, et non pas juger... L'histoire n'est pas un tribunal. Ici, il est question du géologue Louis Agassiz, c'est le scientifique qui est mis en avant. Le racisme du personnage n'est, par ailleurs, aucunement nié".
Après Neuchâtel, c'est donc au Valais d'entrer dans la polémique. Et elle ne date pas d’hier. En 2007 déjà, lors du bicentenaire de la naissance d’Agassiz, des voix demandaient de débaptiser le "pic Agassiz". Les années suivantes, le gouvernement valaisan avait été interpellé par deux fois au Grand Conseil, en vain.
Onze ans plus tard, Neuchâtel a fait un choix. Que va faire le Valais ? Affaire à suivre.